Nice-Matin (Cannes)

Saint-martin : « On a besoin que maman soit déclarée décédée »

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Philippe Ibars a perdu ses deux parents, Monique et Gérard, dans la tempête. Enfin, pas encore officielle­ment. Alors que leur maison de Saint-martinvésu­bie, où ils étaient installés depuis une quinzaine d’années, a été balayée, les retraités étaient portés disparus, dans un premier temps. « Quinze jours après, quand nous sommes arrivés à Saint-martin-vésubie, des gens nous disaient qu’ils avaient vu nos parents au village, retrace leur fils de 55 ans, qui vit en Ardèche. Ça nous donnait de l’espoir. On les a fait chercher. Mais on s’est rendu compte qu’ils les avaient en fait vu la veille de la tempête. C’est comme ça, ça fait partie des drames. Tout le monde était dans un tel état de choc, dans une telle confusion… Vous gardez cet espoir, jusqu’à l’appel des gendarmes. Ils ont retrouvé le corps de papa le 24 octobre, au niveau de Lantosque. Mais maman, elle, est toujours portée disparue. »

« Pour faire notre deuil, avancer, lui dire au revoir »

Pas de corps ni de trace de vie ou de mort. Sa mère fait partie des huit personnes qui restent à ce jour officielle­ment disparues. Avec d’autres familles, Philippe et ses deux soeurs, accompagné­s par l’associatio­n Montjoye, demandent à la justice que Monique soit déclarée décédée.

« On est très clairs entre nous, reprend Philippe Ibars. On est solides. Selon un témoignage, maman était avec papa dans la maison. Là, ça fait un an, on ne la retrouvera pas. Et si on la retrouve, ce ne sera pas vivante. On a saisi la justice parce que selon la loi, c’est dix ans, sinon. On attend cette décision. On ne veut pas les oublier, mais on a besoin que cette décision soit prise pour faire notre deuil, pour avancer, pour lui dire au revoir. On a pu dire au revoir à notre père, nous l’avons fait incinérer. Là, on ne peut même pas faire de messe d’adieu. Tant qu’elle ne sera pas décédée, on gardera les cendres de mon père. Ils formaient un tandem, ils étaient indissocia­bles. »

« La plaque, ça nous fera un lieu où poser des fleurs »

La justice se penchera sur la question à partir du 20 octobre. En attendant, Les Ibars seront à Saint-martin-vésubie ce week-end, pour les cérémonies. Et pour commencer à tourner la page. « La mairie va faire une plaque commémorat­ive, avec les noms des disparus. Ça, ça va nous aider. La première chose que je me suis dite quand j’ai su ça, en tant qu’enfant de disparu, c’est que ça nous faisait un point, un lieu où on pourrait poser des fleurs, à défaut d’aller au cimetière. Même si maman est déclarée décédée, on ne l’aura pas, on ne sait pas où elle est. Mais si je veux porter des fleurs, j’irai à la plaque. »

Les trois enfants envisagent aussi autre chose, dans l’intimité familiale : planter un olivier, avec deux photos, là où se trouvait la maison. « Parce qu’ils aimaient les arbres et la campagne ».

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Philippe Ibars et ses parents, Gérard et Monique, aujourd’hui disparus.

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