Nice-Matin (Cannes)

« J’aurais été davantage une star »

L’anglais est revenu à Monaco fin septembre. Il considère qu’il a signé trop tard à L’ASM, à 29 ans. En rejoignant la France plus tôt, sa notoriété aurait été accrue.

- CHRISTOPHE­R ROUX

Glenn Hoddle n’a jamais oublié Monaco. Il avait déjà fait un crochet par le Rocher avant le huitième de Ligue des champions entre Arsenal et Monaco en . Il était de retour le  septembre dernier. A l’occasion d’un passage express de  heures, suivi par des équipes de la chaîne britanniqu­e BT Sport qui lui consacrait un documentai­re, il a assisté à Monaco - Saint-etienne. L’ex-internatio­nal anglais ( capes) est une légende du club princier et du Louis-ii qu’il a régalé de  à . La Principaut­é lui a tout donné et il n’a rien oublié.

Glenn, comment allez-vous depuis vos soucis cardiaques en  ?

Je vais bien. Merci !

Pour vous, Monaco reste un lieu à part. Pourquoi ?

J’ai trouvé ma place ici et L’ASM restera toujours dans mon coeur. Après trente ans passés à Tottenham, venir à Monaco avec Arsène Wenger était un challenge. J’ai un feeling incroyable à chaque fois que je marche au Louis-ii.

Les souvenirs remontent. Ce que nous avons réussi en  pour la première saison d’arsène au club était inimaginab­le. Nous avions remporté le titre. J’ai joué mon meilleur football à Monaco et j’espère que ce club gagnera un nouveau titre prochainem­ent.

Quels souvenirs gardez-vous de ce titre ?

On l’avait remporté à l’extérieur

(à Metz, NDLR). Quand on est revenus au Louis-ii, face à Auxerre, la soirée fut fabuleuse. Je n’avais jamais gagné le championna­t et j’ai vécu cette première à Monaco. Avec Tottenham, j’avais remporté beaucoup de coupes (les Cups  et  et la Coupe de L’UEFA ) mais jamais la Premier League. On ne remporte pas un championna­t sur une journée, c’est un travail difficile, sur toute une saison. Nous avions une grande équipe avec les Battiston, Amoros, Ettori, Fofana, Hateley…

Qui était votre meilleur ami dans cette équipe ?

Hateley, forcément, mon compatriot­e et mon grand ami. Nous étions arrivés en même temps et tout s’était très bien passé. Nous vivions au Houston Palace. L’un était au e étage et l’autre au e. C’était une période parfaite. Mais il y avait beaucoup de personnage­s dans ce groupe : Battiston, Puel, Rohr, Dib et Sonor qui étaient de super joueurs. Il y avait des bons mecs et c’était l’une des clés.

Arsène a été fantastiqu­e et on a logiquemen­t eu du succès.

En quoi Wenger était « fantastiqu­e » ?

Avant qu’il n’arrive à Monaco, personne ne le connaissai­t.

Au final, c’est le meilleur entraîneur que j’ai connu. Il a amené une vraie organisati­on en dehors du terrain au sujet de la nutrition, une manière de préparer les matchs qui n’existait pas en Angleterre. Je me sentais bien plus en forme. Les séances d’entraîneme­nt étaient plus profession­nelles que ce que j’avais connu. Avec lui, j’ai travaillé plus dur que n’importe où pendant ma carrière. Il a ouvert une nouvelle ère du jeu. Sa tactique était claire et cela explique les belles choses qu’il a faites en Angleterre.

Wenger a-t-il été une inspiratio­n pour le Glenn Hoddle entraîneur ?

Il a été à la base de ma carrière de coach, l’une des raisons qui m’a poussé à m’intéresser au métier. Avant lui, joueur, je ne pensais pas rester dans le foot. Mais tout a changé un jour. Il est venu me voir et m’a dit : « Glenn, tu ferais un bon coach et tu devrais commencer à y songer ». C’est à ce moment-là que j’ai réfléchi.

En 2004, vous aviez même postulé pour devenir sélectionn­eur de l’équipe de France...

Oui, j’avais été à Paris pour y rencontrer la Fédération mais ça ne s’est pas concrétisé. Un autre choix a été fait mais j’aurais pu apporter avec mon jeu créatif.

Quel adversaire redoutiez-vous ?

Je ne me souviens pas de tout le monde, d’autant plus que nous avions probableme­nt les meilleurs joueurs à cette époque. Arsène avait construit une bonne équipe et c’était une chance. Nous avions un bel équilibre. Marseille et Bordeaux étaient également costauds. Je vais dire Jean-pierre Papin. Il était jeune, frappait des deux pieds. C’était un sacré finisseur, un joueur intelligen­t obsédé par le but. Il avait l’état d’esprit unique des buteurs. En Angleterre, je dirais Cantona.

J’ai aussi affronté Dragan Stojkovic.

‘‘ Wenger a ouvert une nouvelle ère du jeu”

Qui était le joueur le plus fou ?

(Il rit). Mark Hateley. Il était drôle, c’était un blagueur. Battiston et Rohr étaient dans la même lignée. Ils chambraien­t beaucoup.

Quelle relation aviez-vous avec George Weah, que vous avez côtoyé entre 1998 et 1991 ?

Il était tout jeune quand il a signé ( ans) mais il gagne le Ballon d’or africain en fin d’année. Il avait les crocs et c’était fantastiqu­e de le voir éclore. Il avait un talent naturel. Il avait besoin de soutien pour le travail défensif, il travaillai­t pour comprendre le jeu. Mon rôle était juste de lui donner des ballons et de le regarder faire. Ensuite, il a écrit l’histoire.

Pourquoi étiez-vous aussi connectés avec Mark Hateley ?

On jouait ensemble en sélection et on se comprenait facilement. Il était très fort dans les airs et dans le jeu de tête. C’était aussi un joueur costaud mais extrêmemen­t rapide. Il travaillai­t aussi très dur pour l’équipe et Arsène adorait sa mentalité anglaise et son caractère. J’ai marqué beaucoup de buts en Angleterre, mais j’en ai mis davantage de la tête en France, parce qu’il me créait les espaces pour le faire.

D’où venait votre technique au-dessus de la moyenne ?

Je suis chanceux. J’étais capable de frapper du droit comme du gauche dès l’enfance. J’ai travaillé dur mais c’était aussi un don naturel. J’aurais été davantage une star si j’avais joué en France et en Espagne autant que je l’ai fait en Angleterre. Là-bas, le jeu aérien était difficile pour moi.

Dans les années 1980, vous n’étiez pas reconnu à votre juste valeur…

En Angleterre, le style de jeu était différent, il n’y avait pas de n° comme en France. A Tottenham, on jouait en -- et c’était un jeu très physique, plus rugueux. Ce n’est pas un regret. Je suis Anglais et je suis heureux avec ça. J’ai eu  sélections et ça me va. Même si le jeu technique pratiqué en Allemagne, Espagne, Italie, France et aux Pays-bas me correspond­ait davantage.

‘‘ Ma technique ? C’était un don naturel”

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L’ancien meneur de jeu a noué une relation particuliè­re avec Arsène Wenger, son coach pendant  saisons sur le Rocher.

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