Perte de terres agricoles, risque inondation : les enjeux
L’artificialisation génère de nombreuses problématiques qui touchent, de près ou de loin, la population des Alpes-maritimes. Stockage du carbonne dans les sols, temps de déplacement en voiture, inondabilité, atteintes à la biodiversité ou encore perte d’autonomie alimentaire... Martin Bocquet, chargé d’études au Cerema, décrypte les nombreux enjeux qui découlent de cette artificialisation des sols et qui ont poussé l’état à fixer un objectif Zero artificialisation nette d’ici à 2050 (lire par ailleurs).
Le stockage du carbone dans les sols
« Le changement climatique, c’est le fait que l’on rejette plus de CO2 que ce que la biosphère est capable d’en absorber. Quand les plantes grandissent, elles stockent du CO2. Or, quand vous avez une construction, aucune plante ne peut pousser, et il n’y a donc aucun stockage de carbone. »
La biodiversité
“Il y a des endroits où la biodiversité est intéressante. Pour perdurer, il faut que les réservoirs de cette biodiversité soient en contact les uns avec les autres, qu’il y ait des échanges. Mais si vous construisez aux mauvais endroits, vous coupez ces connexions et y portez atteinte.”
L’augmentation du temps de déplacement, et donc la dépendance à la voiture
« Il existe clairement une tendance des villes à l’étalement urbain, c’est-à-dire à construire les logements de plus en plus loin des emplois et des services, dans des zones accessibles uniquement en voiture. La population est donc de plus en plus dépendante de la voiture pour ses déplacements. »
La perte d’autonomie alimentaire
« Quand vous artificialisez d’anciennes zones agricoles, ce sont autant d’hectares qui ne pourront plus produire. Cette perte n’est pas neutre. Le principal problème, c’est que ces terres retirées pour l’agriculture sont intéressantes car à proximité de l’urbanisation. Et appartiennent donc à une exploitation qui fonctionne économiquement. Or, un agriculteur qui exploite un terrain de 40 hectares qui marche, avec 10 hectares de moins, ça ne marche plus. De plus, les constructions peuvent rendre les conditions d’exploitation d’un champ plus complexe, et donc augmenter le temps passé pour produire la même quantité alimentaire. »
L’inondabilité
« Quand il pleut, le sol sert de tampon pour accueillir l’eau. Lorsqu’il est imperméabilisé, il ne joue plus son rôle de tampon. Quand la pluie tombe sur une pelouse, il faut attendre plusieurs jours pour que l’eau arrive jusqu’à la rivière. Avec un parking, c’est le cas en quelques dizaines de minutes ou d’heures. Donc on obtient des inondations puisque plus d’eau arrive plus rapidement dans les cours d’eau, et que cela augmente le ruissellement. »