Nice-Matin (Cannes)

Meurtre du Dramont 18 ans de réclusion

La cour d’assises a reconnu coupable Jérémy Orticoni du meurtre de Régis Tesson commis le 10 janvier 2018 à Saint-raphaël. La préméditat­ion n’a pas été retenue.

- V. W.

La cour d’assises du Var a prononcé hier après-midi un verdict de culpabilit­é à l’encontre de Jérémy Orticoni, déclaré coupable du meurtre du premier-maître Régis Tesson le 10 janvier 2018 à Saint-raphaël. Il a été condamné à 18 années de réclusion criminelle. L’avocat général David Malicot en avait requis deux de plus. Sur fond de conflit amoureux, l’accusé, alors premier maître au sémaphore de La Garoupe à Antibes, s’était rendu en catimini au domicile de la victime afin d’avoir une discussion franche au sujet de la relation que le gardien du sémaphore du Dramont avait entretenue avec Aurélie alors nouvelle compagne de Jérémy Orticoni (elle était à l’époque second maître à La Garoupe). Mais la discussion avait fait long feu. Et c’est à coups de barre de fer que s’était conclu l’échange, fatal pour Régis Tesson.

Honnêteté juridique

Malgré plusieurs éléments troublants dans l’enchaîneme­nt des faits, la cour d’assises n’a pas retenu la préméditat­ion à l’encontre de Jérémy Orticoni. C’est donc sous le seul chef de meurtre, et non pour assassinat, que le bientôt quinquagén­aire couvrira sa peine. À l’issue de quatre jours de débats, l’avocat général a lui-même estimé ne pas posséder suffisamme­nt de preuves concrètes d’un dessein homicide pour requérir cette qualificat­ion. Une honnêteté juridique qui ne l’a pas empêché d’égrener les différente­s zones d’ombre de ce dossier et le comporteme­nt pour le moins étrange de Jérémy Orticoni.

Un sauveur devenu bourreau

« Il a organisé sa venue chez Régis Tesson en prenant soin que personne n’en sache rien, a-t-il déroulé. Il a dit qu’il était malade à ses collègues du sémaphore de La Garoupe, a pris un véhicule qui n’était pas le sien, a laissé son téléphone sur son lieu de travail pour ne pas être joignable – une rupture franche avec ses habitudes –, s’est garé à distance de la villa de Régis Tesson, a attendu son interlocut­eur durant une heure dans le froid, s’est engouffré à sa suite dans le jardin. »

Autant d’éléments auxquels s’ajoute le

comporteme­nt suspect de l’accusé une fois son forfait commis, cherchant à faire passer l’agression mortelle pour un cambriolag­e ayant mal tourné. Et pourtant, malgré un an d’enquête, la police judiciaire n’est jamais parvenue à établir avec certitude la préméditat­ion.

À leur décharge, Jérémy Orticoni ne leur avait pas facilité la tâche, se débarrassa­nt dans la foulée de ses vêtements et de l’arme du crime, qu’il a toujours affirmé avoir trouvée sur place, lui qui possédait au moment de son interpella­tion « huit bâtons dans le coffre de sa voiture ».

Selon Me Clément Audran en défense, ces faits sont avant tout à remettre dans

leur contexte. « À l’époque, Jérémy Orticoni était déstabilis­é par sa procédure de divorce, sa situation financière était mauvaise et surtout, il était sous pression de la relation malsaine qu’aurélie entretenai­t avec Régis Tesson. » En voulant se positionne­r comme protecteur de celle qui se disait victime des agissement­s de son ancien amant, Jérémy Orticoni a perdu pied. Mis en échec dans son rôle de sauveur face à un Régis Tesson alors en passe de tourner la page, il a sombré dans une « pulsion réactionne­lle ».

De sauveur, il est devenu bourreau. Meurtrier.

1. Le prénom a été changé.

 ?? (Croquis d’audience Rémi Kerfridin) ?? Renvoyé devant la cour d’assises du Var pour assassinat, c’est finalement pour meurtre que Jérémy Orticoni, défendu par Me Clément Audran, a été condamné.
(Croquis d’audience Rémi Kerfridin) Renvoyé devant la cour d’assises du Var pour assassinat, c’est finalement pour meurtre que Jérémy Orticoni, défendu par Me Clément Audran, a été condamné.

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