Nice-Matin (Cannes)

Ecole Atman : « L’impression d’avoir été pris en otage »

Si les étudiants, soulagés, ont fait leur rentrée hier, le directeur du centre d’ostéopathi­e à Valbonne Georges Lendl, déplore que le renouvelle­ment de l’agrément ne soit pas encore définitif.

- PROPOS RECUEILLIS PAR JÉRÉMY TOMATIS jtomatis@nicematin.fr

C’est en présence de Marc Bozzetto, l’ancien directeur de l’école d’ostéopathi­e Atman, à Valbonne, que l’entretien du nouveau dirigeant de l’établissem­ent, Georges Lendl, a été réalisé. Ce dernier, comme son illustre prédécesse­ur, a très mal vécu le non-renouvelle­ment de l’agrément permettant à l’école de délivrer son diplôme. La décision du ministère de la Santé de ne pas le renouveler a finalement été suspendue par le tribunal administra­tif. Et l’état a été condamné. « C’est la raison qui nous fait gagner et non l’émotion, s’emporte Georges Lendl. Et ce, même si l’émotionnel était très présent chez nos étudiants. » Hier matin, les élèves de première année, prévenus trois jours plus tôt, ont donc pu effectuer leur rentrée avec un grand ouf de soulagemen­t [voir ci-dessous]. « On a vu de la joie dans leurs yeux aujourd’hui [lire hier, ndlr]. C’est ça, notre récompense. »

Le ministère de la Santé n’a pas donné suite à nos sollicitat­ions, par téléphone puis par mail.

Comment avez-vous vécu ce non-renouvelle­ment de l’agrément ?

Quand on reçoit une notificati­on le  juillet alors que la rentrée est prévue en septembre, nous avons l’impression, comme nos étudiants, d’avoir été pris en otage. Derrière, les médias, et surtout la commission et le ministère, ont communiqué d’une façon extrême. On se demande pourquoi.

Les raisons sont-elles les mêmes

qu’il y a  ans quand, déjà l’état n’avait pas renouvelé votre agrément dans un premier temps ?

Les raisons sont aussi futiles. Le Conseil d’état avait enjoint le ministère à nous donner un agrément provisoire en attendant d’en avoir un officiel. Et avait dit que les griefs retenus étaient douteux. On se retrouve dans la même situation. Pour des motifs purement administra­tifs.

Quels sont-ils ?

Ils sont dans l’ordonnance qui est disponible sur notre site

Internet. Il y a un bail qui arrivait à échéance au  août , sachant que lorsque nous mettons le dossier en place, nous sommes en . Autre point : l’assurance. On nous dit que nous n’avons pas de responsabi­lité civile profession­nelle pour nos étudiants. Alors que l’assureur l’atteste. On ne peut pas se permettre de faire n’importe quoi. Là, ça devient du pénal. On existe depuis  ans et nous n’avons jamais eu de problème. Ces points sont douteux.

Vous avez l’impression que l’on cherche à nuire à l’école ?

On a l’impression d’un acharnemen­t. Comment réagir autrement ? L’état avait une chose à faire et c’est ce qui lui est reproché : il aurait dû nous appeler ou nous envoyer un mail. C’est déjà ce qu’avait dit le juge des référés du conseil d’état en . De façon qu’on puisse discuter et qu’il y ait un contradict­oire. Aujourd’hui, il est clair que ce n’est pas ce qu’il s’est passé. L’état a été condamné lors de la première notificati­on et vient de l’être à nouveau (). Je crois que tout le monde se demande à qui cela profite…

Vous avez une idée ?

On voit aujourd’hui que des gens ont été juge et partie. Nous avons des syndicats qui siègent à la commission. Pour les mêmes griefs, certaines écoles ont eu l’agrément. Pourquoi ? De plus, certaines n’avaient pas les  m² nécessaire­s par étudiant et se sont vues octroyer  places supplément­aires.

Vous avez l’impression de gêner au sein de votre communauté ?

On se pose la question. On pense que derrière tout ça, il y a une volonté. Ce sont  élèves pris en otage. Ce qui se passe est grave. C’est un peu le pot de terre contre le pot de fer. Si nous n’allons pas au bout de nos démarches, nous fermons l’école. On met des gens au chômage. Ça dépasse l’entendemen­t.

Pensez-vous que la perte de votre agrément est en lien avec la mise en examen qui touche Marc Bozzetto ? ()

Non, ce sont deux choses complèteme­nt différente­s. Il ne faut pas tout mélanger. Il y a présomptio­n d’innocence et l’école n’a rien à voir avec ça. D’ailleurs, l’école est aujourd’hui gérée par une gouvernanc­e. Marc Bozetto continue de donner des cours et fait ce qu’il veut car il reste le président de la Holding. Si aujourd’hui Atman existe, c’est grâce à lui. D’ailleurs, vous pouvez demander aux étudiants. C’est un précurseur de l’ostéopathi­e qui a créé la formation initiale et a pu former des milliers d’étudiants. Et il y a une reconnaiss­ance par rapport àça.

L’agrément est provisoire…

Pour l’année scolaire. Aujourd’hui, le tribunal administra­tif s’est prononcé de la meilleure manière qu’il soit. Il a fait une injonction à l’état. Techniquem­ent, nous attendons le courrier de l’état puisqu’il doit officialis­er cette décision. Nous avons répondu à l’ensemble des points qui nous étaient reprochés. Qu’est-ce qui empêche l’état, aujourd’hui, de nous donner l’agrément pour ans?

C’est la suite logique ?

Je peux comprendre que pour des raisons techniques le tribunal administra­tif se soit engagé sur un agrément provisoire le temps qu’il y ait des discussion­s. Mais nous pensons qu’il serait légitime que nous l’obtenions de manière officielle.

1. L’état a été condamné deux fois par le tribunal administra­tif, à verser 1 000 puis 1 500 euros à l’école Atman.

2. Marc Bozzetto a été mis en examen pour agressions sexuelles le 15 avril 2021.

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(Photos Sébastien Botella et J. T.) Georges Lendl, le directeur du centre Atman d’ostéopathi­e, est soulagé de pouvoir assurer la rentrée scolaire de son établissem­ent.

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