Nice-Matin (Cannes)

Une femme terrorisée au point de sauter du 2e étage à Toulon

- E.M.

Un chauffeur routier est soupçonné d’avoir provoqué la défenestra­tion de sa compagne, un soir de mai 2017 à Toulon. Après des années de procédure, le quinquagén­aire est renvoyé devant le tribunal correction­nel de Toulon pour des violences conjugales.

« On a passé la soirée aux plages du Mourillon, elle a reçu un SMS de son ex et ça a dérapé », dit-il à la barre de la salle d’audience. « Elle ne voulait pas m’en dire plus sur cet homme… »

« Je n’ai jamais eu l’intention de tuer »

La dispute a atteint son paroxysme dans le huis clos de l’appartemen­t conjugal. « Je lui ai donné une gifle, je l’ai secouée par les cheveux », reconnaît le mis en cause. La victime a indiqué qu’elle s’était mise en boule pour se protéger. Son agresseur vociférait « en français et en espagnol », a-t-elle précisé, décrivant les yeux exorbités de son conjoint.

Il a fini par se rendre dans la cuisine. Il a ouvert un tiroir où se trouvaient des couverts. Il a remué les ustensiles et en a tiré une lame. « Ça aurait pu être une cuillère, mais c’était un couteau. Je n’ai jamais eu l’intention de la tuer. Je voulais faire du bruit pour l’impression­ner. »

« Elle s’est vue morte », corrige l’avocate de la quadragéna­ire. « Cette femme a eu la même réaction que celle de victimes du World Trade Center », enfonce le procureur. Terrorisée, elle a enjambé la rambarde du balcon, au deuxième étage, et s’est jetée dans le vide. Sans même avoir vu le moindre couteau.

« Un son ne peut pas être considéré comme une arme », plaide – sur un terrain strictemen­t juridique – l’avocat du prévenu poursuivi notamment pour « violence avec menace d’une arme ». La victime a eu les côtes et des dents cassées, un fémur fracturé. Des vertèbres ont été touchées. Et son avocate évoque aussi des troubles de la mémoire. Elle a quitté le départemen­t du Var. «Je regrette sincèremen­t, depuis j’ai fait un travail sur moi-même », conclut le mis en cause à la fin d’un procès qui s’est terminé sur un coup de théâtre. Le président du tribunal s’est aperçu qu’il était intervenu, alors qu’il occupait d’autres fonctions, dans la procédure. « J’avais prolongé la détention provisoire du prévenu… »

Un autre magistrat devra donc juger cette affaire, renvoyée en mars 2022.

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