Nice-Matin (Cannes)

Zemmour à Toulon :«Je suis candidat… au débat »

Pour son premier meeting de non-campagne, hier soir au Palais Neptune, le polémiste a décliné ses thèmes de prédilecti­on devant huit cents personnes totalement acquises à sa cause.

- LIONEL PAOLI lpaoli@nicematin.fr

Bras levés, radieux, sous les vivats. Éric Zemmour a fait une entrée triomphale, hier soir à Toulon, scruté par plus de 800 paires de regards.

Pas exactement l’accueil que l’on réserve habituelle­ment aux essayistes et romanciers dans un festival littéraire. Pour son premier meeting de non-campagne électorale, au lendemain de la sortie de son livre (1), le polémiste n’a cessé de jouer au chat et à la souris avec ses supporters. «Jesuis candidat… au débat », glisse-t-il en clignant de l’oeil.

Verbe acéré, la star de Cnews dégaine la sulfateuse dès l’entame de son interventi­on. Première cible : le Conseil supérieur de l’audiovisue­l (CSA) qui a décidé de « décompter son temps de parole » en le considéran­t comme un intervenan­t politique.

« Il y a une part d’ingénuité en moi »

« Je ne voulais pas y croire, soupire l’intéressé. Il y a une part d’ingénuité en moi. Déjà, en juin, le patron du CSA voulait me cataloguer comme un parti politique à moi tout seul. On lui a dit que c’était illégal. Les vacances sont passées. Eh bien, ils ont trouvé un moyen. » L’assistance s’indigne bruyamment. Comme s’il était effectivem­ent illogique qu’un homme public qui s’entoure d’un staff de campagne, s’efforce de collecter les 500 signatures nécessaire­s pour se présenter, dispose d’une formation militante habilitée à recevoir des dons et autorise des

(2) affiches « Zemmour Président » sur tous les murs de France, soit considéré comme un acteur politique.

« Une guerre menée par des minorités »

Il tacle ensuite les « soi-disant comiques de France Inter, qui sont en fait des agents de contrôle politique », puis les journalist­es du magazine Elle, « militantes d’un féminisme indifféren­cié ».

Dénonçant un climat de « terreur » obligeant le « Français moyen » à vivre sous la menace d’une « guillotine médiatique », Zemmour s’indigne : « On veut nous faire croire que l’homme hétérosexu­el blanc est un criminel de guerre ! Notre époque, c’est cela : une guerre menée par des minorités qui veulent nous abattre. »

Pour ceux qui n’auraient pas compris, il y revient un peu plus tard : « Il s’agit d’une guerre de civilisati­on entre l’islam et l’occident chrétien. Cette guerre est menée sur notre sol, où nous avons déjà des enclaves étrangères. Oui, nous avons des territoire­s conquis par l’islam, arrachés à la France ! »

L’orateur suscite des sourires complices en affirmant qu’il y a « toujours eu, dans notre pays, un lien entre le journalism­e, la littératur­e et la politique ».

Il se laisse aller à une confidence, évoquant son métier au passé : « Journalist­e, je n’avais cure de l’informatio­n. » Puis, goguenard, il plastronne : « Il a suffi d’une rumeur sur ma candidatur­e pour qu’aussitôt, les responsabl­es des partis parlent comme moi. Parfois, j’ai envie de leur dire de mettre des guillemets lorsqu’ils me citent. »

« Vous l’avez eu, je ne vous dirai pas où… »

L’annulation du « contrat du siècle » avec l’australie lui arrache un cri du coeur : « Vous avez voulu Joe Biden, vous l’avez eu ! Par politesse, je ne vous dirai pas où… » Vers 21 heures, une main se dresse dans la salle. Un sexagénair­e promet de glisser un bulletin Zemmour dans l’urne s’il s’engage, notamment, à juguler l’immigratio­n. Sourire en coin et réponse sibylline : « Je crois que vous allez être obligé de voter pour moi ! »

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