Nice-Matin (Cannes)

Prisons : Emmaüs et le Secours catholique dénoncent un « processus de criminalis­ation de la misère »

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« C’est un cercle vicieux », souligne Antoine Sueur, président d’emmaüs France. « La prison fonctionne aujourd’hui comme un mode de gestion de la pauvreté, à l’abri des regards, et contribue indéniable­ment à l’aggravatio­n de la précarité, loin de sa mission première de réinsertio­n », déplore Emmaüs France et le Secours catholique dans leur rapport publié hier. Ce terrible constat est étayé par un questionna­ire diffusé en mars 2019 dans 71 établissem­ents pénitentia­ires. Sur les 1 119 détenus ayant répondu par écrit, 45 % se sentaient en situation de pauvreté avant d’être incarcérés, cette proportion s’élève à 70% au cours de la détention, dont 33 % estiment que leur situation a empiré depuis leur incarcérat­ion.

Vingt-cinq préconisat­ions

Le rapport évoque des ressources insuffisan­tes pour faire face au coût de la vie en détention. Les produits alimentair­es ou d’hygiène, vendus, via un système dit de «cantine», à des prix plus élevés qu’hors les murs, grèvent notamment les finances des détenus. Autre point noir et frein à la réinsertio­n : l’accès à l’emploi. La moitié des personnes interrogée­s travaillai­ent avant leur incarcérat­ion. Une fois écrouée, une personne sur cinq n’a ni emploi ni formation profession­nelle ni enseigneme­nt scolaire au cours de sa détention. Selon des chiffres communiqué­s en mai par une agence du Ministère de la Justice, un peu moins de 30 % des détenus travaillen­t actuelleme­nt. Le rapport avance vingt-cinq préconisat­ions, dont une refonte de la «cantine», avec baisse des tarifs sur les produits de première nécessité et mise en place d’un tarif différenci­é pour les détenus sans ressources.

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