Vintimille : sinistrose sur le marché du vendredi
Pour cause de confinement, la clientèle française a déserté le rendez-vous hebdomadaire qui faisait la fortune des commerçants. Seuls quelques Azuréens bravent l’interdit
Le panneau « Black Friday » apposé sur l’un des stands de vêtements de vrac du marché du vendredi, à Vintimille, ne fait qu’illusion. Certes quelques clientes s’amassent devant, dans le brouhaha étouffé des masques. Mais, depuis le début de la pandémie, les vendredis sont plutôt noirs dans la cité frontalière. La crise sanitaire est passée par là. Les Français, qui constituent en temps normal le gros de la clientèle, pointent aux abonnés absents.
Seul l’accent italien résonne dans les allées où ne subsiste qu’un stand sur deux. « C’est une catastrophe », se désole Michele, fromager. Son pecorino tartufo (à la truffe), ou son fromage au lait de brebis demi-dur au poivre, le pepato de Sicile, ne trouvent pas preneurs. « Nous ne voyons pas de Français, la crise est énorme. » Le marché du vendredi de Vintimille est pourtant une institution. Des milliers de visiteurs s’y pressent en temps normal. Qui pour faire le plein de produits alimentaires, parfois meilleur marché qu’en France. Qui pour acheter de l’alcool et des cigarettes dans les boutiques attenantes. Ou qui pour faire semblant de réaliser une affaire en ramenant, en conscience, une des nombreuses contrefaçons qui peuplent les stands.
Signe qui ne trompe pas : le parking tout proche est à moitié vide. Au milieu des plaques italiennes, on n’y croise que quelques rares voitures immatriculées en « 06 », des Monégasques, mais pas de Varois.
Le niet de la préfecture pour Vintimille
Interrogée, la préfecture des Alpes-Maritimes avait dit « niet » pour Vintimille : « Le principe, c’est le confinement et seuls les déplacements autorisés font l’objet d’une attestation. En dehors des cas dérogatoires, il n’est pas possible de se rendre en Italie. » Quelques Français ont pourtant bravé le confinement. Nous croisons, sacs à la main, et devisant gaiement, Chantal, Marie et Françoise, âgées de 70 à 75 ans. Elles viennent de Villeneuve-Loubet. « On ne savait pas si on pouvait passer la frontière », assument-elles, tout en précisant qu’elles avaient rempli leur attestation de déplacement