Nice-Matin (Cannes)

Gros plan sur le cinéma engagé au lycée Bristol

Hier matin, les élèves de seconde et de terminale en section cinéma-audiovisue­l ont accueilli la réalisatri­ce Aïssa Maïga. Au coeur de leur échange, son documentai­re « Marcher sur l’eau ».

- SOLÈNE GRESSIER sgressier@nicematin.fr

Une silhouette s’avance. Les badauds la suivent du regard. Qui est cette femme à la veste bleue électrique dans la cour du lycée Bristol ? Seuls les élèves de seconde et de terminale en section cinéma-audiovisue­l la reconnaiss­ent : il s’agit de l’actrice et réalisatri­ce Aïssa Maïga.

Si ces mordus de septième art ne l’ont jamais rencontrée, tous ont visionné son documentai­re Marcher sur l’eau, présenté cette année au Festival de Cannes, qui donne à voir la réalité criante et cruelle des dangers des conséquenc­es du réchauffem­ent climatique sur les population­s les plus reculées. Cette oeuvre ne les a certaineme­nt pas laissés indifféren­ts. C’est dire s’ils étaient ravis de pouvoir discuter avec la comédienne. Surtout Saadia, émerveillé­e : « C’est vraiment un honneur. »

Un échange de deux heures

Les cinquante-trois élèves se précipiten­t devant leur invitée. Mais une fois assis dans leur salle de classe, personne ne pipe mot. Aucun n’ose l’interroger. Des questions, pourtant, ils en ont préparé des tonnes. Aussi bien sur le documentai­re de la réalisatri­ce que sur sa vie. Pourquoi avoir tourné dans ce village ? Combien de temps a duré le tournage ? Comment a-telle eu le déclic pour passer derrière la caméra ? A-t-elle souffert des discrimina­tions ?

Rien ne sort. Peut-être sont-ils « médusés », plaisante leur professeur­e Frédérique Lambert. Pour les encourager, Aurélie Ferrier, directrice de Cannes Cinéma, qui a organisé cette rencontre, prend la parole : « Vous ne vous rendez pas compte de la chance que vous avez. Profitez-en ! »

Il n’en fallait pas plus. Après quelques chuchoteme­nts, un doigt se lève. Enfin ! « Pensez-vous poursuivre votre engagement pour le développem­ent en Afrique dans vos prochains projets ? », demande timidement une petite brune. Puis les autres questions s’enchaînent.

L’une d’elles illumine le visage d’aïssa Maïga : comment avezvous réussi à vous imposer dans un milieu où les femmes sont peu nombreuses ? « C’est difficile pour une femme de convaincre un producteur et de décrocher les budgets, confirme la réalisatri­ce. Et quand elle parvient à les avoir, ils sont toujours inférieurs à ceux que l’on accorde à un homme… »

Le thème de la parité, Aïssa Maïga ne pensait pas l’aborder. « C’est passionnan­t de voir à quel point, à partir d’un film sur le réchauffem­ent climatique, les sujets sont interconne­ctés », confie celle qui a reconnu dans leurs yeux «les craintes et les rêves » connus à ses débuts : « Qui sait, je serai peutêtre amenée à les croiser un jour sur un plateau ? »

Sensibilis­er à l’écologie

L’établissem­ent scolaire tenait non seulement à marquer les mémoires de ces futurs profession­nels du cinéma, mais aussi à les sensibilis­er à l’écologie. « Nous sommes engagés dans le développem­ent durable », explique le proviseur Didier Andrès. Une action que salue Aïssa Maïga : « J’ai fait ce film avec le désir de le rendre accessible à un public jeune. La réaction de ces lycéens me donne le sentiment que ce pari est réussi. »

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(Photo Patrice Lapoirie) Aïssa Maïga avec les secondes et terminales du lycée Bristol.
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