Nice-Matin (Cannes)

Un procès ordonné contre Éric Dupond-moretti

C’est une première pour un garde des Sceaux en exercice : la Cour de Justice de la République (CJR) a ordonné hier un procès contre Éric Dupond-moretti, soupçonné de conflits d’intérêts.

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Le ministre de la Justice a-t-il profité de sa fonction pour régler des comptes avec des magistrats à qui il s’était opposé lorsqu’il était avocat ? C’est précisémen­t ce que cherche à savoir la Cour de Justice de la République, qui a donc ordonné hier un procès contre Éric Dupondmore­tti. Ses avocats ont « immédiatem­ent » formé un pourvoi en cassation.

Selon Me Lorrain, il appartient « désormais à l’assemblée plénière de la

Cour de cassation de se saisir de ce dossier » avec une nouvelle décision sur l’ensemble de la procédure, « et de se prononcer notamment sur les nombreuses irrégulari­tés qui ont émaillé ce dossier depuis deux ans ».

L’ex-avocat garde la confiance de Matignon

Le pourvoi n’annule pas le renvoi, mais en suspend les effets. Selon une source proche du dossier, il n’est pas possible de dire à ce jour à quelle échéance la Cour de cassation rendra sa décision.

Le renvoi pour prises illégales d’intérêt du ministre devant la CJR, seule habilitée à juger les membres du gouverneme­nt pour des crimes ou délits commis dans l’exercice de leur mandat, ne manquera pas de poser une nouvelle fois la question du maintien au gouverneme­nt de l’ancien pénaliste.

« Nous estimons que sa démission du gouverneme­nt permettrai­t d’éviter que cette séquence ne nourrisse le sentiment de défiance de l’opinion publique à l’égard de l’ensemble de la classe politique », a estimé L’ONG Transparen­cy Internatio­nal.

Matignon a indiqué que l’ex-avocat avait « toute la confiance de la Première ministre » Élisabeth Borne et que « la question de son maintien au gouverneme­nt ne se (posait) pas ». Nommé à la tête de la Chanceller­ie à l’été 2020 et reconduit à ce poste après la réélection en mai d’emmanuel Macron, Éric Dupond-moretti répète sans cesse tenir sa « légitimité du président de la République et de la Première ministre et d’eux seulement ».

Vers un « nouveau conflit d’intérêts » ?

Les deux principaux syndicats de magistrats, l’union syndicale des magistrats (USM) et le Syndicat de la magistratu­re (SM) ont souligné dans un communiqué une situation « inédite » pour le ministre, au vu des soupçons d’« atteinte grave à la probité » qui lui valent ce procès, craignant un « nouveau conflit d’intérêts » s’il « devait nommer son propre accusateur » après le départ programmé à la retraite, en juin, de François Molins.

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