Ancien hôtel des Parfums : où en est le projet ?
L’établissement quatre étoiles qui doit s’installer en lieu et place du site fermé depuis 2013 tarde à sortir de terre. Quelles raisons à ce retard ? Et quelles conséquences pour la ville ?
Vers l’apparition d’un serpentdemer,undeplus? Privé de toute activité – du moins hôtelière, puisqu’il a été régulièrement squatté – depuis 2013, l’ancien hôtel des Parfums demeure dans l’expectative. En 2017, pourtant, un projet [lire plus loin] a vu le jour : en confiant la conception à Jean-michel Wilmotte, architecte du Martelly voisin, le groupe Progéréal entendait relancer l’activité. En septembre de la même année, les élus du conseil municipal validaient la déconstruction du bâtiment pour laisser place à un établissement quatre étoiles. Quatre ans sont passés et, vu de l’extérieur, rien n’a véritablement changé sur le boulevard Eugènecharabot. On vous explique pourquoi.
Deux recours encore actifs
Comme très souvent à Grasse, quand le mot projet est prononcé, recours arrive pas loin derrière. Trois ont ainsi été déposés contre les deux permis de construire. On vous épargne les péripéties judiciaires : un a été débouté pour défaut d’intérêt à agir : il en reste deux en cours d’instruction.
« Sur le premier permis, on disait que le bâtiment était trop haut ; on l’a descendu de 9 mètres [pour arriver, environ à 15 mètres, entre un demi et un étage plus haut que l’existant], rembobine le maire, Jérôme Viaud. Ensuite, qu’il était trop grand. Nous sommes en discussion avec ces particuliers. Il faut savoir, par ailleurs, que les 23 copropriétaires sont tous d’accord pour vendre. »
Un besoin hôtelier criant
S’ils ne sont pas suspensifs, ces recours bloquent néanmoins l’avancé du chantier. «Ilyaune problématique financière, avance Alexis Paget, directeur de Progéréal. Les partenaires bancaires attendent une validation définitive. » Logique.
Il (r) assure, cependant : « Alors que les projets hôteliers ont du mal à sortir en post Covid, nous restons déterminés. Le nettoyage et le curage du bâtiment ont été menés. Comme les études pour la protection de la source de la Foux, qui passe dessous. Nous remettrons ces prochains jours le dossier récapitulatif. Plusieurs enseignes internationales [Marriott, Hilton, Accor, Intercontinental] sont intéressées. » Et la Ville, qui souffre d’un manque évident de capacité hôtelière, à plus forte raison. « Il est capital de fixer les visiteurs dans la commune, martèle Jérôme Viaud. On performe au niveau du tourisme, nous avons eu un été digne d’avant la Covid et, je le dis clairement, on a besoin d’offrir du haut de gamme. »
Alexis Paget évoque, lui, une proposition « intermédiaire » entre le Best Western (62 chambres) et La Bastide Saint-antoine de Jacques Chibois (16 chambres). Quoi qu’il en soit, niveau quantité, « c’est insuffisant pour une ville de 55 000 habitants », conclut le premier magistrat.
Coupe du Monde de rugby : Grasse hors jeu
Qui s’agace franchement : «Les acteurs économiques attendent, eux aussi, cette solution hôtelière. Ce bâtiment est à 10 m de LVMH et Dior : ils ont besoin d’accueillir leur clientèle, leurs influenceurs, leurs égéries. Ces gens, comme les autres clients, vont sortir dans le coeur de ville, faire vivre l’économie locale [un chiffre de 1,7M€ de retombées annuelles a été avancé lors de l’audience du 18 février 2021, devant la cour d’appel de Marseille]. Là, ils sont logés à Cannes, à Mougins. Ce n’est plus possible. »
En attendant les audiences, il faudra prendre son mal en patience. En regardant passer le train de la Coupe du Monde de rugby... Grasse faisait, en effet, partie des huit sites de la région candidats pour héberger une sélection lors de la compétition qui se disputera en France (8 septembre 28 octobre 2023). Déjà outsider, la cité des parfums avait un impératif : présenter une offre hôtelière adéquate. Autant dire que là... « On a déjà perdu neuf mois avec le premier recours, on ne tiendra pas le délai », souffle Jérôme Viaud.
« Raisonnablement, ce sera pour début »
Le directeur de Progéréal enfonce le clou : « On a perdu la candidature. On avait commencé à discuter avec l’organisateur pour savoir comment disposer la salle de soins, de fitness. On avait proposé le rooftop pour les conférences de presse. »
Pour le rugby, c’est mort. Quid de l’ouverture du site ? « L’’instruction est ouverte mais, pour l’audience, ça peut prendre un an » annonce Alexis Paget. Ce qui fait bondir Jérôme Viaud : « Je vais saisir la présidente du tribunal administratif de Nice. Pas pour me mêler du fond mais pour que ce soit tranché en urgence. Car tout ça bloque un projet structurant. » Pour rassurer le maire, Progéréal promet que, recours ou pas, «le bâtiment sera acheté d’ici la fin de l’année. À compter du début de la démolition, ce sera deux ans de travaux. On aimerait que ce soit avant mais, raisonnablement, on table sur une ouverture début 2024. »