Les bons conseils pour tendre vers le zéro déchet
A l’occasion de la semaine européenne de la réduction des déchets, version monégasque, Sandra Marécaux a proposé des défis écologiques sur les réseaux sociaux. Elle livre sa vision sur le sujet
Pour beaucoup, tendre vers le « zéro déchet » semble relever de la gageure. Certains y voient une perte de temps ou un coût pécuniaire trop important. Sandra Marécaux, consultante et formatrice en transition écologique, balaye ces idées reçues. Chaque matin de la Semaine européenne de la réduction des déchets, version monégasque, l’entrepreneuse de Terres de nos enfants a distillé en ligne des défis écologiques. Parce que la prise de conscience passe d’abord par des petits gestes du quotidien.
Le zéro déchet, c’est quoi concrètement ?
C’est réduire ses déchets à la source, consommer a minima les matières premières et, de fait, éviter la conception d’emballages. C’est faire maison, c’est le troc, c’est l’occasion.
Vous êtes consultante et formatrice en transition écologique. Expliquez-nous qui bénéficient de vos ateliers…
Les particuliers ne sont pas encore prêts à payer eux-mêmes une formation pour changer leur façon de consommer. Donc, c’est surtout à destination des agglomérations, des instituts, des entreprises qui veulent entreprendre une réduction de leurs déchets ou accompagner leurs collaborateurs en ce sens, dans leur vie privée. Qu’un déclic soit opéré. Cela passe par des écogestes en entreprise, par la fabrication de différents produits : ménage, hygiène et cosmétique ou, pour les enfants, la pâte à modeler, la colle, la peinture. Tout ce qu’ils utilisent et qui est très polluants.
On intervient aussi auprès du personnel de la petite enfance pour prévenir les risques sur la santé environnementale de l’enfant, auprès des restaurants, auberges et hôtels.
Est-ce qu’avec le pouvoir de viralité des réseaux sociaux, le format numérique de cette édition n’est-il pas plus efficace ? Je pense même que c’est meilleur.
En ligne, on touche beaucoup plus de personnes. Si les gens jouent le jeu, pour le premier défi par exemple (lire ci-contre) ,ilsse prennent en selfie avec un déchet ramassé. Cela peut avoir une portée nationale, européenne.
Sensibiliser les gens par des défis, c’est une bonne méthode pour les « convertir » au zéro déchet ? Oui, je le pense. Après, on ne pourra jamais obliger les plus réticents. Cela reste une méthode ludique, amusante, à réaliser avec la famille ou les collègues du boulot. Le défi, c’est bien car c’est un geste accessible à tous, facile à faire. Il vaut mieux cela que de se réveiller un matin, dire qu’on va faire du zéro déchet
et abandonner une semaine plus tard car c’est trop contraignant. ou est-ce progressif ?
C’est très progressif. Avec mon mari et mes deux enfants, on a mis plus de deux ans. Désormais, nos courses de la semaine nous coûtent €, le tout en mangeant directement chez le producteur. Tout ce qui est jetable, on proscrit. On fabrique nous-mêmes les produits d’hygiène, d’entretien pour quelques euros. J’ai également un potager. On fait du troc, de l’achat, de la cueillette, je récupère quelques invendus de légumes. La viande, on n’en prend qu’une fois par semaine et on ne ressent pas le besoin d’en manger davantage. On ramasse les olives et le moulin nous fabrique l’huile d’olive. On vend le surplus pour rembourser la facture du moulin ou bien on en fait des produits de beauté. On a fait énormément d’économies. La troisième année, on a calculé qu’on produisait kg de déchets par an et par personne. C’est ce que produit un Français en une journée. De plus, on n’achète pas d’habits, c’est de l’échange. Pour Noël, les jouets sont d’occasion ou bien on privilégie les activités et les loisirs.
par semaine de courses pour quatre ”
Quelles sont les idées reçues sur le zéro déchet ? Qu’est-ce qui freinent les plus réticents ?
La plupart n’en ont rien à faire de l’écologie, il ne faut pas se leurrer. Les gens pensent que c’est réservé aux bourgeois qui ont de l’argent. Au contraire, cela nous a permis de
(Photo Jean-François Ottonello) vaste espace méditerranéen et par conséquent c’est un partenaire dans la réflexion et le dialogue.
Concernant l’environnement, vous avez des liens forts avec Monaco ?
Le Prince a été à l’avantgarde. Le gouvernement espagnol est très engagé en matière de lutte contre le changement climatique. Nous sommes probablement la génération qui a les moyens d’empêcher le changement climatique. Et en même temps nous sommes la dernière génération à pouvoir le faire. C’est la survie de la planète qui est
La covid est plus qu’européenne ; elle est mondiale !
C’est une pandémie globale qui montre combien la coopération est importante. Tant que nous ne sommes pas tous sains et saufs, personne n’est sain et sauf. Il y a ensuite la gestion du vaccin. Il y aura des pays qui n’auront pas les moyens d’y avoir accès. D’autres qui, au contraire, seront fournis avant les autres ; ce qui provoquera un avantage économique. Il faudra gérer une géopolitique des vaccins tous ensemble. Au G, l’Espagne a plaidé pour une politique du vaccin comme bien public universel. Cette crise sanitaire devient très vite une crise économique et sociale. Le poids de la dette de la plupart des pays au monde va être gigantesque. Il nous faudra être tous solidaires. La coopération internationale est la seule façon de s’en sortir. Et le prince Albert II est vraiment un porte-parole sur la scène internationale.
PROPOS RECUEILLIS PAR JOËLLE DEVIRAS jdeviras@nicematin.fr
* Dans une lettre commune, l’Italie, l’Espagne, la Grèce et Malte, en première ligne pour l’arrivée des migrants, jugent insuffisante la solidarité entre les 27 proposée par Bruxelles pour réformer la politique migratoire. Le courrier signé par les chefs de gouvernement italien Giuseppe Conte, espagnol Pedro Sanchez, grec Kyriakos Mitsotakis et maltais Robert Abela a été envoyé aux chefs de l’UE, Ursula von der Leyen (Commission), Charles Michel (Conseil) et la chancelière allemande Angela Merkel, dont le pays préside actuellement l’Union.
Monaco peut apporter beaucoup dans la réflexion et le dialogue”