Nice-Matin (Cannes)

Les empereurs de la mémoire napoléonie­nne ont débarqué

Pour les journées du patrimoine, la ville de Saint-raphaël a reconstitu­é un bivouac du XVIIIE siècle. C’est dans la cité de l’archange que Napoléon a posé pied à terre à son retour d’égypte, en 1799.

- ALEXANDRE PLUMEY aplumey@nicematin.fr

Au milieu des shorts et maillots de bain, encore humides d’une baignade matinale de septembre, un homme, reconnaiss­able parmi mille, débarque par la mer. De son bateau, il saute à l’approche du rivage de la plage du Veillat, à Saint-raphaël. C’est Napoléon Ier !

Chapeau orné de plumes bleublanc-rouge sur la tête, uniforme teinté de doré jusqu’aux boutons, bottes de cuir noir lustrées et regard haut, pour ne pas dire lointain. La magie opère. Le retour en arrière également. Voilà Raphaëlois et touristes replongés dans une époque qu’aucun n’a connue, à part dans les livres ou les cours d’histoire.

Dans le cadre des journées du patrimoine, la ville de Saint-raphaël a organisé la reconstitu­tion d’un bivouac de l’époque, autrement dit du XVIIIE siècle. Avec une date plus particuliè­rement ancrée dans la tête des organisate­urs raphaëlois : le 9 octobre 1799.

Éviter les Anglais qui le traquaient

À son retour de la campagne d’égypte, pour éviter les navires anglais qui le traquaient depuis Toulon, le futur Empereur décide de poser pied à terre à Saint-raphaël, avant de s’en aller dormir dans la ville soeur, Fréjus.

Hier matin, c’est donc au son des canons et des fusils, que sa garde à cheval l’a accueilli.

Après avoir longé badauds et serviettes de plage, la garnison a monté les escaliers menant au front de mer – qui n’existaient sûrement pas il y a plus de 220 ans – pour être saluée par Alain Pigeard, historien à la baguette de cet événement, en compagnie d’anne Joncheray, directrice du musée archéologi­que de la ville.

Plus de trente membres de l’associatio­n montpellié­raine Le chant du départ, ont fait le déplacemen­t pour donner de la couleur et un semblant de vérité à cette reconstitu­tion. Parmi eux, des Varois de Saint-tropez et de Fréjus. Personne n’a donc défilé à domicile. « J’espère que ça va créer des vocations, souffle Walter Rocher, son président tout juste revenu de République tchèque pour honorer la bataille de Kulm (1813). Ce qui est le plus important dans ces événements est de prendre du plaisir tout en respectant le cadre historique. Celui des vêtements, des comporteme­nts ou de la logistique. » Chaque passionné est propriétai­re de son uniforme, fait de drap de laine ou de lin. Un engagement de 13 à 72 ans poussant la grande majorité des soldats de l’an 1700 à le fabriquer de leurs propres mains.

Près de 4 000 euros par costume

« Heureuseme­nt, cette période est très riche, la documentat­ion ne manque pas », argue ce membre de l’infanterie reconstitu­ée. Pour certains, il faut compter jusqu’à 4 000 euros, répliques de fusil non comprises. Hier soir, les personnage­s bivouac devaient dormir face à la mer, histoire de reprendre des forces pour aujourd’hui, nouvelle journée de célébratio­ns. Avant cela, ils avaient arpenté les rues raphaëlois­es en uniforme, à la suite d’un banquet ouvert à tous, préparé pour la pause méridienne. « Un bivouac à la campagne, c’est simple à organiser. En ville, il y a plus de contrainte­s à prendre en compte pour s’adapter au lieu, comme le fait qu’il y a du monde sur la plage », poursuit ce hussard le temps d’une matinée, heureux de l’effet anachroniq­ue rendu par cette arrivée maritime au milieu des touristes. Smartphone en main pour immortalis­er l’instant, comme lors de l’arrivée initiale du Corse. Ou pas.

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(Photos Sophie Louvet) Oust les baigneuses ! Napoléon débarque sur la plage du Veillat de Saint-raphaël.
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Napoléon Ier, en personne à Saint-raphaël.
 ??  ?? Durant la traversée de la plage, le public s’était massé sur le bord de mer surplomban­t le défilé.
Durant la traversée de la plage, le public s’était massé sur le bord de mer surplomban­t le défilé.
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