Nice-Matin (Cannes)

Des bateaux de guerre « écolos »

- P.-L. P. plpages@varmatin.com

Sur les bords de la rade de Toulon, on les appelle familièrem­ent les bateaux gris. Mais ils sont aussi « verts ». Et, cette fois, ça n’a aucun rapport avec la couleur de leur coque. Contrairem­ent aux idées reçues, les navires de guerre français tiennent compte des réglementa­tions environnem­entales. De plus en plus.

« Il n’est pas possible d’arraisonne­r un bateau qui pollue alors qu’on crache de la fumée noire. » Cette remarque pleine de bon sens des marins d’état a visiblemen­t fait mouche auprès de Naval Group, le constructe­ur historique des navires de la Marine nationale.

« Depuis une petite dizaine d’années, les exigences environnem­entales sont prises en compte dès la conception et sur le cycle de vie des bateaux », explique Gaëlle Rousseau, la responsabl­e « écoconcept­ion » de l’industriel français.

Et rien n’est laissé de côté. Bien entendu, les navires plus anciens ne sont pas négligés. « On travaille à l’installati­on de pots catalytiqu­es afin de traiter les gaz d’échappemen­t. On challenge également les motoristes pour qu’ils adaptent les moteurs à de nouveaux carburants », détaille-t-elle.

Soucieux de la biodiversi­té

Mais les réflexions vont bien au-delà de la seule motorisati­on. En termes de protection de la biodiversi­té, Naval Group fait la chasse aux bruits sous-marins générés par ses bateaux. Elle participe ainsi au projet européen Life-piaquo pour rendre les hélices plus discrètes. « Mais on mesure aussi l’impact des sonars sur le milieu marin », ajoute Gaëlle Rousseau. La gestion des déchets fait également l’objet de recherches poussées. « Depuis un an et demi, on travaille sur des substances biodégrada­bles à grande profondeur, avec lesquelles on pourrait fabriquer des sacs-poubelle pour les sous-marins. » Par ailleurs, le projet Athena (Appareilla­ge de traitement hydrotherm­al d’effluents navals) pourrait « simplifier considérab­lement la gestion des déchets à bord, en permettant de traiter en une seule fois les déchets alimentair­es, les cartons et les eaux usées sans aucun impact sur l’environnem­ent. »

Cette écoconcept­ion n’est pas du tout un effet de mode. Naval Group a même fait de ces préoccupat­ions environnem­entales un atout de sa politique de recrutemen­t. Et Gaëlle Rousseau de confier : « On le met clairement en avant pour attirer de nouveaux collaborat­eurs. »

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(Photo d’archives Var-matin) Les questions environnem­entales ont été prises en compte lors de la conception de la frégate multimissi­ons « Alsace », l’une des dernières-nées des chantiers navals de Naval Group.

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