Il porte la voix de Joséphine Baker 50 ans après sa mort
Laurent Kupferman, auteur du documentaire « Joséphine Baker, un destin français », présentera une conférence, le 11 octobre à Cannes, sur la première femme métisse entrée au Panthéon.
Quand Joséphine Baker s’est éteinte, en avril 1975, Laurent Kupferman n’avait que neuf ans. L’essayiste et chroniqueur littéraire ne l’a jamais rencontré. Mais la vie de l’artiste et résistante, il la connaît sur le bout des doigts. « J’ai lu tout ce qui était possible sur cette femme. Je me demandais si elle n’avait pas dérapé à un moment. Mais non, elle est véritablement admirable… »
L’auteur du documentaire « Joséphine Baker, un destin français », présentera une conférence sur la militante le mardi 11 octobre à l’espace Miramar, à Cannes.
Comment se déroulera votre conférence ?
Je vais, évidemment, raconter sa vie. Mais l'idée n'est pas de présenter une biographie. Plutôt expliquer pourquoi elle est entrée au Panthéon. À ce jour, il n’y a que 81 personnalités panthéonisées. C'est extraordinaire. Elle est née à Saint-louis, dans le Missouri. Et elle finit dans l'histoire de France. Chapeau, bravo Madame !
Quel message souhaitezvous faire passer ?
Rappeler les valeurs d'égalité et de liberté. Joséphine Baker ne s’est jamais contentée d'accomplir. Elle a toujours mis sa notoriété au service de valeurs, et a continué à se battre.
Qu’admirez-vous en cette femme ?
Elle est profondément libre. Quand elle naît, il y a tout contre elle. Sa famille est plus que modeste, son pays pratique la ségrégation. Son destin aurait été de se retrouver dans le ghetto à Saint-louis. Mais elle l’a pris en main. C’est une icône pour tout le monde. C’est une féministe par exemple, pas par politique.
Avec votre pétition « Osez Joséphine » aux 38 000 signatures, vous êtes à l’origine de son entrée au Panthéon. Pourquoi avezvous tant tenu à cette décision ?
En 2013, Régis Debray avait déjà lancé l’idée. J’ai trouvé cela génial. C’était de l’évidence. Puis c’est tombé aux oubliettes. Finalement, le temps est enfin arrivé pour Joséphine Baker. Il faut aussi rendre hommage à Emmanuel Macron (1), qui nous a reçus dans son bureau pour que l’on parle de son éventuelle panthéonisation. Au bout d’une heure d’entretien, il nous a regardés et nous a dit : « Eh bien… c’est d’accord. » Cela n’arrive pas beaucoup dans une vie.
Tout au long de sa vie, la résistante a mené mille combats. Y en a-t-il encore d’actualité ?
Ils sont encore tous d'actualité. On compte le droit des femmes, même si elle n'était pas une militante. Le racisme et l'antisémitisme étaient aussi ses chevaux de bataille. Ce sont des problématiques qui nous menacent partout dans le monde. Même en France. Quant à la fraternité, il faut se souvenir de cet idéal.
En septembre dernier, Cannes a baptisé une jetée Joséphine-baker.
C’est magnifique. J’ai pu assister à l’inauguration. J’ai été impressionné par l’exploit technique, et ça permet d’avoir une autre vue de la Ville. C’est touchant qu’une ville aussi prestigieuse que Cannes lui rende hommage.
Maintenant que vous êtes parvenu à une union nationale autour de ce personnage historique, quelle sera la prochaine étape de votre cause ?
Beaucoup de choses… Je vais continuer à porter son message. Que ce soit en intervenant dans les écoles ou en organisant des conférences. C’est important pour la Nation, pour le monde.