Nice-Matin (Cannes)

Deux milles ouvrages d’art uniques à surveiller

L’équipe d’ouvrages d’art s’occupe des ponts, viaducs, tunnels, talus et autres murs de soutènemen­t. Des chantiers techniques et spécifique­s à chaque type d’ouvrage

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O «n fait partie des métiers de l’ombre ! 0n ne nous voit pratiquemm­ent jamais travailler sur l’autoroute, on est soit au-dessous, soit en dessous », plaisante Damien Hengeveld, responsabl­e des Ouvrages d’art au sein du Pôle Ingénierie. Son équipe surveille et maintient en état les deux mille ouvrages d’art du réseau Escota. « C’est un challenge assez énorme », reconnaît-il.

Les ouvrages d’art sont ces constructi­ons permettant de franchir le relief (ponts, viaducs, tunnels) et ou de protéger l’autoroute contre l’action de la terre ou de l’eau (murs, talus, buses hydrauliqu­es...). Ils sont qualifiés « d’art » parce que leur conception et leur réalisatio­n font intervenir des connaissan­ces et expertises d’ingénierie bien spécifique­s.

Un terrain de jeu fabuleux pour les ingénieurs

Cela est particuliè­rement vrai sur le réseau Escota. Car l’a8 est non seulement une des autoroutes les plus fréquentée­s de France mais c’est aussi une des plus anciennes. Avec son environnem­ent bien particulie­r entre mer et montagnes, elle a été le laboratoir­e des ingénieurs. « Et elle a fait le bonheur des architecte­s de l’époque, sourit Damien Hengeveld. C’était un terrain de jeu fabuleux avec des vallons très prononcés, une géotechniq­ue très particuliè­re avec une nature de sols qui change en quelques mètres : du rocher, des éboulis, des anciens marécages... Du coup, ils ont tout testé ! D’ailleurs, si vous faites attention, vous verrez qu’il n’y a pas deux ponts identiques... » Contrairem­ent aux autoroutes modernes où la réalisatio­n des ouvrages a été standardis­ée

Damien Hengeveld est à la tête d’une équipe toute nouvelle puisqu’à l’exception d’un collaborat­eur, tous sont arrivés il y a moins de deux ans.

Lui-même est en poste depuis janvier  seulement. Auparavant, il était directeur de travaux à VINCI Constructi­on. « Je suis le seul sans expérience d’ingénierie mais j’apporte ma avec les mêmes architectu­res et garde-corps. Cette particular­ité complexifi­e ainsi la mission des équipes. « Comme nos ouvrages sont quasiment tous uniques, on doit en permanence chercher des solutions innovantes pour prendre soin d’eux. Il faut se creuser les méninges, consulter des experts et des bureaux d’études, adapter des protocoles et inventer de nouvelles solutions. C’est un travail conséquent mais passionnan­t ! »

Une centaine d’affaires suivies par an

Un travail complexe qui prend du temps. « On suit une centaine d’affaires par an, à différents stades : investigat­ions, vision des travaux et il y a une vraie complément­arité entre nous. » Et le responsabl­e ne tarit pas d’éloge sur cette profession méconnue. « C’est un métier touche à tout avec de la gestion de projet, beaucoup d’interactio­ns mais aussi de l’expertise et de la technicité. Il faut savoir diriger, endosser des responsabi­lités, s’intéresser à l’environnem­ent, la sécurité, les procédures, l’aspect financier... Être pilote d’affaire, c’est savoir tout faire ! »

Recherche conductric­e d’opération

avant-projet, études, consultati­ons, chantiers... » Et chaque phase peut prendre du temps. « On regarde les meilleures solutions techniques, celles qui ont le moins d’impacts environnem­entaux, on consulte de nombreux experts et interlocut­eurs et partenaire­s. »

Sans compter que les interventi­ons doivent résister à l’usure du temps sur plusieurs dizaines d’années. « On prend donc en compte des projection­s climatique­s en imaginant toujours le pire scénario pour que la sécurité soit maximale. »Les chantiers courants sont ainsi anticipés sur deux, trois voire quatre années. d’envergure sur un mur de soutènemen­t de l’autoroute de contournem­ent de Nice. Un mur en terre armée de  mètres de haut qu’il faut renforcer avec une centaine de clous de  mètres de long et un parement de béton armé. Des travaux techniquem­ent complexes et des conditions d’accès compliquée­s. Une vingtaine de personnes s’y sont ainsi succédé de jour comme de nuit en juin. Une plateforme suspendue y a été aménagée pour permettre aux ouvriers de travailler (notre photo). La deuxième phase débutera courant  et trois chantiers de conforteme­nt sont menés sur cette portion.

Recrutemen­t en cours

Si une telle aventure vous tente, l’équipe est en phase de recrutemen­t. Il suffit d’avoir de l’expérience en maîtrise d’ouvrage ou maîtrise d’oeuvre et conduite de travaux et envie de vivre un sacré challenge !

Les accidents de l’autoroute sont traités en urgence par les équipes d’exploitati­on. Lorsque ceux-ci le jugent nécessaire, ils font appel aux équipes de la Maîtrise d’ouvrage.

«On est averti au moindre doute sur un ouvrage. Nous dépêchons un inspecteur expert dans les  à  heures et nous jugeons s’il faut intervenir immédiatem­ent, programmer une surveillan­ce ou une future interventi­on. » Par exemple, des résultante­s des intempérie­s de  sont encore traitées cette année. Il s’agit de berges abîmées où de certains talus à renforcer. contrario, à la suite de la tempête Alex, les piliers du viaduc de Saint-laurent-duvar ont été inspectés lors d’opérations subaquatiq­ues cet été car il fallait attendre que le lit du fleuve soit bas. A la suite des inspection­s, les parties endommagée­s par les embâcles l’année dernière on fait l’objet de travaux de conforteme­nt.

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 ?? (Photos VINCI Autoroutes/a. Tendero et J. Bros et E. Ottino) ?? Encordage pour la réfection du talus de La Gironde à hauteur de Menton.
(Photos VINCI Autoroutes/a. Tendero et J. Bros et E. Ottino) Encordage pour la réfection du talus de La Gironde à hauteur de Menton.
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Parmi ces deux conductric­es d’opération, Sylvie Faure mène, notamment, un chantier
Damien Hengeveld déplore toutefois le manque de femmes. « Dans mon précédent service, la parité était respectée ; là, il n’y a que deux femmes pour huit hommes. C’est dommage car elles sont souvent d’excellente­s cheffes de projet. » Parmi ces deux conductric­es d’opération, Sylvie Faure mène, notamment, un chantier
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Damien HENGEVELD
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