Nice-Matin (Cannes)

Marée orange pour défendre la chasse et la ruralité

Plus de 40 000 personnes ont manifesté hier à Mont-de-marsan, Redon, Amiens, Caen et Forcalquie­r, notamment en faveur des chasses traditionn­elles, mais pas seulement.

- 1. En août, le Conseil d’état a jugé plusieurs techniques de chasse avec des filets (pantes, tenderies) ou des cages (matoles) contraires à la directive européenne « oiseaux » de 2009, qui interdit les techniques de capture massive d’oiseaux sans distinct

Après les « gilets jaunes », les gilets orange. De Mont-de-marsan à Amiens, au moins 42 000 personnes, selon les autorités, ont défilé hier dans cinq villes revêtues de la couleur des vestes des chasseurs pour défendre les chasses traditionn­elles d’oiseaux (1), mais aussi un « monde rural menacé » et des « traditions en danger ».

Selon le ministère de l’intérieur, ces rassemblem­ents ont réuni au total 42 000 personnes. Ils étaient ainsi au moins 16 000 à Mont-de-marsan (Landes, 20 000 selon les organisate­urs), 12 000 à Amiens (Somme, 15 000 au maximum selon le Courrier picard) et entre 4 000 et 5 000 à Forcalquie­r (Alpes-de-haute-provence, 8 000 selon La Provence), Caen (Calvados, plus de 6 000 selon les organisate­urs) et Redon (Ille-et-vilaine, 9 000 selon les forces de l’ordre citées par Ouest-france).

Au son des bandas et cors de chasse sous une pluie battante à Mont-demarsan, ou emmenées par des piboles (petites trompes) à Redon, soutenues par des élus locaux comme le président des Hauts-defrance Xavier Bertrand à Amiens, des marées orange fluo ont envahi les rues.

« Il y a des enfants, des femmes, toutes les génération­s… Les chasseurs ont été le détonateur mais toute la ruralité est là », se félicitait le directeur de la Fédération des chasseurs des Landes, Régis Hargues, à Mont-demarsan.

« On est délaissés de partout »

Chasseur venu du Lot-et Garonne voisin, Christian Bonas s’insurge : « Dans nos campagnes, le portable ne passe pas, on a plus d’épicerie ni de pharmacie, on est délaissés de partout et maintenant on veut nous enlever nos traditions, notre chasse, transmises par nos anciens. C’est complèteme­nt anormal ! » Eric, un Landais de 47 ans, en veut aux « talibans du Paristan » , ces « idéologues de la capitale ». « J’en ai marre de voir ma culture partir en lambeaux », tonne-t-il. « On a déjà éradiqué ma langue, le gascon, maintenant ce sont les chasses à l’alouette, la palombe… »

À Forcalquie­r (Alpes-de-haute-provence), plusieurs milliers de personnes, certaines soufflant dans des appeaux, ont manifesté jusqu’à la permanence de Christophe Castaner, patron des députés LREM et ancien maire de cette petite ville de 5 000 habitants, avec des slogans et des pancartes hostiles aux gouvernant­s, comme « Macron fossoyeur de nos traditions » ou « Pompili [Barbara Pompili, la ministre de la Transition écologique, Ndlr] au pilori ».

Sur TV5 Monde, cette dernière a assuré hier qu’elle n’était « pas une ministre pour ou contre la chasse » : « Je suis une ministre qui doit protéger la biodiversi­té et donc quand elle est en danger, je prends mes responsabi­lités. »

Elle a également été la cible de la colère des manifestan­ts à Amiens, son fief électoral. « Qu’on nous foute la paix ! Qu’on nous laisse vivre » ,a lancé à la foule le président de la Fédération nationale des chasseurs Willy Schraen, appelant à la création d’un grand ministère de la Ruralité, « pour s’y sentir enfin chez nous ». « Moi, je suis aux côtés des ruraux. J’en ai assez de les voir caricaturé­s », a affirmé le candidat à la présidenti­elle Xavier Bertrand, interpella­nt Emmanuel Macron : « Il dit qu’il soutient les chasses traditionn­elles mais son gouverneme­nt fait le contraire. Il faut arrêter le “en même temps” ,une blague hypocrite. »

Partout, des agriculteu­rs étaient présents dans les cortèges. Comme Catherine Lallié, de la Coordinati­on rurale, à Redon, où 10 000 personnes selon la gendarmeri­e, 12 000 d’après les organisate­urs, ont manifesté : « Les végétarien­s et les vegans n’ont pas à faire la police de l’alimentati­on. On se sent abandonnés par notre gouverneme­nt et nos élus… », estimet-elle.

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(Photo Pqr/sud-ouest) À Mont-de-marsan, dans les Landes, ils étaient au moins  .

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