Nice-Matin (Cannes)

La dernière nuit de Laëtitia reconstitu­ée par les enquêteurs

Le procès de Mickaël Reynaud, 37 ans, accusé d’avoir tué sa concubine âgée de 31 ans le 1er janvier 2020 à Toulon, s’est ouvert hier devant la cour d’assises du Var à Draguignan.

- 1. Et non un assassinat, comme écrit par erreur hier. V. W.

Le regard est noir, la tension presque palpable. Sur le banc des parties civiles, serrés par l’émotion, les membres de la famille de Laëtitia Hemery fixent durant de longues minutes le meurtrier de leur mère, de leur fille, de leur soeur. En silence.

Dans le box des accusés, Mickaël Reynaud. Massif. Le crâne rasé, un bouc grisonnant, des mains aussi larges qu’une poêle. Lui aussi va mettre de longues minutes avant de livrer ses premiers mots à la cour d’assises du Var : « Je n’aurais jamais pensé que ma relation avec Laëtitia en arrive jusque-là. Je pense aux enfants, souvent. J’ai semé le chaos. Il n’y a aucune raison valable pour frapper une femme. Et encore moins tuer… »

Un travail titanesque

C’est pourtant ce qu’il a fait, le 1er janvier 2020 (lire nos éditions précédente­s). À l’époque, durant trois semaines, il avait nié tout lien dans la disparitio­n de sa concubine. Jusqu’à ses aveux, circonstan­ciés, le 23 janvier. Les gendarmes en charge de l’enquête n’avaient alors déjà plus aucun doute sur la responsabi­lité de cet habitant de La Crau de 37 ans. Mais ils leur manquaient un corps. Sur indication­s du suspect, ils retrouvero­nt la dépouille de la mère de famille de 31 ans au pied d’une falaise au mont Faron, non loin du mémorial du débarqueme­nt de Provence. Morte, selon le médecin légiste, par étrangleme­nt.

Mis sur la piste de Mickaël Reynaud par des témoins de la soirée agitée du couple le 31 décembre 2019 - témoins entendus aujourd’hui par la cour - les gendarmes de la brigade territoria­le de La Valette avaient pu s’appuyer sur le réseau de caméras de vidéosurve­illance de la ville de Toulon, des restaurant­s et même d’un particulie­r pour retracer minute par minute les pérégrinat­ions du mis en cause. Un travail titanesque réalisé en à peine trois jours.

Un gérant excédé par « la mauvaise ambiance »

Avant de se terminer par un meurtre par conjoint(1), la nuit avait ainsi commencé sous le signe de la complicité amoureuse entre Laëtitia Hemery et Mickaël Reynaud. Autour de whisky cocas au Havana, au vu des captations visionnées par la cour, le couple passe du bon temps. Il est alors 19 h 30. Laëtitia et Mickaël prennent ensuite la direction de l’hôtel Best Western, au Mourillon. Tout semble au beau fixe.

À 21 h 27, ils se rendent au Satyn’s, mais repartent aussitôt car, pour cette soirée du Nouvel An, la direction du restaurant demande de régler avant de consommer. Les amants se replient alors vers le Dakota. Là, les esprits s’échauffent peu à peu, Mickaël reprochant à Laëtitia de flirter avec une femme. À 1 h 31, excédé par « la mauvaise ambiance » créée par le couple au sein de son établissem­ent, le gérant leur demande de partir.

Une demi-heure pour faire 150 mètres

« À 1 h 52, le véhicule de Mickaël Reynaud est filmé sur le littoral Frédéric-mistral, détaille l’enquêteur à la cour . Il sera revu à 2 h 22 sur une autre caméra, à seulement 150 mètres de là… » Durant cette demi-heure, Mickaël Reynaud a tourné boulevard Toucas. C’est là, au prétexte d’une remarque désobligea­nte, qu’il aurait étranglé Laëtitia. La suite ? Un mystérieux arrêt sur le parking de la chapelle Sainte-agathe, au Cap Brun. Puis un retour à l’hôtel où il finira la nuit. À cet instant, le corps de Laëtitia se trouve à l’arrière de son utilitaire. Il y restera quand Mickaël Reynaud retournera chez lui, à La Crau, au matin. À 8 h 57, le carreleur est filmé en direction du Faron, corniche Marius-escartefig­ues. Depuis le haut d’une falaise, il fera « glisser » le corps de sa victime. Elle y restera trois longues semaines.

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(Croquis d’audience Rémi Kerfridin) Les gendarmes ont eu rapidement la conviction de la culpabilit­é de Mickaël Reynaud.

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