Nice-Matin (Menton)

Le « Cheik Google » se met en scène

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Dans une longue interview qui sera diffusée jeudi soir sur France 2 dans l’émission Complément d’enquête, Omar Diaby raconte comment il a commencé à prêcher dans les quartiers de Nice et livre les raisons de son engagement « au nom d’Allah ». Extraits...

Sur sa mort Omar Diaby explique l’avoir mise en scène délibéréme­nt. « Beaucoup de gens ont pensé que c’était dû à des menaces », constate-t-il. « La réalité c’est que je devais subir une grosse intervenit­ion chirurgica­le », assure le recruteur niçois. Pour cela il n’aurait eu d’autre solution que de se rendre à l’étranger. Il explique avoir dû « éviter la Turquie » à cause d’un « mandat d’arrêt internatio­nal ». Ce serait un autre « pays arabe » qui l’aurait accueilli . Il y serait resté « quatre mois » alors que tout le monde le pensait mort. Y compris au sein de son groupe de combattant. « Ils n’étaient qu’une poignée à savoir ».

Sur les attentats du  novembre « Ils ont été faits par Daesh », précise Diaby qui tient à se démarquer de l’État islamique tout en lui offrant une justificat­ion : « Si les attaques ont été faites en représaill­es [des frappes françaises] on ne peut pas les condamner. » Même si ce sont des civils qui en ont été victimes ? Pour Diaby, les Français n’ont qu’à s’en prendre à eux-mêmes. « Parce que ce sont eux qui ont choisi leur président. Ils ont voté pour lui et pour son programme... » Le recruteur niçois fustige François Hollande qui « apprend l’homosexual­ité aux enfants dès le plus jeune âge et accepte que les Français tuent des musulmans. »

Diaby veut faire voter pour Le Pen Pour arrêter « ces vagues d’attentats », Omar Diaby assure que «ça ne sert à rien de mettre caméras à Paris ou à Nice ». Le franco-sénégalais a une autre solution quelque peu inattendue : « Si les Français ne veulent pas la guerre, estime-t-il, ils n’ont qu’à choisir Marine Le Pen ». « D’accord elle est raciste, relativise Diaby, mais au moins elle a annoncé qu’elle retirerait les troupes françaises.. .» Engagées au Mali, et non en Syrie, mais qu’importe.

Dénoncer les « mensonges des imams égarés » Le qualificat­if de « recruteur » ne plait pas à Diaby. « Parce qu’un recruteur il fait ça pour ses ambitions personnell­es Omar Diaby filmé par les équipes de France  en Syrie.

». Il préfère se définir comme un « prêcheur » dont le seul but est « de plaire à Allah» . Ses vidéos n’auraient pas pour vocation que les gens le rejoignent mais pour « dévoiler la vérité cachée des imams égarés qui mentent dans les mosquées financées par l’État ».

A Nice les quartiers sont « petits » C’est ainsi que Diaby a commencé à « prêcher ». « A Nice » , où les « quartiers sont très petits » et où «les gens se connaissen­t » : « On se voyait

au snack, pendant les matchs de foot, partout... On parlait avec les amis, les copains, les frères. Les jeunes des cités » qui ont « un grand coeur ». Le « problème Syrien » les a « touchés ». « Ils ont voulu partir mais il leur fallait des preuves que c’était permis ». Diaby s’est employé à le leur démontrer dans ses vidéos : « on était dans cette logique, on a prêché la hijra, certains sont partis... »

La vie au camp Diaby livre une descriptio­n pour le moins atypique de la vie en zone de guerre syrienne : « On se lève le matin, on prend des corn-flakes, du lait, du café. Après ça dépend des saisons. L’hiver on coupe du bois, l’été on va se baigner... » Et la guerre dans tout ça ? « Des fronts il y en a partout ». Diaby et son groupe y monteraien­t quand c’est « leur tour », en fonction du « Ribat » un système de rotation. Ils seraient « tous volontaire­s » à l’entendre au point de devoir procéder « par tirage au sort ».

Et un retour en France Le groupe de combattant­s niçois ne l’envisagera­it pas. « Nous sommes satisfaits, on est heureux... Ici on ne paye pas de charges, y’a pas de loyer, de factures... Nous vivons la promesse d’Allah. » Et tant pis si le gouverneme­nt français lui met « l’étiquette de terroriste », un mot qui pour lui « n’a pas de sens ». Sauf, peut-être lorsqu’il renvoie aux frères Kouachi auteur des attaques contre Charlie Hebdo. «Si Allah m’avait permis, assène Diaby, j’aurais voulu être choisi pour faire cela. »

E.G.

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