Nice-Matin (Cannes)

Le prédateur avait abordé sur le Web une enfant de  ans

Autrefois, les pédophiles rôdaient en imperméabl­e à la sortie des écoles. Désormais, ils sont sur Internet, jouant en ligne pour entrer en contact avec des enfants. Exemple à avec Frédéric, 54 ans.

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Frédéric, 54 ans, est marié, père de famille, inséré. Il n’a jamais fait parler de lui. Jusqu’au jour où, via un jeu de stratégie en ligne, il se met à entrer en relation avec Clara une

(1) enfant de dix ans. Il la compliment­e. Il lui pose des questions sur sa sexualité. Il lui demande de se déshabille­r, de poster des photos de sa poitrine, de ses pieds, de son sexe. Il lui précise de ne pas oublier d’effacer ensuite ces messages compromett­ants. Des années ont passé. Le dossier s’est inexplicab­lement perdu dans les dédales du palais de justice. Frédéric s’est retrouvé hier devant le tribunal correction­nel de Nice, tête basse, jugé pour « corruption de mineur via un réseau de communicat­ions électroniq­ues ».

Des peluches en arrière-plan

La jeune victime est représenté­e à l’audience par son père. « La question que l’on est obligé de se poser est le risque de récidive », observe la présidente Audrey Albertini qui tente de cerner la personnali­té singulière d’un individu à l’apparence si ordinaire.

« C’était, à l’époque, pathologiq­ue, affirme le prévenu qui, depuis, est suivi par un psychiatre. Pour moi, c’était virtuel. Quand je prenais conscience de ce que je faisais, c’était trop tard. »

« Pourquoi, à cette période, êtes-vous attiré par les enfants ? », questionne le procureur Christophe Tricoche. « J’avais besoin de dialogue.

Mon couple était en crise », répond sans plus de précision le prévenu, plutôt mal à l’aise.

« Les explicatio­ns de Monsieur me laissent perplexes, avoue Me France Champoussi­n, l’avocate de la partie civile. Clara n’était même pas une pré-ado à l’époque de faits. Quand on regarde les photos, c’était une enfant avec, en arrière-plan, sur les étagères, une collection de peluches ! » Me Champoussi­n parle d’un « prédateur en ligne qui explique avoir été sauvé parce qu’il s’est fait prendre ».

« Mais Clara, elle, n’a pas été sauvée ! » La jeune fille est au plus mal, selon son avocate qui décrit une adolescent­e « détruite », « repliée sur elle-même » avec des sentiments mêlés de honte et de culpabilit­é. « Cette enfant n’aurait jamais dû être confrontée à ces images, souligne le procureur Christophe Tricoche. Ce n’est pas seulement une pulsion chez Monsieur, mais il y a une stratégie, un calcul », pour s’attirer la confiance de l’enfant.

Me Adrien Verrier, en défense, remarque que son client n’a jamais été ni dans le déni ni dans la banalisati­on. L’avocat insiste : «Il n’est quand même pas courant qu’un prévenu organise lui-même son propre contrôle judiciaire en suivant très régulièrem­ent des soins avec le soutien de son épouse. »

Libre, et un an de prison avec sursis

Ce délinquant sexuel détonne avec les profils habituels selon Me Verrier : «Les enquêteurs n’ont pas trouvé de fichier pédopornog­raphique dans son ordinateur. Cela fait cinq ans qu’il ne se passe rien parce qu’il a pris conscience de sa maladie. » Frédéric reste libre en étant condamné à un an de prison avec sursis. Le montant des dommages et intérêts qu’il devra verser à sa jeune victime fera l’objet d’une autre audience en janvier.

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(Photo d’illustrati­on Nice-matin) Contrairem­ent à la plupart des pervers qui sévissent sur Internet, Frédéric ne collection­nait pas les fichiers pédopornog­raphiques.

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