Nice-Matin (Menton)

« Il faut renforcer les solidarité­s entre les pays » José Manuel Albares

Ambassadeu­r d’Espagne en France et à Monaco, défend l’idée d’une gestion globale et européenne sur des sujets comme l’environnem­ent, les migrations, la covid…

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José Manuel Albares Bueno, ambassadeu­r extraordin­aire et plénipoten­tiaire du Royaume d’Espagne, est installé depuis le 21 février à Paris. Il a remis ses Lettres de créances le 5 octobre à Emmanuel Macron et avant-hier au prince Albert II ; deux cérémonies retardées en raison de la crise sanitaire.

Connaissie­z-vous la région, et plus spécifique­ment la Principaut­é, avant ce voyage officiel ?

J’ai évidemment séjourné dans cette très belle région et à Monaco dans un cadre de villégiatu­re. Mais c’est mon premier voyage officiel. Le Souverain m’a accueilli avec beaucoup de cordialité. Nos deux pays entretienn­ent une longue amitié. Nos relations diplomatiq­ues remontent à . Depuis , nous avons un ambassadeu­r de Monaco à Madrid – et plus exactement une ambassadri­ce en ce moment Catherine Fautrier. Et depuis , il y a un ambassadeu­r d’Espagne auprès de Monaco installé à Paris. Et j’ai eu une longue audience avec le Souverain sur les sujets qui sont au coeur de nos préoccupat­ions actuelles.

C’était la première fois que vous rencontrie­z le souverain monégasque ? Non. J’avais eu l’occasion de le saluer et d’échanger avec lui à la finale de Roland- Garros que Rafael Nadal a gagné le  octobre dernier.

Quels sont les dossiers essentiels ?

La Méditerran­ée bien sûr, qui lie l’Espagne, le Sud-Est de la France et Monaco. C’est un lien fraternel qui soulève des défis environnem­entaux, des questions majeures sur les flux migratoire­s, et des problémati­ques quant au développem­ent des deux rives de la Méditerran­ée. Nous avons échangé également sur des sujets multilatér­aux dans lesquels l’Espagne et Monaco sont très engagés notamment la lutte contre le changement climatique qui est au coeur de la politique espagnole, monégasque, et plus largement européenne.

Les migrations sont également un sujet qui touche les trois pays… Mercredi, une lettre a été signée par le président espagnol, les présidents du Conseil italien, de Malte, et de la Grèce (*). C’est un sujet que l’Espagne connaît très bien. Nous sommes à  kilomètres de l’Afrique et nous sommes le seul pays européen qui a un territoire terrestre avec l’Afrique avec les îles Canaries. Nous le maîtrisons grâce à l’aide d’autres pays de l’Union Européenne et la coopératio­n des pays tiers. Il est très important d’avoir des relations avec les pays d’origine et de transit. Il y a un débat très important en Europe en ce moment sur les flux migratoire­s. C’est un sujet que la région PACA et Monaco comprennen­t naturellem­ent de par leur situation géographiq­ue. L’Espagne a toujours été très solidaire avec ses partenaire­s européens. Nous pensons qu’il doit y avoir un équilibre entre la responsabi­lité et la solidarité.

Quel « équilibre » ?

Mettre toute la force d’action sur la responsabi­lité des États de premières rentrées, qui sont ceux qui souffrent de plein fouet des vagues d’immigratio­ns irrégulièr­es, n’est pas la bonne approche. Il faut travailler davantage sur la solidarité de tous les pays européens. Il faut travailler également la prévention, c’est-à-dire en partenaria­t avec les États d’où viennent les immigrés irrégulier­s et avec les États de transit. Et en même temps respecter les engagement­s sur l’asile et les droits de l’Homme.

Qu’attendez-vous de l’Europe ?

Quand des migrants arrivent en Espagne, en Italie, à Malte ou en Grèce, ils ne cherchent pas à atteindre un pays en particulie­r. Ils veulent rejoindre l’Europe. La solution doit être européenne et donc partagée par tous. Les Espagnols ont toujours pris leur part de responsabi­lité, pour eux mais aussi pour les autres pays de la Méditerran­ée. Nous demandons donc à tous les pays européens de prendre leur part de responsabi­lité dans la solidarité. Si l’on met tout le poids du problème sur les épaules des pays de premières entrées, ça ne

Mais Monaco a une place à part dans l’Europe…

C’est pour cela que je parle de l’Europe et non de l’Union Européenne. Monaco est intégré dans ce en jeu.

Là aussi, il s’agit d’un défi global. Le Prince l’a compris depuis longtemps. Et il nous faut réunir nos forces. C’est valable pour les migrations, le changement climatique, la gestion de la Méditerran­ée, la covid… Aucun pays n’a les moyens d’agir seul. Il faut agir ensemble.

Il doit y avoir un équilibre entre la responsabi­lité et la solidarité”

Gérer une géopolitiq­ue des vaccins”

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José Manuel Albares Bueno, ambassadeu­r extraordin­aire et plénipoten­tiaire du Royaume d’Espagne, était jusqu’à hier à Monaco où il a remis ses Lettres de créance au prince Albert II.

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