Eric Zemmour fait son tour de chauffe
Le polémiste était hier soir au palais Acropolis à Nice, pour une « rencontre avec ses lecteurs » qui ressemblait à s’y méprendre à un meeting politique face à 1 000 personnes.
Je ne viens ni chanter, ni danser, ce serait une catastrophe », lance Éric Zemmour en arrivant sous les hourras, salle des muses au palais Acropolis à Nice. Envolés les agacements de ses fans, furax d’avoir patienté plus d’une heure celui qui ménage le suspense sur sa participation à l’élection présidentielle mais qu’ils ovationnent pourtant, comme la veille à Toulon (nos éditions d’hier) au cri de « Zemmour président ». L’essayiste se gausse : « Ne vous emballez pas, ce n’est pas ce soir que je vais le dire. »
« Nice, massacrée par un camion islamique »
Au mur, grand écran, fond blanc, lettres bleues et rouges. Et le Z de Zemmour... façon Z de Zorro. «Il n’y a que lui pour sauver la France, rétablir la peine de mort et stopper l’arrivée massive des étrangers », s’agite un jeune en ajustant son béret d’une main, téléphone tendu en mode vidéo dans l’autre. La salle craque de 1 000 personnes. Et dehors, certains doivent même patienter pour rentrer... Ils n’entendront pas le polémiste déclarer son amour pour Nice : « Une ville à la beauté italienne, tellement française pourtant », « une ville de résistance en 1944, une ville qui a accueilli les pieds-noirs en 1962 et c’est là qu’elle a connu son essor et son développement économique. Tout le monde l’a oublié ». Tout le monde, mais pas une bonne partie de la salle, qui couvre sa voix par des applaudissements en guise d’approbation. « Nice poursuit-il, c’est son carnaval, c’est la fête ». Mais, Nice, c’est aussi, souffle Zemmour, cette ville « endeuillée, massacrée par un camion islamique, par un djihadiste en 2016. Et comme si ça ne suffisait pas, quatre ans plus tard, 3 morts à la basilique ».
Allusion au titre de son dernier livre, qu’il est venu dédicacer hier soir, il conclut : « Nice n’a pas dit son dernier mot ».
« La France reste la France »
Parce qu’ensuite, c’est de politique dont il veut parler et « pas de politicaillerie ». Pour lui, « la politique, c’est tout faire pour que la France reste la France ». Quelques gros coups de griffes sur « la gauche qui n’aime la démocratie que lorsque le peuple vote comme elle ». D’autres sur les politiques en tous genres « qui le caricaturent ». Zemmour se moque : «Ilsontdes éléments de langage écrits par des communicants, et comme ils ont tous les mêmes communicants ils ont tous les mêmes éléments de langage ». Haro ensuite sur les journalistes, couplet Caliméro. Ces journalistes qui disent de lui qu’il a deux obsessions : « l’islam et l’immigration » .Ces journalistes qui disent aussi de lui qu’il ne parle que des prénoms « étrangers » et qui, quand il n’en parle pas, lui poseraient inlassablement la question...
Là, Zemmour en parlera pourtant spontanément : « Toutes les vagues d’immigration ont adopté des prénoms français pour leurs enfants. Les musulmans, en 10 ans, ne l’ont pas fait, c’est donc euxmêmes qui avouent avoir renoncé à l’assimilation. »
Et puis, enfin, quelques mots sur l’économie pour appuyer sur « le déclin de la France » : « En 1980, le PIB français était un peu supérieur à celui des États-unis et de l’allemagne, aujourd’hui, il est 15 % inférieur à celui de l’allemagne et 40 % inférieur à celui des États-unis » (1), dit-il, avant de passer à la signature de son livre. 1. En réalité, en 1980, le PIB français était d’environ700milliardsdedollarscontreenviron 2 860 pour les Etats-unis, soit 4 fois plus faible. En 2020, il était d’environ 2600 milliards de dollars en France contre environ 20 940 aux Etats-unis,soit8foisplusfaible.lescomparaisons avecl’allemagnesontpluscompliquées,cepays n’étant, en 1980, pas encore réunifié.