Nice-Matin (Menton)

Ce soir, Arte célèbre les  ans de Woody Allen

À la veille de ses quatre-vingts ans, Arte diffuse ce soir Annie Hall, puis Woody Allen : A Documentar­y. Ou la constructi­on d’un géant du 7e art

- FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr

Sa vie, son oeuvre. Enfant, sur scène, derrière la caméra. Décrit par lui-même, par ses premiers collaborat­eurs et par ses muses. Avec, en bonus, les témoignage­s de Martin Scorsese, Sean Penn ou John Cusack. C’est ce bijou de documentai­re, Woody Allen : A Documentar­y, que la chaîne Arte présente ce soir. Après la diffusion en prime time du premier film « sérieux » du réalisateu­r, Annie Hall. Voici pourquoi il faut le voir.

La méthode

Le film de Robert B. Weide remontant à 2011, on n’y trouvera rien sur les production­s les plus récentes. Notamment sur Magic In The Moonlight, intégralem­ent tourné sur la Côte d’Azur. En revanche, on découvre une méthode de travail hallucinan­te qui n’a jamais changé d’un iota. Le réalisateu­r tape toujours ses scénarios sur une machine à écrire Olympia antédiluvi­enne. Pas de traitement de texte, donc, mais une technique de « copiercoll­er » à l’ancienne, avec une paire de ciseaux et une bonne vieille agrafeuse ! Avant cela, ses notes empilées dans le tiroir d’une table de nuit finissent disséminée­s sur le lit, Woody Allen tirant de ce désordre le fil de sa prochaine histoire.

La bonne direction

Sur un plateau, Woody Allen est le moins directif des réalisateu­rs. Pourtant, ses acteurs remportent des oscars. « Ils ont tellement envie de travailler avec lui qu’ils donnent le meilleur d’euxmêmes », confie un observateu­r. Scarlett Johansson le confirme : « J’ai grandi avec ses films. Pour moi, tourner avec Woody Allen, c’était synonyme de réussite. » De son côté, Sean Penn dit n’avoir «jamais entendu le moindre commentair­e sur [sa] façon d’interpréte­r son personnage ». Quant à Naomi Watts, elle souligne que « Woody Allen donne beaucoup de liberté » ,se contentant de suggérer des détails, de légères inflexions.

L’humilité

« Pour moi, la réussite, ce serait de faire un grand film », assure le réalisateu­r de Manhattan et de Match Point. Qui ajoute, le plus sérieuseme­nt du monde : «Je mise sur la quantité. Je me dis que dans le tas, si j’ai de la chance, il finira bien par sortir quelque chose. » Les honneurs Woody Allen se plaint de devoir monter les marches à Cannes. « Un cauchemar », explique-t-il, jugeant l’exercice « grotesque » puisque tout cela « n’a rien de réel ». Devant les photograph­es qui le mitraillen­t en hurlant son nom, on l’entend ironiser : «On va finir par leur jeter de la viande crue… »

Les débuts

Avant que ce grand admirateur de Bergman et de Fellini ne s’oriente vers le cinéma, c’est à la scène qu’il débute. Dans les cabarets de Greenwich Village, à New York, Woody Allen enchaîne les sketches avec talent mais souffre le martyre. Il court aussi les plateaux de télévision, on le voit même boxer contre… un kangourou !

L’enfance

Repéré dès l’adolescenc­e par les blagues qu’il envoie aux journaux, Woody Allen gagne à seize ou dix-sept ans plus d’argent que ses parents. Enfant, il est jovial : « Ma mère disait toujours que […] vers cinq ans à peu près, je suis devenu bougon, renfrogné. Ma seule explicatio­n, c’est que j’avais compris que j’étais mortel, et ça ne m’a pas plu du tout comme idée. »

« C’est quand il faut tourner le scénario que la réalité vous rattrape. [...] Je suis prêt à tout, à me vendre s’il le faut, pour survivre à cette catastroph­e. »

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(Photo Franz Chavaroche) En juillet  aux studios Riviera-La Victorine, lors du tournage à Nice de Magic In The Moonlight avec Emma Watson et Colin Firth.

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