Nice-Matin (Cannes)

TROP DE SOLS EN BÉTON !

Objectif zéro artificial­isation nette en 2050 Cannes bon élève, Antibes à la traîne

- Textes : Gaëlle Arama, Marianne Lemonze et Jérémy Tomatis Photo : Drone Sébastien Botella

Les bassins antibois, cannois et grassois sont les secteurs qui ont le plus artificial­isé leurs sols entre 2009 et 2019. Comment préserver les espaces naturels et atteindre l’objectif Zéro artificial­isation nette, fixé par l’état ? Voici le premier volet de notre série, consacré à l’état des lieux et aux enjeux de la « bétonisati­on ».

En dix ans, le béton a grignoté beaucoup d’espaces naturels à l’ouest des Alpes-maritimes. Entre 2009 et 2019, les bassins antibois, cannois et grassois sont les territoire­s qui ont été le plus artificial­isés (1) dans le départemen­t. Un constat établi par l’observatoi­re de l’artificial­isation des sols, élaboré par le Cerema (2), L’IGN et l’irstea, à partir de données récoltées auprès des services des impôts.

L’état a demandé à ces trois établissem­ents publics de quantifier ce phénomène, mais aussi d’établir des orientatio­ns opérationn­elles pour limiter la consommati­on d’espaces naturels (lire par ailleurs).

Cannes semble faire figure de bonne élève

Il existe, au coeur de ces territoire­s et selon les communes, d’énormes disparités. Concernant les plus grandes villes en termes de population, Cannes semble faire figure de bon élève (105 329 m² artificial­isés, soit 0,5 % du territoire communal), tout comme Grasse, dans une moindre mesure (441 456 m², soit 1 %), alors qu’antibes serait au contraire à la traîne (974 068 m², soit 3,61 %). Interrogé sur ce mauvais score, le maire n’a pas souhaité s’exprimer.

Martin Bocquet, chargé d’études au Cerema (3), nuance ces chiffres : « Sur quelle échelle de temps se positionne-t-on ? Pour analyser les chiffres se pose la question de la mesure en stock (ce qui est déjà artificial­isé) ou de la mesure en flux (ce qui a été artificial­isé ces dernières années). Par exemple, au niveau du stock, le centre-ville de Cannes, c’est un peu comme Paris, toutes proportion­s gardées. Paris est une des villes qui ont le moins artificial­isé leur territoire ces dernières années, puisqu’elle est déjà entièremen­t artificial­isée. Ainsi, cibler une période récente permet de regarder ce qui a été fait sur une échelle plus facilement appréciabl­e. La trajectoir­e sur le long terme est intéressan­te mais la période récente donne aussi de nombreuses informatio­ns. »

Roquefort-les-pins en tête, suivi d’antibes

Si l’on compare les dix communes des bassins antibois, cannois et grassois ayant artificial­isé le plus de mètres carrés entre 2009 et 2019, c’est Roquefort-les-pins qui se trouve être la championne toutes catégories, avec plus de 2 millions de m² artificial­isés. La commune est suivie, loin derrière, par Antibes (moins d’un million de m²). Et c’est Mougins (plus de 800 000m²) qui arrive sur la troisième marche du podium. Le tout, sachant que la moyenne départemen­tale estimée à un peu plus de 100 000 m² ne veut pas dire grandchose, les surfaces communales n’étant évidemment pas les mêmes.

Tenir compte de la superficie communale

Une petite et une grande commune n’auront pas la même marge de manoeuvre. « Au-delà du nombre d’hectares ou du pourcentag­e que cela peut représente­r, il faudrait avant tout analyser les projets distinctem­ent les uns des autres », poursuit Martin Bocquet. Mais mettre en adéquation mètre carré et pourcentag­e du territoire artificial­isé permet tout de même de se faire une idée sur une échelle de temps bien définie. Si Roquefort-les-pins est en tête avec 2,2 millions de m² artificial­isés (10,3 %), c’est le Rouret qui se classe au premier rang en proportion de son territoire avec 11,01 % (soit 787 344 m²) [voir graphiques].

La moyenne départemen­tale, quant à elle, est estimée à 0,65 % du territoire communal. Si Le Rouret et Roquefort-les-pins sont donc nettement au-dessus, seule Cannes est en dessous. Même Grasse, malgré des chiffres qui peuvent sembler encouragea­nts, est au-dessus. Et comme le rappelle l’observatoi­re, ce n’est pas tant la surface artificial­isée qu’il faut regarder mais l’impact des constructi­ons sur les sols et le quotidien des population­s.

1. L’artificial­isation est la perte de fonction naturelle d’un sol, liée à l’urbanisati­on, et aux différents usages des espaces agricoles et naturels par les humains.

2. Le Cerema est un organisme public d’études qui a pour but d’assister les collectivi­tés, l’état et les personnes publiques dans l’atteinte des politiques publiques liées au climat, à l’aménagemen­t, à la mobilité et les risques climatique­s et naturels.

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