La Russie montre les dents, Zelensky sonne l’alarme
Vladimir Poutine a menacé les Occidentaux de représailles à leurs livraisons d’armes lourdes. Kiev affirme que Moscou prépare une offensive d’ampleur.
C’est incroyable, mais des chars allemands, sur lesquels sont dessinées des croix, nous menacent à nouveau. » C’est le parallèle invraisemblable – mais dans la droite ligne de ses précédentes déclarations – qu’a dressé hier Vladimir Poutine à Volgograd (ex-stalingrad), à l’occasion des célébrations du 80e anniversaire de la victoire soviétique contre l’armée allemande à Stalingrad.
« Encore une fois, les successeurs d’hitler veulent se battre avec la Russie sur la terre ukrainienne en se servant des banderovtsy », a-t-il poursuivi, du nom des partisans de l’ultranationaliste ukrainien Stepan Bandera (1909-1959) qui avait collaboré avec les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. «
« Nous avons de quoi répondre » aux Européens
Et le maître du Kremlin de montrer ensuite les dents : « Ceux qui entraînent les pays européens, dont l’allemagne, dans une nouvelle guerre contre la Russie et présentent, de manière irresponsable, cela comme un fait accompli, ainsi que ceux qui s’attendent à vaincre la Russie sur le champ de bataille, ne comprennent visiblement pas qu’une guerre contemporaine avec la Russie sera complètement différente », a-t-il mis en garde. « Nous n’envoyons pas nos chars à leurs frontières, mais nous avons de quoi leur répondre, et cela ne se limitera pas à l’utilisation de véhicules blindés. »
Dans la foulée, son porte-parole, Dmitri Peskov, a précisé que la Russie « utilisera pleinement son potentiel existant » pour répliquer aux livraisons d’armes occidentales. L’automne dernier, le Kremlin avait tenu des propos similaires, interprétés comme une allusion à l’arme nucléaire.
Des propos qui résonnent de façon d’autant plus troublante alors que son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, a accusé hier la Russie – qui a actuellement l’avantage dans l’est de l’ukraine – de préparer une offensive d’ampleur, alors que se rapproche le premier anniversaire du début du conflit, le 24 février.
« La Russie est en train de concentrer ses forces, nous le savons tous. Elle veut se venger non seulement de l’ukraine mais aussi de l’europe libre », a-t-il déclaré en compagnie de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. À ses yeux, « le rêve d’une Europe pacifique ne peut être réalisé qu’avec l’ukraine, et seulement en battant la Russie ».
Cette conférence de presse commune se tenait juste avant une réunion de travail entre les équipes bruxelloises et celles de Volodymyr Zelensky, en vue d’un sommet Ueukraine qui doit se tenir aujourd’hui à Kiev en vue de l’intégration du pays à l’union. Au passage, le Président ukrainien a appelé les Européens à adopter « plus vite » de nouvelles sanctions contre la Russie. Ursula von der Leyen a pointé qu’un dixième volet en la matière était en préparation, qui devrait être annoncé dans les prochaines semaines.
Prague en faveur d’une aide « sans limite »
Sur le plan militaire, alors que Kiev enregistre des défaites dans la région clé de Bakhmout, le nouveau Président tchèque, Petr Pavel, a appelé à fournir une aide « sans limite en ce qui concerne les armes conventionnelles ». Après avoir tout juste entériné la livraison de chars lourds, les alliés de l’ukraine sont divisés sur la question des avions de combat, notamment des F-16, que réclame désormais Volodymyr Zelensky.
Une idée que rejette catégoriquement l’allemagne, tandis que les USA ont refusé lundi avant d’indiquer finalement mardi qu’ils « allaient parler » avec Kiev. La France s’est montrée prudente, affirmant que « rien n’est exclu », et les Pays-bas ont dit qu’ils allaient étudier la question « avec un esprit ouvert ». Et hier, le Royaume-uni a rejoint la position française, estimant qu’il « ne faut rien exclure ».
1. Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, le maître du Kremlin assure que les responsables politiques au pouvoir à Kiev sont des « néonazis » à l’origine d’un « génocide » des populations russophones de leur pays.