Nice-Matin (Cannes)

Le n°2 de l’élysée, Alexis Kohler, mis en examen

Le secrétaire général de l’élysée et plus proche collaborat­eur d’emmanuel Macron a été mis en examen. Il est soupçonné de conflit d’intérêts en raison de ses liens familiaux avec l’armateur italo-suisse MSC.

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Alexis Kohler, a été mis en examen en septembre à Paris pour prise illégale d’intérêts dans le cadre de l’informatio­n judiciaire visant ses liens familiaux et profession­nels avec l’armateur MSC.

Le 23 septembre, le numéro deux de l’élysée a également été placé sous le statut plus favorable de témoin assisté pour trafic d’influence.

Mediapart à l’origine

L’affaire est née après la publicatio­n en 2018 de plusieurs articles de Mediapart sur un éventuel conflit d’intérêts entre ses postes dans la fonction publique et ses liens avec l’armateur italosuiss­e Méditerran­éen Shipping Company (MSC), fondé et dirigé par les cousins de sa mère, la famille Aponte. Basé à Genève, MSC – l’un des plus grands transporte­urs de conteneurs au monde – est un important client de l’entreprise STX France (aujourd’hui renommé Chantiers de l’atlantique) qui gère les chantiers navals de Saint-nazaire. Suite aux articles de Mediapart, le Parquet national financier (PNF) avait ouvert une enquête préliminai­re, qu’il avait classée sans suite en août 2019 en indiquant que l’analyse des éléments recueillis « ne (permettait) pas de caractéris­er les infraction­s initialeme­nt suspectées ».

Mais l’associatio­n anticorrup­tion Anticor a obtenu la relance des investigat­ions en juin 2020 grâce à une plainte avec constituti­on de partie civile, qui permet la plupart du temps la désignatio­n d’un juge d’instructio­n.

Contestati­on

Alexis Kohler « conteste avec force avoir commis tout délit », a réagi dans un communiqué son avocat, Me Eric Dezeuze. Au cours de l’enquête préliminai­re, une douzaine de personnes ont notamment été entendues par la Brigade de répression de la délinquanc­e économique (BRDE), dont Alexis Kohler.

Ces investigat­ions avaient donné lieu à la rédaction de deux rapports de police successifs contradict­oire.

Deux rapports contradict­oires

Dans un premier – qualifié d’intermédia­ire par le PNF –, daté du 7 juin 2019 et faisant 34 pages, un enquêteur écrit par exemple qu’alexis. Kohler « ne prend aucune mesure pour organiser un déport formalisé », à savoir ne pas intervenir sur les questions liées à MSC lorsqu’il travaille pour le ministre Pierre Moscovici ou qu’il «ne met en place aucun déport » quand il est ensuite directeur de cabinet d’emmanuel Macron. Les conclusion­s du second rapport, plus court de 11 pages et daté du 18 juillet 2019, sont moins sévères : le même enquêteur détaille ainsi que des déports d’alexis Kohler ont bien été organisés quand il a travaillé à Bercy.

Emmanuel Macron avait luimême pris la plume via une « note personnell­e » en juillet 2019 faveur d’alexis Kohler et envoyée au parquet national financier (PNF) par son avocat, assurant que son collaborat­eur n’était jamais intervenu, au moment où il était son directeur de cabinet à Bercy, dans des dossiers liés à l’armateur italo-suisse MSC.

« Dans la mesure où le plus haut fonctionna­ire de l’etat est mis en examen pour prise illégale d’intérêts, la question qui se pose maintenant est celle de sa démission », aestimé

l’avocat d’anticor Jeanbaptis­te Soufron, évoquant un « énorme travail, sérieux et approfondi » des juges instructeu­rs.

L’élysée a réagi hier soir, assurant qu’alexis Kohler restait à son poste.

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(Photo EPA) Alexis Kohler occupe depuis 2017 une place centrale à l’élysée.

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