Nice-Matin (Menton)

Hôtel, parking... : le maire dévoile les projets

Interview Elu depuis quinze ans à la mairie de Tende, Jean-Pierre Vassalo défend bec et ongles son village de la Roya. Et il mène sa barque tranquille­ment... mais sûrement

- PROPOS RECUEILLIS PAR JULIE BAUDIN jbaudin@nicematin.fr

Trente-huit ans de mandat d’élu local! Dont quinze de maire. Rien que ça! Et pas une once de lassitude. Jean-Pierre Vassallo enquille les années à la mairie de Tende avec la même pêche. « J’ai la passion de mon village. Je suis issu d’une famille tendasque depuis le XVIe siècle du côté du père et de la mère! Tout ce que je veux, c’est être utile à mon village. » Depuis son bureau, au 2e étage de la petite mairie de Tende, Jean-Pierre Vassallo a vue sur toute la vallée de la Roya. Dans son dos, le col de Tende et l’Italie derrière. Tout près. À Tende, quand on n’est pas Italien d’origine, on le devient par la force des choses. Plus que nulle part ailleurs, ces terres sont marquées par la double culture. Tant et presque que rejaillit, parfois, cette très vieille idée de faire de ce territoire une zone franche. « On a raté le

coche en 1940, dit le maire. Mais je suis sûr qu’à Tende, on aurait pu être comme le Val d’Aoste. Une région autonome. » Alors, à défaut d’autonomie, au fin fond de cette vallée de la Roya, JeanPierre Vassallo mène (presque) tout seul sa barque. Tout en sachant, quand il le faut, regarder du côté des communes centre de l’Agglo, comme du côté du Départemen­t. Rencontre avec un maire pas tout à fait comme les autres. Votre bilan de l’année  ? Une année difficile avec tous les événements nationaux et internatio­naux. Même si, à Tende, nous étions épargnés. Sinon, pour la commune,  aura été l’année de l’inaugurati­on de la station d’épuration. Elle a coûté  millions d’euros dont un tiers à la charge de la commune.

La Brigue serat-elle raccordée à la nouvelle station d’épuration? Le dossier est entre les mains du préfet. Pour que La Brigue soit raccordée, on pensait utiliser un canal désaffecté sous un tunnel SNCF. Ce serait un très bel exemple de mutualisat­ion entre les communes et une gestion intelligen­te de l’argent public! Le problème, c’est que la SNCF nous demande un loyer de   euros par an! C’est énorme…Trop.

En , les investisse­ments se poursuiven­t? Oui. Entre  et , on réalise sur Tende  millions d’euros de travaux subvention­nés.

Des travaux au village? Nous allons enfin lancer la réalisatio­n d’un parking dans le vieux Tende ;  places avec une terrasse paysagère. Il y aura une partie des emplacemen­ts en vente, une partie en location et une gratuite pour les visiteurs. C’est une enveloppe de , million d’euros réalisés entre emprunts et autofinanc­ement. Ensuite, on fait le jardin d’enfants près de la piscine pour un montant de   euros, on refait la place des écoles, on crée un terrain multisport près de la gare avec le réaménagem­ent du skatepark, on remplace la moquette et les fauteuils du cinéma. On va refaire aussi le réseau d’alimentati­on en eau potable de la commune. Il y en a pour deux millions et ça, c’est fortement subvention­né. Tout cela avec la baisse des dotations de l’État de   euros par an. En bas, JeanClaude Guibal me demande comment je fais.

Et comment faites-vous ? Nous avons depuis de nombreuses années une gestion très rigoureuse des deniers publics et donc nous avons une belle capacité d’emprunt qui nous permet d’investir.

Votre commune a une forte vocation touristiqu­e? Oui. Avec Castérino, la station de Limone qui se trouve en partie sur la commune ou encore la vallée des Merveilles, nous avons la chance de pouvoir développer des activités touristiqu­es d’été et d’hiver… quand il y a de la neige. Et là aussi, nous avons des projets. Lesquels? Nous allons installer à Castérino un fil de neige pour initier les enfants au ski alpin. Ensuite, grâce à l’associatio­n qui gère déjà le fort de Sospel, nous allons pouvoir ouvrir au public dès cet été l’ancien fort de défense de Vievola. À Fontanalbe, un privé vient de déposer un permis pour réhabilite­r une ancienne caserne en gîte autonome d’une capacité de  personnes. Et dès cet été, nous pourrons ouvrir au public les mines de Vallauria. Un joyau!

Vous menez aussi des projets transfront­aliers avec l’Italie? Nous avons en cours deux grosses opérations avec le programme européen Alcotra autour de la route des Marguareis.

Que représente cette route des Marguareis? C’est une ancienne route militaire qui circule à plat à  mètres d’altitude sur le col de Tende. Elle traverse cinq communes et relie la Ligurie et le Piémont en passant par la Roya. Elle était fermée suite à l’érosion de la route et au danger que ça représente pour ceux qui l’empruntent. Le but du programme Alcotra était de la remettre en état. Et après les premiers travaux, la route a pu rouvrir l’été dernier.

Il y a un intérêt touristiqu­e à rouvrir cette route? Oui mais pas seulement. Cette route a aussi une vocation pastorale et patrimonia­le. D’ailleurs, l’Europe qui a reconnu l’intérêt de ce projet a validé un  programme Alcotra qui va nous

e permettre de finir les travaux d’infrastruc­tures et de mettre en place un système de contrôle des véhicules, une sorte de redevance

qui participer­a à l’entretien de la route. Grâce à ce second projet, nous allons aussi pouvoir développer des itinéraire­s touristiqu­es pour les X, les piétons, les cyclistes et les chevaux. L’Europe prend en charge  % des travaux. bouger à Tende.

Vous pensez au projet de la gare de Saint-Dalmas? Ça y est, le permis de construire a été accordé et les recours aux tiers sont tous purgés. Le Relais de la Marquise à la gare de Saint-Dalmas de Tende va être enfin lancé!

Que savez-vous de ce projet? Ce bâtiment d’époque mussolinie­nne soumis à démolition a été racheté avec les terrains attenants par une personne privée qui veut y réaliser un hôtel quatre étoiles de  chambres et un programme immobilier de  villas en accession à la propriété. Il y aura aussi des gîtes touristiqu­es, une auberge de jeunesse, un auditorium et un parc aquatique.

Inespéré pour la commune… Oui. Cela va créer des emplois de qualité pour les Tendasques et ça va dynamiser toute la vallée de la Roya. On y travaille depuis dix ans…

On parle aussi d’un hôtel dans le fort central sur le col de Tende… Aussi. Là, c’est de l’hôtellerie très haut de gamme. C’est la société Six Sens qui détient plusieurs hôtels de luxe dans le monde qui est sur ce projet. L’idée est de créer un hôtel dans le fort avec des chambres de  m2 et tout ce qui va avec : golf, piste d’hélicoptèr­e… Avec cette opération, on sauve ce bâtiment militaire, on crée des emplois et on dynamise la région. Nous menons ce projet avec la commune de Limone car l’accès au fort qui se trouve sur la commune de Tende se fait uniquement par l’Italie.

Un parking de  places dans le vieux Tende ”

Un complexe

de luxe au fort

central ”

Vous êtes très européens ici? Oui! Nous venons d’ailleurs de lancer un  projet Alcotra sur le

e développem­ent d’un parcours de pêche dans la Roya. C’est un projet de valorisati­on de milieu aquatique de montagne au travers de la pêche sportive et durable. Ça représente une enveloppe de , million d’euros. Et c’est financé par l’Europe.

Ça ressemble à la poule aux oeufs d’or, l’Europe dans la Roya? Mes collègues maires de la Roya viennent de découvrir les projets Alcotra. Et tous, ils se mettent à monter des dossiers! Nous, à Tende, on commence à avoir l’habitude de travailler avec l’Europe sur des projets transfront­aliers. Et le conseil que je leur donne, c’est qu’il faut que le projet soit bien ficelé, car il n’y a rien de pire que de se discrédite­r sur un programme européen. Il faut aussi avoir les reins solides pour faire l’avance des frais.

Le tourisme, c’est aussi l’hôtellerie… Oui. Et là-dessus, les choses vont

Et le tunnel? Ça avance doucement. Il faut mener au plus vite une réflexion transfront­alière pour limiter la circulatio­n des poids lourds. Mais je n’ai pas l’impression qu’au-delà de la vallée de la Roya, il y ait une prise de conscience sur ce point…

Et l’État qui se désengage… Oui, la commune est entraînée sur une pente descendant­e par l’État. La perception fermée, il a fallu se battre pour maintenir l’école, la gendarmeri­e fermée depuis un an, et maintenant la fermeture du guichet de la gare. À chaque fois, ce sont des emplois supprimés, l’activité qui se ralentit et le village qui souffre…

 ??  ?? « Nous, à Tende, on commence à avoir l’habitude de travailler avec l’Europe sur des projets transfront­aliers. » (Photo Michael Alesi)
« Nous, à Tende, on commence à avoir l’habitude de travailler avec l’Europe sur des projets transfront­aliers. » (Photo Michael Alesi)

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