Agriculteurs : « On revient de loin »
Alors oui, « tout est compliqué ». Les aides de l’assurance ont pris fin le septembre. L’entreprise a dû commander pour , million d’euros d’équipements avant même d’avoir son nouveau bâtiment. Espéré en novembre, celui-ci ne devrait être livré qu’en mars prochain. Et entre les pertes d’exploitation et la flambée du coût des matières premières, la facture a bondi de euros...
La Brasserie a bu le calice jusqu’à la lie. Mais elle entend se relancer, à l’instar de la Vésubie, de Saint-martin, et de sa ZAC (zone d’activité commerciale). « Nous sommes les premiers à reconstruire. Il le faut », martèle Edwards Dilly. Parce que sa marque est devenue « un emblème, avec la notoriété ». Et parce qu’elle nourrit « plein de projets : être un centre de formation brassicole, passer de huit emplois à une vingtaine... »
Dans le vallon du Caïros, à Saorge, Jean-pierre Cavallo est désemparé. Où accueillir ses brebis pour l’agnelage ? Le Caïros a emporté sa bergerie le 2 octobre 2020. L’éleveur a déposé une demande de permis de construire à proximité. Il attend une étude sur le risque de chutes de pierre. Faute de solution, il devrait partir pour l’hiver, à Istres, avec ses 800 ovins. Comme l’an passé.
« Habitués aux défis »
Jean-pierre Cavallo est l’un des 82 agriculteurs azuréens sinistrés par Alex. « Essentiellement des éleveurs, mais aussi des maraîchers, apiculteurs et équins », précise Jean-philippe Frère, vice-président de la chambre d’agriculture des A.-M. « Nous avons encore huit dossiers en suspens. Cela va des pistes pas encore refaites à l’obligation de changer de maison. » Dans la Roya, la Vésubie ou la Tinée, les agriculteurs paient encore les frais d’alex. « Vu l’ampleur de la catastrophe, on revient de loin, souffle Jean-philippe Frère. À présent, on attend avec impatience que la Métropole mette en révision le PLUM [plan local d’urbanisme métropolitain], pour rouvrir des espaces et autoriser des réimplantations. Des procédures d’urgence vont permettre de se réimplanter sans passer par le PLUM. Le problème, c’est de trouver des terrains... et des propriétaires qui veuillent bien vendre ! »
Dans le hameau de Vievola, à Tende, Jean-marie et Séverine Lanteri cumulent les problèmes. Ils ont perdu une partie de leur terrain, un accès, la route vers le Piémont, et ils risquent de devoir laisser leur maison, classée en zone rouge. Alors ils jouent les prolongations à Castérino, où leur troupeau peut se nourrir à foison. Et ils envisagent de vendre leurs produits sur le littoral, faute de ventes suffisantes en altitude. Une première.
« Les agriculteurs sont des gens robustes. Du fait de nos métiers, ils sont habitués à relever les défis. Ils ont relevé celui-là. Aujourd’hui, on les a tous conservés », salue Jeanphilippe Frère. Il songe néanmoins à l’un des leurs, « Joseph » Giordano, emporté par les flots au col de Tende.