Marée orange pour défendre la chasse et la ruralité
Plus de 40 000 personnes ont manifesté hier à Mont-de-marsan, Redon, Amiens, Caen et Forcalquier, notamment en faveur des chasses traditionnelles, mais pas seulement.
Après les « gilets jaunes », les gilets orange. De Mont-de-marsan à Amiens, au moins 42 000 personnes, selon les autorités, ont défilé hier dans cinq villes revêtues de la couleur des vestes des chasseurs pour défendre les chasses traditionnelles d’oiseaux (1), mais aussi un « monde rural menacé » et des « traditions en danger ».
Selon le ministère de l’intérieur, ces rassemblements ont réuni au total 42 000 personnes. Ils étaient ainsi au moins 16 000 à Mont-de-marsan (Landes, 20 000 selon les organisateurs), 12 000 à Amiens (Somme, 15 000 au maximum selon le Courrier picard) et entre 4 000 et 5 000 à Forcalquier (Alpes-de-haute-provence, 8 000 selon La Provence), Caen (Calvados, plus de 6 000 selon les organisateurs) et Redon (Ille-et-vilaine, 9 000 selon les forces de l’ordre citées par Ouest-france).
Au son des bandas et cors de chasse sous une pluie battante à Mont-demarsan, ou emmenées par des piboles (petites trompes) à Redon, soutenues par des élus locaux comme le président des Hauts-defrance Xavier Bertrand à Amiens, des marées orange fluo ont envahi les rues.
« Il y a des enfants, des femmes, toutes les générations… Les chasseurs ont été le détonateur mais toute la ruralité est là », se félicitait le directeur de la Fédération des chasseurs des Landes, Régis Hargues, à Mont-demarsan.
« On est délaissés de partout »
Chasseur venu du Lot-et Garonne voisin, Christian Bonas s’insurge : « Dans nos campagnes, le portable ne passe pas, on a plus d’épicerie ni de pharmacie, on est délaissés de partout et maintenant on veut nous enlever nos traditions, notre chasse, transmises par nos anciens. C’est complètement anormal ! » Eric, un Landais de 47 ans, en veut aux « talibans du Paristan » , ces « idéologues de la capitale ». « J’en ai marre de voir ma culture partir en lambeaux », tonne-t-il. « On a déjà éradiqué ma langue, le gascon, maintenant ce sont les chasses à l’alouette, la palombe… »
À Forcalquier (Alpes-de-haute-provence), plusieurs milliers de personnes, certaines soufflant dans des appeaux, ont manifesté jusqu’à la permanence de Christophe Castaner, patron des députés LREM et ancien maire de cette petite ville de 5 000 habitants, avec des slogans et des pancartes hostiles aux gouvernants, comme « Macron fossoyeur de nos traditions » ou « Pompili [Barbara Pompili, la ministre de la Transition écologique, Ndlr] au pilori ».
Sur TV5 Monde, cette dernière a assuré hier qu’elle n’était « pas une ministre pour ou contre la chasse » : « Je suis une ministre qui doit protéger la biodiversité et donc quand elle est en danger, je prends mes responsabilités. »
Elle a également été la cible de la colère des manifestants à Amiens, son fief électoral. « Qu’on nous foute la paix ! Qu’on nous laisse vivre » ,a lancé à la foule le président de la Fédération nationale des chasseurs Willy Schraen, appelant à la création d’un grand ministère de la Ruralité, « pour s’y sentir enfin chez nous ». « Moi, je suis aux côtés des ruraux. J’en ai assez de les voir caricaturés », a affirmé le candidat à la présidentielle Xavier Bertrand, interpellant Emmanuel Macron : « Il dit qu’il soutient les chasses traditionnelles mais son gouvernement fait le contraire. Il faut arrêter le “en même temps” ,une blague hypocrite. »
Partout, des agriculteurs étaient présents dans les cortèges. Comme Catherine Lallié, de la Coordination rurale, à Redon, où 10 000 personnes selon la gendarmerie, 12 000 d’après les organisateurs, ont manifesté : « Les végétariens et les vegans n’ont pas à faire la police de l’alimentation. On se sent abandonnés par notre gouvernement et nos élus… », estimet-elle.