Nice-Matin (Menton)

Savez-vous ce que sont les barmes du pays mentonnais ?

Retrouvez, comme chaque semaine, la rubrique d’art et d’histoire du pays mentonnais

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Dans les campagnes, sur les collines mentonnais­es, nombreux étaient les bassins qui permettaie­nt de récupérer l’eau nécessaire à l’exploitati­on de petits domaines agricoles. Beaucoup ont disparu souvent engloutis sous nos constructi­ons modernes ou simplement abandonnés par manque d’entretien. L’eau ainsi stockée était de l’eau de pluie récupérée ou celle résultant des suintement­s le long des murs et habilement conduite vers le bassin. Cela pouvait aussi être de l’eau provenant d’une source coulant à flanc de colline ou bien celle provenant d’une barme.

Mais, qu’es acò, une barme ?

Une barme, encore appelée balme dans d’autres régions, se présente souvent comme une galerie drainante horizontal­e naturelle, ou creusée par l’homme dans la colline, qui permet de ramener

Barme avec son bassin de rétention.

les eaux d’infiltrati­on à l’air libre. Or, dans le sous-sol mentonnais, il transite un important débit d’eau souterrain­e dû aux infiltrati­ons au travers du « grès de Menton ». La création de barmes s’imposait donc. Elles étaient creusées à la main à l’aide de pioches, de barres à mines et les matériaux étaient souvent en partie utilisés pour la constructi­on

de bassins extérieurs. On pense que le nombre de barmes dans le Mentonnais a été supérieur à 200 mais beaucoup d’entre elles ont été condamnées, se sont effondrées ou se sont taries. Une forte densité des barmes opérationn­elles se situe sur les deux versants de la colline de l’Annonciade, et aussi sur les collines des différente­s vallées (Careï, Fossan (Photo R.Osicki)

et Gorbio).

Par exemple, sur la corniche des Serres de la Madone, il existe quelques barmes en activité dont celles de M. Corradi, dans le quartier Sigua. Longue de 45 m, l’une d’entre elles a été creusée dans le grès de Menton… en 7 ans, vers les années 1920. Pour assurer une réserve d’eau, un bassin a été aménagé à l’intérieur même de la barme.

De l’eau même en été

Les dimensions des barmes recensées sont très variables. Les largeurs et hauteurs moyennes vont de 1,50 m à 3m. Quant aux longueurs, la majorité (40 %) mesure plus de 100 m de long, 35 % mesurent entre 5 et 10 m et 25 % font moins de 5 m de long. Un autre ensemble de quatre barmes, celles de MM. Pierre et Olivier Oliviero, est à signaler sur le versant Est de la colline de l’Annonciade. Larges d’environ 1,5 m, elles sont voûtées en maçonnerie de chaux et de briques et peuvent atteindre entre 70 et 110 m de long. À l’extrémité de l’une d’entre elles, on trouve un puits artésien qui donne de l’eau… même en été.

En conclusion, les barmes devraient être conservées dans la mesure où elles constituen­t un élément fort du patrimoine culturel local et qu’elles participen­t à la lutte contre les risques de mouvements de terrain. Elles permettent ainsi un drainage de l’eau de ruissellem­ent et d’infiltrati­on, et favorisent donc la stabilité des sols. Récupérer ces eaux constitue aussi un élément non négligeabl­e dans la gestion de l’eau à la surface de notre planète.

RICHARD OSICKI

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