Tunnel de Tende : la facture grimpe à millions d’euros
La Conférence intergouvernementale a acté, hier, le surcoût de 76 millions post-tempête Alex. Objectif : un nouveau tunnel avec pont en octobre 2023. La France réclame un accès d’ici là.
Le tunnel de Tende vise à connecter les hommes. Mais il peine à rapprocher les positions.
Les autorités françaises et italiennes ont exprimé leurs désaccords autour de ce chantier XXL, hier, lors d’une nouvelle Conférence intergouvernementale (CIG) en visioconférence. Elles se sont toutefois entendues sur l’essentiel : donner le feu vert à l’entreprise Edilmaco pour reprendre les travaux. Et valider un surcoût à hauteur de 76 millions d’euros. En pulvérisant l’accès au col de Tende côté français, la tempête Alex avait obscurci l’horizon d’un chantier déjà mal engagé. Interrompu de 2017 à 2020 à cause d’une sombre affaire de vol de métaux, le percement du second tunnel est de nouveau stoppé depuis un an. Les travaux s’apprêtent à reprendre ce mois-ci. Enfin. Mais comme nous l’annoncions dans nos éditions d’hier, ils ne devraient pas livrer leurs fruits avant deux ans.
Des équipes H ?
Octobre 2023 : tel est le nouveau cap fixé par la CIG. Un léger mieux. Edilmaco, le maître d’oeuvre qui a repris le chantier, restait arc-bouté sur l’échéance de décembre 2023. La différence ? L’anas (l’agence nationale des routes italienne), maître d’ouvrage, souhaite voir les équipes du chantier tourner H24. À raison de trois rotations par jour. La France, qui cofinance le chantier à 42 %, plaidait pour que l’italie mette le paquet sur le nouveau tunnel, afin de le finir au plus vite. Quitte à reléguer à plus tard la mise aux normes du bon vieux tunnel de 1882. C’est le scénario retenu par la CIG. Le nouveau tunnel, déjà en partie percé, serait livré avec le futur pont qui enjambera le vallon de la Ca. Le trafic entre Tende et Limone pourrait alors être rétabli d’ici octobre 2023. En alternance, comme avant la tempête. La livraison du tunnel historique « new-look », d’ici juin 2025, permettrait de circuler dans les deux sens, sans plus avoir à patienter jusqu’à 25 minutes à l’entrée.
Mais tout ceci a un coût : jusqu’à 255 millions d’euros.
Bien au-delà du budget d’origine, estimé à 209 millions. Les aléas judiciaires et météorologiques ont rebattu les cartes. Au final, Edilmaco pourrait percevoir 215 millions d’euros (139 prévus dans son contrat + 76 pour l’avenant post-alex). Salé. Mais incontournable pour le Piémont. Et vital pour la Roya.
D’où l’impatience des financeurs français. État, Région et Département doivent se partager 107 millions d’euros à parts égales. Dès lors, ils digèrent mal la perspective d’attendre deux ans de plus.
«Sicelanebouge pas... »
À l’instar du sénateur LR Philippe Tabarot, ancien conseiller régional en. «Si cela ne bouge pas, outre une question écrite au gouvernement, j’envisage une question orale pour demander de réduire les délais de reconstruction du tunnel. »
Dès par l’ancien tunnel ?
Le calendrier passe d’autant plus mal qu’il est, d’ores et déjà, possible d’accéder au tunnel de Tende côté français. À condition d’emprunter la piste aménagée dans le couloir d’avalanche, interdite au public.
Pour Xavier Pelletier, le « préfet tempête », la solution passe par « un accès, même dégradé, au tunnel ancien en 2022. Il faut le remettre en sécurité et fortifier le passage busé ».
Jean-pierre Vassallo plaide en ce sens. Le maire de Tende se dit « surpris que depuis dix mois, rien ne se soit passé, et que des véhicules de l’anas viennent jusque chez nous en passant par le vallon busé. On aurait pu organiser des convois ! »
Autre plan B : le retour de l’auto-train. Une demande portée par le Comité de soutien des voies de circulation de la vallée de la Roya (CSVCVR). « Avec une association italienne, nous allons interpeller les deux régions pour que ce soit mis en place au plus vite, annonce son président, Pascal Carboni. On ne peut pas rester coupé de l’italie indéfiniment... »