Luc Plamondon : « Avec Michel Berger, nous avons créé les chansons à Antibes »
« J’ai déjà fait six productions de Starmania, trois en France et trois au Canada, toutes étaient différentes. La dernière, donnée dans un opéra, rassemblait des chanteurs lyriques. Mais je crois que ma préférée est celle de 1988, avec Michel [Berger, ndlr]. Nous ne trouvions pas de metteur en scène, alors on l’avait fait nous-même, comme on voulait. »
Au palais Nikaïa, Luc Plamondon, blouson en cuir et lunettes aux verres fumés, a son fauteuil réservé à côté du metteur en scène, Thomas Jolly. L’auteur de l’opéra rock, avec Michel Berger, a ouvert les archives originelles pour aiguiller le dramaturge. « J’avais cinq metteurs en scène qui couraient après moi pour les quarante ans de Starmania ! On m’a proposé de dîner avec Thomas Jolly, je le connaissais, j’avais vu ses créations en Avignon mais il me paraissait être un personnage très théâtral, plutôt branché opéra. Je me suis dit que Starmania ne l’intéresserait pas... On s’est retrouvé au restaurant à 20 heures. Il m’a chanté toutes les chansons ! C’était incroyable. On est sorti du restaurant à 2 heures du matin, après avoir bu une bouteille de champagne chacun. C’est dingue. Il m’a fait penser à Michel Berger, le même air émerveillé... »
« Starmania a traversé les années sans se faner »
Puis les deux hommes ont passé en revue le livret et la trame musicale. Thomas a ensuite posé son regard sur cet opéra rock intemporel. « Avec Starmania, on peut choisir l’époque que l’on veut et ça marche. Les chansons – il y en a douze au moins qui sont des tubes – traversent les années sans se faner, c’est très rare. Et dire que ça fait quarante-cinq ans que Michel et moi les avons écrites ! » Retour au printemps 1977, au cap d’antibes. « Michel, plus studieux que moi, a dit qu’il faudrait quitter Paris pour avancer, nous mettre dans une bulle près de la mer...
Il n’aimait pas encore Saint-tropez. Alors on a trouvé cette maison à la Garoupe, au cap d’antibes, on allait faire des courses à pied à Antibes. Il y avait une cave, on y a mis le piano et dès qu’on avait envie de chanter, quand on avait écrit un couplet, on descendait », se remémore celui qui a aussi créé la comédie musicale Notre-dame de Paris en 1998. Deux mois après, Le Blues du businessman, La Complainte de la serveuse automate ou Le monde est stone étaient prêts. Des incontournables à réécouter dans cette version mise en scène par Thomas Jolly.
« C’est très beau, très fort, un peu noir... J’ai hâte que l’on découvre le résultat terminé. La chorégraphie de Sidi Larbi Cherkaoui est exquise, j’en voudrais plus encore ! » Si l’ordre des chansons a été réorchestré, les connaisseurs retrouveront ici la chanson Paranoïa gommée de certaines productions. « Ouf, on a notre procession du grand gourou ! » sourit Luc Plamondon.