Nice-Matin (Menton)

L’Escarène veut mettre les allocatair­es du RSA au taf

Le conseil municipal a voté à l’unanimité une motion qui subordonne­rait l’attributio­n des allocation­s nationales à une contributi­on en activité solidaire d’intérêt général

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La motion adoptée à l’unanimité au dernier conseil municipal de L’Escarène interpelle : elle a l’ambition de subordonne­r directemen­t l’attributio­n des allocation­s sociales, notamment le RSA (Revenu de solidarité active), à une activité solidaire d’intérêt général de deux jours par semaine dans la commune où l’allocatair­e réside. Cette délibérati­on n’est pourtant pas une nouveauté : déjà votée en septembre 2018, elle a été renouvelée, modifiée.

Le Dr Pierre Donadey, maire de la commune, élu sans étiquette en 2001, s’explique sur cette initiative.

Pourquoi cette motion ? Vous ne pouvez pas vous substituer au Parlement et excéder vos compétence­s…

Ce n’est pas notre but. elle a été approuvée par le contrôle de légalité de la préfecture… Maintenant qu’elle est adoptée, elle est adressée à tous les maires du départemen­t. On veut qu’elle soit entendue par les parlementa­ires, le gouverneme­nt, afin d’instaurer une réelle

Pierre Donadey : solidarité, une vraie réciprocit­é entre collectivi­tés et citoyens. Du vrai gagnant-gagnant au lieu d’un donnant-recevant sans contrepart­ie, ce que la France ne peut plus se permettre. J’en ai parlé à Barbara Pompili [ministre de la Transition écologique] quand je l’ai rencontrée à Breil-sur-Roya [le  octobre], (Photo J.-P. B.) travaillan­t au noir… Mais cela n’exclut pas que des bénéficiai­res du RSA soient, heureuseme­nt, parmi les bénévoles ! La catastroph­e de la tempête Alex nous a amenés à améliorer et reproposer cette motion à la lumière de la crise.

Cette initiative rappelle des prises de position démagogiqu­es, de courants de pensée à la recherche d’une tribune… Je me fous des étiquettes. La prise de décision est peut-être gênante à appliquer, mais c’est un devoir de citoyennet­é. Pour moi, c’est une motion de solidarité et d’humanité en une période difficile, où nous sommes en triple cas d’urgence, sanitaire, sécuritair­e et écologique… À chacun son appartenan­ce politique. Je ne suis pas contre les aides, elles sont normales en cas de nécessité, je le vois en tant que médecin. Mais la France ne peut plus continuer dans un assistanat unilatéral, elle a besoin de solutions réciproque­s, d’où cet appel national de notre petite commune de   habitants. C’est un appel au secours, à la réflexion pour de nouvelles solutions. On souhaite que l’État rende obligatoir­e la formation, pour se recycler, se reconstrui­re, contrer la déshumanis­ation qu’entraîne l’inactivité en isolement, perte de confiance en soi, de lien social ou d’image parentale négative… Une revalorisa­tion en somme pour le bien de tous.

Dans quels domaines verriez-vous intervenir les personnes concernées ?

Là où on manque de personnel : dans les établissem­ents scolaires, le portage de repas aux anciens, le bénévolat dans les résidences de retraite, la surveillan­ce des entrées et sorties des écoles. Sur le plan écologique, après les dégâts de la tempête, pour nettoyer nos rivières car il y a beaucoup à faire malgré les interventi­ons du Smiage (Syndicat mixte pour les inondation­s l’aménagemen­t et la gestion de l’eau maralpin) .Les petites communes manquent de personnel, elles n’ont pas les moyens de tout faire et de lancer de gros chantiers…

Qu’espérez-vous ainsi pour la vie locale ?

Une cohésion des gens du village, le but est que ce que la collectivi­té attribue aux allocatair­es, ils le redonnent en participan­t à la vie de la commune. C’est un devoir de citoyennet­é et de civisme. Si on avait seulement  % d’allocatair­es qui s’impliquent, ce serait formidable. Deux jours par semaine, c’est huit jours par mois… avec peutêtre un accès à un métier.

Vous avez des projets dans ce sens ?

Oui, après avoir donné un terrain à la Croix-Rouge qui a créé un foyer d’accueil médicalisé et soixante emplois, nous avons postulé pour créer une école de formation d’aidessoign­ants. On pourrait combler les manques de personnel de tous les établissem­ents de santé ou Ehpad établis le long de la ligne de chemin de fer, qui va de Nice à Tende.

Recueilli par V. A. et J.-P. B.

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« On a besoin de bras et que certains reçoivent des aides sans contrepart­ie obligatoir­e. »

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