Nice-Matin (Cannes)

Gaël Tchakaloff : « Les Macron sont indissocia­bles »

L’écrivaine varoise était vendredi et hier au Festival du livre de Nice. Elle y a présenté « Tant qu’on est tous les deux », un récit embarqué au plus près de son amie Brigitte Macron et du Président.

- PROPOS RECUEILLIS PAR JIMMY BOURSICOT jboursicot@nicematin.fr

Dans ce bar de l’hôtel Beau Rivage transformé en salle d’interview, elle nous le martèlera à plusieurs reprises : Gaël Tchakaloff ne s’est jamais considérée comme journalist­e. Même pendant la décennie où elle rédigeait chaque semaine des portraits d’hommes et femmes de pouvoir pour Le Nouvel Économiste. Elle admet n’avoir « aucune distance » avec ses sujets.

« C’est la littératur­e qui m’intéresse. Dès lors qu’on choisit des mots, c’est subjectif. On emmène le lecteur dans notre monde. Ce qui compte, c’est le pacte que l’on passe avec lui. Je dis que je connais Emmanuel et Brigitte Macron, que je suis amie avec Brigitte. Et que c’est la raison pour laquelle j’ai accès à des choses que d’autres ne voient pas », nous explique-t-elle.

Pour Tant qu’on est tous les deux, Gaël Tchakaloff a passé deux ans à fureter dans tous les recoins de l’élysée, à courir le monde pour suivre les déplacemen­ts du président de la République et de son épouse. Pas pour enquêter et mettre à mal le couple qui la captive, « sans pour autant être macroniste », mais pour dépeindre «une histoire d’amour fusionnell­e et voir comment elle est mise à l’épreuve par l’exercice du pouvoir ».

Vous aviez déjà écrit sur Alain Juppé et les candidats à la présidenti­elle de 2017. Qu’est-ce qui vous attire dans la politique ?

C’est violent et frénétique.

La vie y est multipliée par mille. Tout va plus vite, tout est ressenti plus fort. C’est ce qui me plaît là-dedans. Et au fond, il y a une absence de codes. C’est un milieu qui a l’air profession­nel, mais qui est complèteme­nt déprofessi­onnalisé. Contrairem­ent à ce qu’on croit, il y a une forme de liberté.

Avoir misé sur « le bon cheval » et se retrouver dans les coulisses de l’élysée avec les Macron, c’est grisant ?

Je n’ai pas été grisée, je sais que je ne suis pas comme eux. Ma réalité est très loin de la leur. En revanche, j’ai le sentiment d’avoir eu la chance de vivre quelque chose d’exceptionn­el avec des gens très intéressan­ts. Je ne me nourris pas de leur programme politique, mais je me nourris de l’humanité de certains hommes et femmes politiques que je croise.

Comment êtes-vous devenue proche du Président et sa femme ?

Quand je préparais Divine comédie, une immersion dans la campagne de la présidenti­elle 2017, Emmanuel Macron a été le premier à accepter.

J’ai rencontré Sylvain Fort, qui était un de ses proches. Coup de bol : il avait lu mon livre sur Alain Juppé. Il m’a dit : « Vous êtes complèteme­nt folle.

Nous, on ne veut pas Michèle Cotta ou Catherine Nay. On veut des dingues, parce qu’on veut casser le système. » Dès le lendemain, j’étais dans la voiture pour les déplacemen­ts. J’ai rencontré Emmanuel Macron en juillet . Brigitte Macron, c’était en janvier . Avant cela, elle était très peu présente dans la campagne. Les premières équipes politiques considérai­ent qu’elle était

trop bien habillée, trop « brushingué­e » et qu’elle allait desservir le candidat. À partir de là, ça a été comme un coup de foudre, on ne s’est plus quittées.

Vous dites que le Président ne voulait pas de votre livre, mais vous avez tout de même pu rencontrer sa mère, Françoise Noguès…

C’est vrai. Je voulais la rencontrer depuis des années. Parce que je savais que c’était une pierre angulaire dans l’histoire de ce couple, qui est quand même très transgress­if.

Elle a une interpréta­tion de ce qu’a vécu son fils totalement différente de ce à quoi je m’attendais.

Dès qu’il a commencé à travailler avec François Hollande, comme secrétaire général adjoint de l’élysée, il a dû développer une carapace. J’ai découvert en le suivant qu’il est hypersensi­ble. C’est une qualité et un défaut quand on est Président.

Le titre de votre livre vient d’une phrase que Brigitte Macron prononce souvent, selon vous…

La dernière fois que je l’ai entendue prononcer ces mots, c’était quand les conseiller­s estimaient qu’emmanuel Macron ne pourrait jamais tenir les dates avancées pour la réouvertur­e des bars et des restaurant­s. Et donc qu’il ne pourrait pas se représente­r en . Le soir, je répète ça au téléphone à Brigitte. Et elle me répond : « L’essentiel, c’est qu’il sorte les Français du Covid. Et en ce qui nous concerne, tant qu’on est tous les deux, tout ira bien. »

“c’est La politique, violent, frénétique ”

“fusionnel Leur amour me fascinait ”

Dans votre livre, vous lui accordez une place aussi importante qu’au Président…

L’histoire vient quand même de leur amour fusionnel, qui me fascinait. Je voulais dire au lecteur ce qu’il se passait dans ce couple. Ils sont indissocia­bles. On ne peut pas comprendre Emmanuel Macron si on ne comprend pas Brigitte Macron, et inversemen­t.elle est là dans un chapitre sur deux, dans des scènes plutôt intimes où elle parle de lui.

C’est une lecture intéressan­te, émotionnel­le et pas politique. On avait des codes ensemble. Quand je sortais mon carnet pour écrire, cela voulait dire que la scène serait dans le livre. Le pacte était très clair. J’ai confiance en elle, elle a confiance en moi.

Vous avez interrogé plusieurs personnes bien moins louangeuse­s que vous à l’égard d’emmanuel Macron, dont François Hollande. Pourquoi ?

Je voulais qu’il y ait d’autres voix que la mienne. C’est important, même si je ne suis pas journalist­e. Quand on est en immersion, on a parfois des oeillères.

En revanche, vous ne citez pas une fois le nom d’alexandre Benalla…

Je connais Alexandre, vous vous en doutez bien.

C’est un garçon que je trouvais très sympathiqu­e à l’époque. Bon, il a eu une sortie de route extrêmemen­t malheureus­e. Qui dit beaucoup de ce qu’est Emmanuel Macron. Sa plus grande qualité et son plus grand défaut, c’est d’être affectif. Cela engendre un certain nombre de problèmes…

 ?? (Photo Éric Matheron-balaÿ/flammarion) ?? Pour de précédents livres, celle qui est née à Toulon et a grandi du côté de Port-cros avait suivi Alain Juppé, Marine Le Pen ou encore Jean-luc Mélenchon.
(Photo Éric Matheron-balaÿ/flammarion) Pour de précédents livres, celle qui est née à Toulon et a grandi du côté de Port-cros avait suivi Alain Juppé, Marine Le Pen ou encore Jean-luc Mélenchon.

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