Nice-Matin (Cannes)

Toulon :  ans de réclusion pour avoir tenté de tuer son ex-conjointe

- 1. Le prénom a été modifié. V. W.

«Jenepensep­as…» La réponse de Mohamed Meghraoui-labbadi à la question du président Patrick Véron de savoir s’il serait capable, à l’issue de sa peine, de s’en prendre une nouvelle fois à Aurélie(1) fait froid dans le dos. Tout comme l’attitude fuyante de l’accusé lors des deux jours de débats, elle a sans doute eu un poids non négligeabl­e dans la décision des jurés de le condamner, hier, à 25 ans de réclusion criminelle pour tentative d’assassinat. Dans son verdict, la cour d’assises du Var n’a pas retenu l’altération du discerneme­nt, toutefois relevée par les experts psychiatre­s dans l’ordonnance de mise en accusation. L’aide-soignant de 45 ans, au casier judiciaire vierge jusque-là, a également été condamné à cinq ans de suivi socio-judiciaire post-carcéral et se voit retirer son autorité parentale.

Délire paranoïaqu­e

Son « délire paranoïaqu­e » avait pourtant été pris en compte par l’avocate générale lors de ses réquisitio­ns. Elle réclamait à l’issue de sa démonstrat­ion une peine de 20 à 25 ans. « Le contrôle de ses actes était entravé, et même s’il n’a jamais perdu le contrôle avec la réalité, il faut en tenir compte » a-telle averti. Les jurés ont retenu la fourchette haute, voyant dans les 59 coups de couteau asséné à Aurélie le 13 décembre 2018, sur le parking de l’école maternelle des Oeillets à Toulon et sous les yeux de leur fils de trois, le paroxysme d’un iter criminis plus qu’un coup de folie.

« Volonté résolue de mort »

« Il y a eu une volonté résolue de mort, est persuadé le ministère public. Avant de lever soixante fois le couteau, Mohamed Meghraoui-labbadi savait qu’il allait s’en prendre à elle. L’intention homicide se déduit de ses actes. » Et notamment des zones vitales visées avec le couteau de cuisine. Au coup, au thorax, au ventre… « C’est seulement la deuxième fois de ma carrière que je vois quelqu’un survivre à de telles blessures, avouera le médecin légiste à la barre. En coagulant, son sang a formé un caillot au niveau du trou dans le coeur. Cela lui a sauvé la vie. » Face à « une miraculée » et un client mutique quand il n’est pas inquiétant, Me Bertrand Pin a tenté de dresser le portrait d’un homme « aux trous béants dans ses fondations, abandonné d’abord par ses parents, puis par celle qu’il aimait. » Un « bon papa », « abattu et désemparé » de voir son ex-conjointe vouloir vivre « une vie amoureuse sans lui ». Mais un être aussi capable « de faits détestable­s, en lien avec sa pathologie psychiatri­que ». « Non, il n’y avait pas de plan machiavéli­que ce jour-là, estime-til. Je suis sûr qu’il ne se serait pas rendu à l’école si Aurélie avait répondu au premier appel de la directrice l’avertissan­t que son fils était malade. »

L’aurait-il poignardé un autre jour ? « Je ne pense pas… »

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(Croquis d’audience Rémi Kerfridin) Les jurés n’ont pas retenu chez Mohamed Meghraoui-labbadi une altération du discerneme­nt au moment des faits.

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