Nice-Matin (Cannes)

La justice annule son permis, le chauffard reprend le volant dès le lendemain à La Seyne

- E.M.

C’est un prévenu en larmes qui a comparu devant le tribunal correction­nel de Toulon. « J’ai perdu ma femme, mon travail… Je suis perdu. » Même le procureur, requérant une détention à domicile, a convenu que « sa place n’est pas en détention vu son état psychologi­que ».

Le 1er septembre, ce trentenair­e a été interpellé au volant d’une voiture, à La Seyne, alors que son permis de conduire avait été annulé la veille lors d’un procès pour une série de délits routiers (lui valant aussi un an de prison avec sursis probatoire).

Pourquoi avoir repris le volant si rapidement ? « Ça fait dix ans que mon père est décédé, je voulais voir mon ami, j’ai besoin d’aide » ,asangloté le jeune homme en polo rose. « Je suis vraiment désolé. » Et la présidente Clémence Heinemann de lui tendre un mouchoir.

Son avocat Me Morgan Daudé-maginot a décrit « une forme de suicide social ». Le casier judiciaire de son client fait état de dix-huit condamnati­ons. Essentiell­ement pour des délits de la route : alcool, défaut d’assurance, délit de fuite après un accident, etc.

« Son père s’est suicidé, nous ne sommes pas tous égaux en matière de résilience… », a insisté son défenseur. « Soit l’institutio­n l’aide à se sauver, soit on va vers un drame. La prison est un monde de loups où les agneaux comme lui se font bouffer… » Sauf que les antécédent­s judiciaire­s du multirécid­iviste, déjà soumis à une obligation de soins, n’ont pas permis au tribunal d’envisager autre chose que la prison ferme. Il a été incarcéré dès l’issue de l’audience, condamné à six mois de détention.

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