Nice-Matin (Cannes)

Affaire Bygmalion : prison ferme pour Nicolas Sarkozy

L’ancien président de la République a écopé d’un an ferme pour le financemen­t illégal de sa campagne présidenti­elle de 2012. Il a aussitôt annoncé qu’il allait faire appel. Et les autres prévenus ?

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C’est un symbole fort, et un nouveau coup dur pour Nicolas Sarkozy. L’ancien président de la République a été condamné hier à un an de prison ferme pour le financemen­t illégal de sa campagne présidenti­elle perdue de 2012 dans le dossier Bygmalion.

« Le droit a été bafoué »

L’ancien chef de l’état n’était pas présent pour entendre le jugement. Mais son avocat, Thierry Herzog, a aussitôt fait savoir qu’il allait faire appel. En début de soirée, l’ancien chef de l’état a pris la parole sur Twitter : « Je demande simplement que le droit soit appliqué pour moi comme pour n’importe quel autre justiciabl­e. Or celui-ci a été une nouvelle fois bafoué [...]. On ne peut pas être sanctionné deux fois pour les mêmes faits. »

Déjà condamné dans l’affaire des écoutes

Il y a sept mois, il était devenu le premier ancien chef de l’état de la Ve République à être condamné à une peine de prison ferme – trois ans dont deux avec sursis – pour corruption et trafic d’influence dans l’affaire dite « des écoutes ». Il a également fait appel de ce jugement.

Plus sévère que les réquisitio­ns

Un murmure général a parcouru la salle d’audience, pleine, au moment de l’annonce de sa peine, plus sévère que celle requise par le parquet (un an dont six mois avec sursis). « La peine prononcée est le maximum de la peine encourue », a souligné Me Herzog. « Le président Sarkozy n’a jamais demandé à être mieux traité qu’un autre, mais n’a aucune raison de l’être moins bien ».

Va-t-il être incarcéré ?

La procédure d’appel a un effet suspensif, donc Nicolas Sarkozy ne peut être incarcéré dans l’immédiat. Si la peine était confirmée en appel, le tribunal a demandé hier à ce qu’elle soit directemen­t aménagée, à domicile, avec un bracelet électroniq­ue. Cette demande serait soumise à l’appréciati­on du juge de l’applicatio­n des peines.

« Volontaire­ment omis » de contrôler…

Dans son jugement, le tribunal a estimé que l’ancien locataire de l’élysée (2007-2012) avait « poursuivi l’organisati­on de meetings » électoraux, « demandant un meeting par jour », alors même qu’il « avait été averti par écrit » du risque de dépassemen­t légal, puis du dépassemen­t effectif. «Ce n’était pas sa première campagne, il avait une expérience de candidat, une connaissan­ce du droit » ,a insisté la présidente, Caroline Viguier.

L’ex-chef de l’état « connaissai­t le montant légal du plafond » des dépenses autorisées. « Il a volontaire­ment omis d’exercer un quelconque contrôle sur les dépenses engagées. » Elles se sont élevées à un total de 42,8 millions d’euros, près du double du plafond légal à l’époque.

...mais pas impliqué dans la fraude

Contrairem­ent à ses treize coprévenus – anciens cadres de la campagne et de L’UMP (devenue LR) et de la société Bygmalion qui a organisé les meetings, mais aussi experts-comptables – Nicolas Sarkozy n’était pas mis en cause pour le système de double facturatio­n imaginé pour masquer l’explosion des dépenses de campagne autorisées en les attribuant à L’UMP. Eux ont écopé de peines allant jusqu’à trois ans et demi de prison (lire ci-contre).

Les autres prévenus,  au total (), ont tous été reconnus coupables de complicité de « financemen­t illégal de campagne », et d’avoir pris part, à divers degrés, à la mise en place de la fraude. « Ils ont fabriqué de faux documents », « validé des fausses factures » ou « participé à l’élaboratio­n d’un compte de campagne falsifié », a déclaré le tribunal. Pendant le procès, seuls quatre prévenus – trois ex-cadres de Bygmalion et Jérôme Lavrilleux, le directeur adjoint de la campagne – avaient reconnu partiellem­ent leur responsabi­lité. Les autres

« n’avaient rien vu, rien su, rien entendu », avait moqué le parquet. Ils ont écopé de peines toutes plus lourdes que celles requises par l’accusation, de deux à trois ans et demi de prison dont une partie avec sursis. Toutes les peines fermes seront directemen­t aménagées, sous surveillan­ce électroniq­ue à domicile, a précisé la présidente.

 ?? (Photo d’archives MAXPPP/EPA) ?? « J’irai jusqu’au bout dans cette quête qui dépasse mon cas personnel car chacun peut un jour se trouver confronté à l’injustice », a affirmé Nicolas Sarkozy sur Twitter.
(Photo d’archives MAXPPP/EPA) « J’irai jusqu’au bout dans cette quête qui dépasse mon cas personnel car chacun peut un jour se trouver confronté à l’injustice », a affirmé Nicolas Sarkozy sur Twitter.

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