Mathieu Avanzi a écrit la langue de chez nous
Cagole, serpillière, chalet, carabistouilles, mais aussi – soyons régionalement chauvins –, cade, socca (à Marseille on dit panisse !)… Autant de mots de la langue française tout droit puisés dans les régions de France. Le linguiste Mathieu Avanzi vient de
(1) publier aux éditions Le Robert, Comme on dit chez nous, le grand livre du français de nos régions .Un livre inscrit dans la continuité des deux atlas précédents (2), un 1,2 kilo – le poids du livre – d’informations dédiées à ces petits mots dont la langue française est riche. Des cartes, des illustrations, des citations, des anecdotes pour raconter ces mots d’ici et de là qui racontent une certaine Histoire de France, celle des territoires.
Comme on dit chez nous témoigne de la richesse du vocabulaire régional. Certains mots, expressions, vous ont-ils particulièrement questionné ? Cela m’arrive souvent. L’an dernier, ‘‘bon bout d’an’’ m’a obsédé pendant des semaines ! Jusqu’à ce qu’un ami d’Avignon m’explique que cela se disait entre le et décembre. J’avais prospecté car j’essaie toujours de comprendre la règle. Moi qui viens de Savoie, j’ai aussi découvert que mes ‘‘godiveaux’’ s’appellent partout ailleurs ‘‘chipolatas’’ ! En faisant des recherches, j’ai lu ‘‘taxiteur’’ pour chauffeur de taxi dans Midi Libre. C’est tellement ancré dans le langage régional que personne à la relecture du journal avant impression, ne l’a relevé apparemment.
Comment expliquer que certaines expressions se dérégionalisent ?
Il y a en règle générale plusieurs facteurs à cela. Le premier est simple : si le mot s’exporte, c’est qu’il n’a pas d’équivalent dans la langue française et qu’il correspond à un besoin. Prenez ‘‘cagole’’ : en français, aucun mot ne désigne une femme un peu vulgaire, un peu trop maquillée et qui a le verbe haut. ‘‘Cagnard’’, que vous utilisez dans le sud de la France pour désigner cette chaleur hyperforte, lourde, n’a pas d’équivalent non plus dans notre français. Tous les skieurs connaissent le mot ‘‘peuf’’, emprunté au patois de Chamonix et qui signifie ‘‘poussière’’, pour désigner la poudreuse. La langue française s’est beaucoup nourrie des patois, des dialectes ou des langues régionales. Au début du siècle, on ne disait pas une abeille, mais une mouche à miel. Abeille est un mot occitan au départ, ‘‘abelha’’.
Cet attachement au parler régional raconte quoi des Français ?
L’attachement à la langue va de pair avec celui du pays, du territoire. On le voit bien avec les réseaux sociaux. On a toujours eu l’impression qu’il n’y avait qu’une seule façon de parler, alors que c’est l’inverse. Et puis, quand on fait le travail que nous avons réalisé pour ce livre, on se rend compte que les gens sont fiers de se reconnaître dans les variations du français. métaphore, je dis que l’on défend les accents, les expressions régionales comme on défend une équipe de foot. Regardez l’OM et son slogan : ‘‘On craint dégun !’’ que l’on retrouve même sur des bières, Emmanuel Macron en personne s’en était emparé. Cela a une forte valeur identitaire. On assiste à un retournement de stigmates, on le constate également au niveau social : de plus en plus, on déménage en Province. Aujourd’hui, c’est une fierté de dire que l’on vient de la campagne. La capitale fait de moins en moins rêver et, surtout, on se rend compte que des gens qui ne maîtrisent pas les codes de la haute société, de la haute bourgeoisie... ont accès à des positions de pouvoir. Castex, certes, il a fait l’Ena, en est l’exemple d’ailleurs. Ce qui était complètement inenvisageable il y a dix ans par exemple.
La richesse de la langue n’estelle pas menacée par le langage plus fleuri des jeunes d’aujourd’hui ?
Non, parce que le ‘‘parler jeune’’ cela s’oublie. En prenant de l’âge, on n’emploie plus le même langage. Et la prochaine génération n’utilisera pas le même vocabulaire jeune. Il y a un renouvellement systématique. Je fais des études d’ailleurs à ce sujet, chaque génération a son propre langage. Cela existe depuis très longtemps même si l’on ne s’en est rendu compte que très récemment.
Le linguiste que vous êtes peutil clore deux débats : le ou la Covid ? Pain au chocolat ou chocolatine ?
(il éclate de rire). Le problème c’est que l’Académie française s’est prononcée beaucoup trop tard sur le sujet. Contrairement au Canada où, en, quelques jours seulement, on s’est déterminé pour ‘‘la’’ Covid, en France on a mis deux mois. Aujourd’hui, certains journaux disent ‘‘la’’ mais l’usage majoritaire est ‘‘le’’. Pour ce qui concerne le deuxième sujet, en ce moment je suis à côté de Bruxelles, et ici on dit une ‘‘couque au chocolat’’. Cela me fait beaucoup rire car souvent en France, le débat est binaire…
Alors qu’il y a beaucoup d’autres mots utilisés sur le sujet.
Pour conclure, un mot sur le lexicographe Alain Rey, figure du Robert, qui a signé la préface de votre ouvrage et nous a quittés fin octobre ?
La dernière fois que j’ai eu de ses nouvelles, un après-midi de juin, il était en train de reprendre son dictionnaire historique, des piles de feuilles qu’il annotait... C’était le travail d’une vie. Il n’était pas fatigué et disait que c’était ça qui le faisait tenir. Il disait apprendre tous les jours.
PROPOS RECUEILLIS PAR KARINE MICHEL kmichel@nicematin.fr
La langue française s’est beaucoup nourrie des patois”
Si le mot s’exporte, c’est parce qu’il correspond à un besoin”
1. Il est maître de conférences en linguistique française (spécialité « francophonie et variété des Français ») à l’UFR de Langue française, de la faculté des lettres de Sorbonne Université (Paris). Ses travaux portent sur la variation du français dans l’espace (mots régionaux, expressions locales, variantes de prononciation et accents), et les rapports qu’entretiennent les Français régionaux avec les dialectes gallo-romans. Il anime le blog Français de nos régions.
2. Atlas du français de nos des expressions de nos régions. régions et
Atlas
Mathieu Avanzi avec la complicité d’Alain Rey et Aurore Vincenti. Éditions Le Robert. pages. .
Non, non, il n’est (toujours) pas réservé qu’aux longues séances devant Netflix ou OCS. On le rappelle, surtout à ceux qui auraient déjà sombré dans une dégustation sauvage de ballotins de chocolats de Noël : le salon peut aussi se métamorphoser en salle de sport et espace bien-être. Il n’y a qu’à suivre Amalia Marié, par exemple. Ce jour-là, la coach et manager du Studio Cyclone, est en charge du live quotidien de la salle de cycling niçoise. Faute de pouvoir venir y pédaler dans le noir à nouveau, on enfile une paire de chaussettes qui glissent (si on ne possède pas de sliders) pour suivre son cours Slide & Sculpt. Gainage. Abdos. Bras. trente minutes. Attention, ça chauffe ! Le lendemain, la joyeuse capsule vidéo sera consacrée à une recette saine. Puis viendra la séance de yoga spécial dos... « Accompagnez au quotidien avec le sport et le bien-être », c’est le défi que s’est lancé le Studio Cyclone en attendant de pouvoir rouvrir ses portes. Et pour ça, la studio manager Amalia a passé le grand braquet. Depuis le début du second confinement, elle réseaute à fond. Ouvre son carnet d’adresses. Appelle les copains. S’entoure bien, de Simon Perlein, son « binôme clever boy digital » ,notamment.
Gym, yoga, recettes
L’idée de cette initiative menée depuis quatre semaines est de « donner les clés du bien-être et de motiver les gens à rester en mouvement. Ça prend bien, ça séduit autant le public que les experts. On veut aussi créer une communauté d’entraide pour les professionnels. » Parmi eux, les coachs du studio – Marine, Delphine, Bruno et Loïc – animent des lives de renforcement musculaire et de vélo (à destination des confinés veinards ayant un bike à domicile). Des profs de yoga interviennent également. Mais aussi des ostéo – pour apprendre à lutter contre les bobos du télétravail –, nutritionniste – autour de l’alimentation anti-stress –, chef – qui montre comment bricoler une savoureuse picorette pour un apéro Zoom avec trois fois rien –, esthéticienne – pour rester beaux sous le masque... Ces petits instants de positivité sont aussi l’occasion de découvrir de nouvelles disciplines comme l’EFT (libération émotionnelle), le neuro feedback ou la fermentation.
Chaque lundi, le programme de la semaine est annoncé sur le compte Instagram du Studio Cyclone.
On peut suivre tout le menu des rendez-vous, en intégral, ou piocher çà et là, suivant ses disponibilités et envies. Regarder en live pour se motiver ou en différé. On peut même, après une bonne séance, s’offrir un petit épisode de sa série préférée... AURORE HARROUIS
aharrouis@nicematin.fr Pour suivre studio cyclone sur Instagram : @studiocyclone et sur Youtube Studio Cyclone.
Donner les clés du bien-être”