Nice-Matin (Menton)

Rabiot fait le mûr

Après quelques ‘’errances’’, le jeune milieu de terrain parisien a trouvé la voie

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Sa silhouette dégingandé­e coiffée d’une touffe capillaire sort du lot depuis quelques matches : profitant de la blessure de Marco Verratti, Adrien Rabiot a mûri pour devenir plus qu’une solution de rechange dans l’entrejeu du Paris SG. A 20 ans seulement, le Francilien compte déjà la bagatelle de 107 matches pros (!), dont 13 en Ligue des champions et 19 avec Toulouse (lors d’un prêt d’une demi-saison en 2012-2013). Le trio Verratti-Motta-Matuidi reste la formule prioritair­e pour le milieu de terrain dans l’esprit de Laurent Blanc, mais l’automne 2015 ressemble à un jalon actant la progressio­n de l’internatio­nal Espoirs (13 capes, 1 but). Depuis son entrée en première période face au Real à Madrid début novembre (revers parisien 1-0), Rabiot a disputé l’intégralit­é des trois matches suivants et un peu plus d’une heure samedi contre Troyes (4-1), lorsque le PSG s’est sacré champion d’automne. Au poste de relayeur, il affiche avec régularité volume de jeu, âpreté dans les duels, qualité dans le jeu court et générosité dans le harcèlemen­t défensif et le rayonnemen­t offensif. Une panoplie déjà entrevue par exemple lors de son entrée convaincan­te à Chelsea en 8es de finale retour de C1 (2-2 qualificat­if) la saison dernière en fin de partie.

Performant à Madrid

S’il bénéficie actuelleme­nt d’une conjonctur­e favorable, entre la blessure de Verratti, les pépins physiques récurrents de Javier Pastore et la politique de rotation, il a su saisir sa chance. « Quand on a la possibilit­é d’avoir du temps de jeu, il faut être performant pour oser espérer quelque chose, a relevé son entraîneur vendredi. C’est son cas. Beaucoup se sont aperçus, après son match face au Real Madrid, qu’il avait le niveau des autres joueurs présents sur le terrain. Nous, on le savait ». « Je voulais montrer au staff, aux supporteur­s, qu’il n’y a pas d’âge pour être sur le terrain, avait commenté le joueur. Je me suis amusé et en même temps cela m’a permis de montrer ce que je savais faire». Après son grand match en Espagne, il a inscrit de la tête, mercredi à Malmö, le premier but du carton parisien (5-0) et de sa carrière en Ligue des champions. Selon Blanc, « s’il prend conscience qu’il a un physique hors norme, une bonne frappe du gauche, et une grande taille (1,91 m), il va devenir un très bon joueur... et le Paris Saint-Germain en a besoin».

Insolence

Et donc pas seulement pour répondre à l’exigence de joueurs formés dans le pays réclamés par l’UEFA pour la C1. Rabiot n’est pas un jeune comme les autres au sein d’un club qui ne s’appuie quasiment plus sur eux. Mais il est aussi parvenu à limiter son insolence à l’aire de jeu. Car la saison dernière, il avait d’abord refusé de prolonger son contrat afin de pouvoir s’engager libre en janvier avec l’AS Rome, sous l’autorité de sa mère qui s’occupe pointilleu­sement de ses intérêts. Écarté du groupe, il signait finalement fin octobre un nouveau bail avec son club formateur. En fin d’exercice, il est exclu du groupe pour un retard à une convocatio­n, la veille de la finale de Coupe de France contre Auxerre (1-0). Et à l’issue de la victoire à Montpellie­r (2-1) synonyme de troisième titre de champion consécutif, Blanc le tance sur la pelouse : « Toi, je vais te dire, je vais te faire un débriefing, il va être salé ! » Et Rabiot débutait 2015-2016 par une exclusion au bout d’une demi-heure de jeu à Lille (victoire parisienne 1-0) à la suite de deux cartons jaunes récoltés en cinq minutes... « Erreur de jeunesse », avait plaidé Blanc. Depuis, Rabiot s’est offert une seconde jeunesse.

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(Photo Epa/Maxppp)

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