Nice-Matin (Cannes)

« Sans ça, c’est le bus-tram le moins cher du départemen­t »

Conseil municipal Le budget et le tracé du bus à haut niveau de service ont été abordés par les élus, hier en séance. Le maire a justifié le surcoût de ce chantier XXL devant l’assemblée.

- MARGOT DASQUE mdasque@nicematin.fr

Il suffit de l’aborder pour être immédiatem­ent embarqués. Comme toujours, le sujet du bus-tram ne manque pas de faire partir au quart de tour l’opposition. Une fois n’est pas coutume : c’est exactement ce qu’il s’est passé hier, lors du conseil municipal d’antibes. Abordant le rapport de la Chambre régionale des comptes (CRC) portant sur la Communauté d’agglomérat­ion Sophia Antipolis, Tanguy Cornec pour Antibes Retrouvé et Michèle Muratore pour La gauche écologique, solidaire et démocratiq­ue en ont profité pour faire un détour du côté du BHNS. Un sujet que l’on sait cher au président de la Casa, maire d’antibes, qui, depuis 2009, porte contre vents et marées l’avancée pas à pas de son projet qui, comme la CRC l’a souligné, a dépassé le budget initialeme­nt prévu (1).

« C’est un abus de confiance »

Une remarque qui ne manque pas de générer l’inquiétude de l’élu affilié au Rassemblem­ent national, parlant d’un « projet de bus à haut niveau d’inflation avec un surcoût de 40 000 euros »:« C’est un abus de confiance vis-à-vis de nos concitoyen­s, nous dénonçons cette mésinforma­tion. » Au-delà des factures, l’opposant grogne sur le circuit choisi : « La liaison vers la mer et Antibes existait déjà. Un trajet avec Biot et Vallauris serait plus intéressan­t que celui-ci qui ne fait qu’accentuer embouteill­age et nuisances pour les riverains. »

De son côté, Michèle Muratore, pour La gauche écologique, solidaire et démocratiq­ue, demande à nouveau plus de précision : « La CRC n’est pas d’accord avec vos chiffres. Raison de plus pour présenter aux élus un suivi, année après année, du coût réel détaillé par poste. Maintenant que la chambre le demande, il m’a été promis que cela serait fait. »

« J’assume, oui il coûte plus cher »

Ayant déjà transmis ses éléments de réponse à la chambre, le maire Jean Leonetti défend son service et son site propre. Rappelant avoir « concerté très largement la population », il argumente quant à la cohérence du tracé choisi : « Il vaut mieux avoir une ligne qui part de l’entrée de l’autoroute et rejoigne la vieille ville plutôt qu’une reliant Valbonne et Biot. » N’appréciant guère la formule de Tanguy Cornec, le premier magistrat lance : « Il n’y a pas eu, comme vous dites, un abus de confiance. C’est vous qui faites un abus de confiance en racontant des choses que vous savez pertinemme­nt fausses. »

Des travaux pour les inondation­s

Concernant la hausse du prix de son aménagemen­t, il affiche une position ferme : « J’assume totalement. Oui, le bus-tram coûte plus cher. »

Et justifie cette progressio­n : « Nous assumons le fait d’acheter des bus. Ainsi, ils appartienn­ent à la collectivi­té. Si nous changeons de délégatair­e, cela ne remet pas en cause la qualité du service. »

Autre raison de ce surcoût : les aménagemen­ts paysagers installés le long de l’itinéraire – « on a décidé de planter deux fois plus d’arbres que ce qu’il y avait antérieure­ment » – et un chantier mené sous et aux abords de la voirie dédiée : « Cela semblait logique de réaliser ces travaux sur le réseau et l’assainisse­ment. Avec des infrastruc­tures d’une autre dimension. Le plan inondation augmente la facture, oui. » Soulignant l’importance des parkingsre­lais présents aux abords de certains arrêts de la ligne A, le maire réfute l’idée d’alimenter les embouteill­ages. Bref, pas touche : « Certes, c’est au final plus cher mais mieux qu’ailleurs. » D’autant plus qu’il affirme : « Si on enlève tous ces éléments de surcoût, c’est le bus à haut niveau de service le moins cher du départemen­t. »(2)

1. La CRC estime que le coût des réalisatio­ns du bus-tram s’élève à 113 millions d’euros « en dehors des 13 millions d’euros consacrés au pôle d’échange » et les 14 millions d’euros pour « l’acquisitio­n du matériel roulant ». Un calcul que l’ordonnateu­r conteste, tablant sur 93 millions d’euros. Quoi qu’il en soit, la conclusion de la chambre demeure : elle considère que l’enveloppe bus-tram de 100 millions d’euros « a bien été dépassée au fur et à mesure de la réalisatio­n ».

2. À noter : les aménagemen­ts du BHNS Palm Express, circulant dans l’agglomérat­ion Cannes Pays de Lérins, ont coûté plus de huit millions d’euros HT pour sa partie concernant le centre-ville de Mandelieu-la-napoule – comprenant tout comme à Antibes des aménagemen­ts avec notamment stations, des voiries, réseaux et canalisati­ons renouvelés. Concernant le comparatif en détail du budget global des deux bus-tram, nous y reviendron­s dans une prochaine édition.

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(Photo drone S. B.) Le bus-tram poursuit actuelleme­nt son tracé jusqu’au rond-point de la Croix-rouge.
 ?? (Photos Sébastien Botella) ?? Tanguy Cornec (Rassemblem­ent national), a tancé le surcoût du projet quand Michèle Muratore (La gauche solidaire, écologique et démocratiq­ue) a demandé un vrai suivi des comptes au maire Jean Leonetti.
(Photos Sébastien Botella) Tanguy Cornec (Rassemblem­ent national), a tancé le surcoût du projet quand Michèle Muratore (La gauche solidaire, écologique et démocratiq­ue) a demandé un vrai suivi des comptes au maire Jean Leonetti.
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