TROP DE SOLS EN BÉTON !
Objectif zéro artificialisation nette en 2050 Cannes bon élève, Antibes à la traîne
Les bassins antibois, cannois et grassois sont les secteurs qui ont le plus artificialisé leurs sols entre 2009 et 2019. Comment préserver les espaces naturels et atteindre l’objectif Zéro artificialisation nette, fixé par l’état ? Voici le premier volet de notre série, consacré à l’état des lieux et aux enjeux de la « bétonisation ».
En dix ans, le béton a grignoté beaucoup d’espaces naturels à l’ouest des Alpes-maritimes. Entre 2009 et 2019, les bassins antibois, cannois et grassois sont les territoires qui ont été le plus artificialisés (1) dans le département. Un constat établi par l’observatoire de l’artificialisation des sols, élaboré par le Cerema (2), L’IGN et l’irstea, à partir de données récoltées auprès des services des impôts.
L’état a demandé à ces trois établissements publics de quantifier ce phénomène, mais aussi d’établir des orientations opérationnelles pour limiter la consommation d’espaces naturels (lire par ailleurs).
Cannes semble faire figure de bonne élève
Il existe, au coeur de ces territoires et selon les communes, d’énormes disparités. Concernant les plus grandes villes en termes de population, Cannes semble faire figure de bon élève (105 329 m² artificialisés, soit 0,5 % du territoire communal), tout comme Grasse, dans une moindre mesure (441 456 m², soit 1 %), alors qu’antibes serait au contraire à la traîne (974 068 m², soit 3,61 %). Interrogé sur ce mauvais score, le maire n’a pas souhaité s’exprimer.
Martin Bocquet, chargé d’études au Cerema (3), nuance ces chiffres : « Sur quelle échelle de temps se positionne-t-on ? Pour analyser les chiffres se pose la question de la mesure en stock (ce qui est déjà artificialisé) ou de la mesure en flux (ce qui a été artificialisé ces dernières années). Par exemple, au niveau du stock, le centre-ville de Cannes, c’est un peu comme Paris, toutes proportions gardées. Paris est une des villes qui ont le moins artificialisé leur territoire ces dernières années, puisqu’elle est déjà entièrement artificialisée. Ainsi, cibler une période récente permet de regarder ce qui a été fait sur une échelle plus facilement appréciable. La trajectoire sur le long terme est intéressante mais la période récente donne aussi de nombreuses informations. »
Roquefort-les-pins en tête, suivi d’antibes
Si l’on compare les dix communes des bassins antibois, cannois et grassois ayant artificialisé le plus de mètres carrés entre 2009 et 2019, c’est Roquefort-les-pins qui se trouve être la championne toutes catégories, avec plus de 2 millions de m² artificialisés. La commune est suivie, loin derrière, par Antibes (moins d’un million de m²). Et c’est Mougins (plus de 800 000m²) qui arrive sur la troisième marche du podium. Le tout, sachant que la moyenne départementale estimée à un peu plus de 100 000 m² ne veut pas dire grandchose, les surfaces communales n’étant évidemment pas les mêmes.
Tenir compte de la superficie communale
Une petite et une grande commune n’auront pas la même marge de manoeuvre. « Au-delà du nombre d’hectares ou du pourcentage que cela peut représenter, il faudrait avant tout analyser les projets distinctement les uns des autres », poursuit Martin Bocquet. Mais mettre en adéquation mètre carré et pourcentage du territoire artificialisé permet tout de même de se faire une idée sur une échelle de temps bien définie. Si Roquefort-les-pins est en tête avec 2,2 millions de m² artificialisés (10,3 %), c’est le Rouret qui se classe au premier rang en proportion de son territoire avec 11,01 % (soit 787 344 m²) [voir graphiques].
La moyenne départementale, quant à elle, est estimée à 0,65 % du territoire communal. Si Le Rouret et Roquefort-les-pins sont donc nettement au-dessus, seule Cannes est en dessous. Même Grasse, malgré des chiffres qui peuvent sembler encourageants, est au-dessus. Et comme le rappelle l’observatoire, ce n’est pas tant la surface artificialisée qu’il faut regarder mais l’impact des constructions sur les sols et le quotidien des populations.
1. L’artificialisation est la perte de fonction naturelle d’un sol, liée à l’urbanisation, et aux différents usages des espaces agricoles et naturels par les humains.
2. Le Cerema est un organisme public d’études qui a pour but d’assister les collectivités, l’état et les personnes publiques dans l’atteinte des politiques publiques liées au climat, à l’aménagement, à la mobilité et les risques climatiques et naturels.