Ce soir, Arte célèbre les ans de Woody Allen
À la veille de ses quatre-vingts ans, Arte diffuse ce soir Annie Hall, puis Woody Allen : A Documentary. Ou la construction d’un géant du 7e art
Sa vie, son oeuvre. Enfant, sur scène, derrière la caméra. Décrit par lui-même, par ses premiers collaborateurs et par ses muses. Avec, en bonus, les témoignages de Martin Scorsese, Sean Penn ou John Cusack. C’est ce bijou de documentaire, Woody Allen : A Documentary, que la chaîne Arte présente ce soir. Après la diffusion en prime time du premier film « sérieux » du réalisateur, Annie Hall. Voici pourquoi il faut le voir.
La méthode
Le film de Robert B. Weide remontant à 2011, on n’y trouvera rien sur les productions les plus récentes. Notamment sur Magic In The Moonlight, intégralement tourné sur la Côte d’Azur. En revanche, on découvre une méthode de travail hallucinante qui n’a jamais changé d’un iota. Le réalisateur tape toujours ses scénarios sur une machine à écrire Olympia antédiluvienne. Pas de traitement de texte, donc, mais une technique de « copiercoller » à l’ancienne, avec une paire de ciseaux et une bonne vieille agrafeuse ! Avant cela, ses notes empilées dans le tiroir d’une table de nuit finissent disséminées sur le lit, Woody Allen tirant de ce désordre le fil de sa prochaine histoire.
La bonne direction
Sur un plateau, Woody Allen est le moins directif des réalisateurs. Pourtant, ses acteurs remportent des oscars. « Ils ont tellement envie de travailler avec lui qu’ils donnent le meilleur d’euxmêmes », confie un observateur. Scarlett Johansson le confirme : « J’ai grandi avec ses films. Pour moi, tourner avec Woody Allen, c’était synonyme de réussite. » De son côté, Sean Penn dit n’avoir «jamais entendu le moindre commentaire sur [sa] façon d’interpréter son personnage ». Quant à Naomi Watts, elle souligne que « Woody Allen donne beaucoup de liberté » ,se contentant de suggérer des détails, de légères inflexions.
L’humilité
« Pour moi, la réussite, ce serait de faire un grand film », assure le réalisateur de Manhattan et de Match Point. Qui ajoute, le plus sérieusement du monde : «Je mise sur la quantité. Je me dis que dans le tas, si j’ai de la chance, il finira bien par sortir quelque chose. » Les honneurs Woody Allen se plaint de devoir monter les marches à Cannes. « Un cauchemar », explique-t-il, jugeant l’exercice « grotesque » puisque tout cela « n’a rien de réel ». Devant les photographes qui le mitraillent en hurlant son nom, on l’entend ironiser : «On va finir par leur jeter de la viande crue… »
Les débuts
Avant que ce grand admirateur de Bergman et de Fellini ne s’oriente vers le cinéma, c’est à la scène qu’il débute. Dans les cabarets de Greenwich Village, à New York, Woody Allen enchaîne les sketches avec talent mais souffre le martyre. Il court aussi les plateaux de télévision, on le voit même boxer contre… un kangourou !
L’enfance
Repéré dès l’adolescence par les blagues qu’il envoie aux journaux, Woody Allen gagne à seize ou dix-sept ans plus d’argent que ses parents. Enfant, il est jovial : « Ma mère disait toujours que […] vers cinq ans à peu près, je suis devenu bougon, renfrogné. Ma seule explication, c’est que j’avais compris que j’étais mortel, et ça ne m’a pas plu du tout comme idée. »
« C’est quand il faut tourner le scénario que la réalité vous rattrape. [...] Je suis prêt à tout, à me vendre s’il le faut, pour survivre à cette catastrophe. »