Alice Faget, ans : « Je n’ai pas la clé du paradis »
Elle tient dans ses mains une jolie rose. Alice Faget garde le souci du détail à l’occasion de son centième anniversaire. Elle accueille chacun de ses invités en se levant. « C’est ainsi que font les gens bien élevés », s’exclame-t-elle d’une voix fluette au milieu des siens. Même si sa mémoire “doute” parfois dans les méandres de souvenirs nombreux, celle qui dit « avoir appris la vie à la ferme, pendant la guerre », s’estime heureuse d’avoir « gardé » tout son cerveau. « Seulement quelques soucis de vue », avoue-t-elle en chuchotant.
Originaire du Maine-etloire, passée par Toulon, ce n’est qu’en 1972 qu’alice Faget devient Antiboise, suivant son mari alors déplacé pour le travail. “J’ai roulé ma bosse un peu partout en France et à l’étranger. Et puis on s’est posé à Antibes. Je dois dire qu’on y vit mieux qu’à Toulon .»
« Humour et générosité ». Ce sont les deux mots choisis par Didier pour qualifier sa grand-mère. L’humour, tout d’abord, lorsqu’alice termine de sortir d’une grande boîte quelques friandises. « Et maintenant, c’est moi qu’on met dans la boîte ? », plaisante la centenaire. « Le plus tard possible mamie », répond Didier sous les éclats de rire.
Générosité, ensuite, comme en témoigne Monique Samson, une amie de la famille : « Elle a toujours pensé aux autres, plus qu’à ellemême .»
Preuve en est lorsque l’aïeule tient à rendre hommage à son mari, parti il y a 15 ans. « J’espère que vous me le mettrez à l’honneur. Louis Auguste Léon Faget. Il nous regarde de là-haut.” Son secret de jouvance ? La plus jeune centenaire d’antibes fait mine, avec humilité, de ne rien savoir. « Peut-être le whisky, rigolet-elle une énième fois. Pas plus haut que le pouce. Mon docteur m’a dit que ça nettoyait ! » Peut-être aussi grâce aux 1.500 pas qu’elle fait chaque jour, les comptant de tête. Ce n’est qu’en raccompagnant poliment à sa porte l’un de ses hôtes qu’elle livre enfin sa précieuse recette : « Etre gai avec autrui, voilà le secret .»