Pour l’église de Marie, l’obole des Marie du pays
C’était en 2018. Le maire de Marie, village médiéval de la vallée de la Tinée, s’échinait à trouver une solution, donc des fonds, pour la restauration de son église. Charmant édicule de style roman érigé il y a environ cinq cents ans et dédié à saint Pons. Mais un petit monument en souffrance, les ravages du temps aggravés par un incendie et par des infiltrations.
200 000 euros de travaux. Plus que le budget annuel de cette commune de 107 habitants. Les Mariols, soit dit en passant.
Urbi et orbi
Et cette idée du maire, Gérard Steppel, de lancer une souscription auprès de toutes les Marie de France. Illumination ! Une marée d’appels en mairie et de chèques au courrier. Coup de génie pour ce communicant du fisc, plus féru de lien social que de chiffres. Qui, pour ne pas hypothéquer la sérénité financière de ses administrés, a tendu la sébile. Un voeu pieux ? Non, une mobilisation urbi et orbi. Des Marie de Tchéquie, du Panama et du Brésil ont versé leur écot. « Une belle aventure humaine. Et mon plus beau souvenir d’élu », conclut l’édile. Qui reçoit encore des oboles, alors que plus de 1 300 participations ont déjà permis de collecter 70 000 euros.
Une petite Marie a cassé sa tirelire pour offrir quelques euros. Une autre, de quelques décennies son aînée, a puisé dans sa modeste pension. Et même des anticléricaux, amusés, et surtout énormément d’inconnus qui, depuis, sont venus. Gérard Steppel a souvent fait visiter l’église à des contributeurs attendris. Tout a été refait. Toiture, zinguerie, enduits, fresques, pavement, électricité et plomberie. Les subsides qui n’allaient pas directement à la Fondation du patrimoine arrivaient dans la musette du facteur. Des centaines de lettres que le maire de Marie conserve précieusement, avec l’idée de les rassembler dans une urne, façon reliquaire. À défaut de les afficher dans la nef, comme autant de petits ex-voto.
Pillage
Ce petit miracle a pris un temps fou. « Quand on veut vraiment, on ne compte pas », martèle Gérard Steppel qui, en retour, a passé des centaines de coup de fil pour remercier, échanger. L’intérêt décuplé autour de la petite église Saint-pons est sa récompense. Mais le pillage, un tribut imprévu. Les portes ne sont ouvertes que sur demande, Journées du patrimoine ou non. « Sans quoi, on nous vole des bibelots, c’est l’horreur. » Une statue en bois d’olivier est à l’abri des bandits. « Notre Vierge Marie pèse 450 kg. Au moins, on ne risque pas de nous la piquer. »