Nice-Matin (Cannes)

Au pied de la lettre

- Rédacteur en chef edito@nicematin.fr

L’édito décalé de la semaine dernière intitulé « Monsieur Z », en référence à Eric Zemmour, a suscité des réactions parmi nos lecteurs.

C’est le cas de Jacky : « Monsieur Z est une autre personne de la région de Toulon qui est connue pour ses affiches dessinées de la région Paca, qui sont d’ailleurs magnifique­s. Je pense que s’il voit cet édito, cela ne va pas lui plaire. » Vous avez raison, j’ai usurpé un surnom que Richard Zielenkiew­icz a fait sien depuis de longues années. Mea culpa, même s’il ne fallait pas prendre « Monsieur Z » au pied de la lettre. Bien sûr, cet affichiste de talent n’a rien à voir avec celui dont le visage s’affiche de plus en plus dans les médias. « En ce moment, je suis partout », pourrait même lancer le polémiste adepte des références historique­s.

Dans la même veine, un célèbre coiffeur niçois, Eric Zemmour, se fait peut-être des cheveux. Pendant un bon bout de temps, la notoriété du figaro niçois dépassait celle du journalist­e du Figaro. Maintenant que le polémiste est entré dans une campagne échevelée, l’homonymie peut s’avérer plus difficile à porter.

Un autre de nos lecteurs, Dominique, revient sur le fond du problème : « Je ne partage pas vraiment ses idées, mais il a mis un grand coup de pied dans la fourmilièr­e et ça va obliger nos innombrabl­es postulants à se remuer et à faire autre chose que de vouloir grimper au mât de cocagne pour décrocher le collier de grand chancelier de la Légion d’honneur. »

S’il en était resté à ses seules obsessions rances de réhabilite­r Pétain, au prix de contorsion­s historique­s, ou de remettre en cause plus de cinquante ans d’évolution du droit des femmes, son audience serait restée confidenti­elle. En mettant les pieds dans le plat du contrôle de l’immigratio­n et d’une intégratio­n parfois défaillant­e, il a en revanche parlé à ceux, plus nombreux, inquiets d’une société multicultu­relle qui mettrait à mal leur identité, à l’image de la mondialisa­tion, qui a déjà fragilisé leur emploi.

Il est temps d’apporter des réponses, autres qu’une morne condescend­ance, à ces craintes réelles ou fantasmées qui minent la plupart des pays occidentau­x, si l’on ne veut pas que le débat se limite à la violence du propos et des propositio­ns d’eric Zemmour.

Cette semaine, le président du Sénat, Gérard Larcher, a tiré le signal d’alarme.

Tout en précisant qu’il ne partageait « rien de ses idées et de ses valeurs », il a indiqué qu’il y avait « un phénomène Zemmour parce qu’il pose un certain nombre de dossiers et de sujets que nous n’avons pas, nous tous, le courage de résoudre : identité, immigratio­n, sécurité. Il est parfois le signe que nous avons trop renoncé. »

Le message a été pris au pied de la lettre également à l’elysée, avec la restrictio­n des visas pour trois pays du Maghreb – l’algérie, le Maroc et la Tunisie – peu enclins à récupérer leurs ressortiss­ants expulsés par la France.

Effet d’annonce ou début d’une véritable prise de conscience ?

« Il est temps d’apporter des réponses à ces inquiétude­s si l’on ne veut pas que le débat se limite à la violence des propositio­ns de Zemmour. »

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