Régionales : poussée généralisée du FN dans les sondages
Les enquêtes menées après les attentats du 13 novembre voient le parti d’extrême droite progresser même dans les zones traditionnellement peu perméables à ses idées
Sondage après sondage, la tendance semble se confirmer : depuis les attentats du 13 novembre, le score annoncé du Front national aux élections régionales est en hausse sensible. Y compris au-delà des deux régions sur lesquelles le parti d’extrême droit a concentré ses efforts, Paca et Nord-Pas-de-Calais-Picardie, et qu’il peut espérer remporter. En 2010, au 1er tour du dernier scrutin régional, en 2010, le FN avait récolté 2,2 millions des voix (11,42 % des suffrages). Cinq ans plus tard, au 1er tour des élections départementales de mars 2015, il en glanait plus de 5 millions (25,24 %), améliorant son score des européennes de 2014 (4,7 millions) où il avait devancé tous ses concurrents. Rééditer le niveau des départementales, « c’est notre hypothèse de travail », expliquait, un mois avant les attentats, un cadre du parti pour qui un FN à 30 % représenterait « une poussée importante ».
Des visées sur ou régions
Or cette barre des 30 %, en moyenne nationale, est atteinte dans trois sondages menés après les attaques djihadistes à Paris et Saint-Denis. Dans Le Journal du dimanche, l’institut Ifop place pour sa part le FN à égalité à 28 % avec les listes Les Républicains-UDI-Modem, loin devant le Parti socialiste et ses alliés du premier tour (22 %). « Il y a plusieurs mois, je disais que nous avions des chances de victoire dans quatre ou cinq régions. Nous y sommes », a estimé hier Marine Le Pen. Le FN nourrit des espoirs en Bourgogne-Franche-Comté, où un sondage BVA publié hier le place à égalité avec la droite (35 %) au 2nd tour ; en Normandie, avec une triangulaire très serrée; voire en Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne, où le candidat de droite Philippe Richert serait talonné au 1er tour par Florian Philippot. Sans négliger Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, où le FN relève le faible score prêté à Dominique Reynié (LR-UDI-Modem) et espère un vote utile en faveur de Louis Aliot face à la gauche au 2nd tour. La droite, elle, est donnée favorite en Île-de-France, en Centre-Val-de-Loire, dans les Pays-de-la-Loire et en Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne. Principale victime annoncée de ces régionales, comme de tous les scrutins intermédiaires depuis 2012 : le Parti socialiste.
Le PS grand perdant
Son premier secrétaire, Jean-Christophe Cambadélis, refusait pourtant hier le catastrophisme : «Je continue à dire [que le FN] est surcoté. Les sondages ne mesurent pas le vote frontiste, ils mesurent la peur et en France, il y a un parti de la peur que structure le Front national. » La gauche reste, selon BVA, favorite en Bretagne, en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées et en Aquitaine-Limousin-Poitou-Charente – où l’écart, cependant, se réduit. Mais elle ne conserverait que l’équivalent de six des vingt régions métropolitaines (hors Corse), qu’elle détenait avant la réforme territoriale.