Arnaque à la carte bancaire :
L’imagination des escrocs est sans limite dès lors qu’il s’agit de soutirer de l’argent aux particuliers ou aux entreprises. En vogue désormais, les faux banquiers, convaincants et crédibles, dont il faut se méfier
C’est un fait avéré et démontré par les statistiques : chaque année, près d’un Français sur vingt est victime de débits frauduleux sur son compte bancaire. Et malgré une prévention de plus en plus pointue, la mise en place de systèmes de sécurité de plus en plus élaborés, ce taux ne varie guère d’une année sur l’autre. S’il le fait d’ailleurs, c’est plutôt avec une forte tendance à la hausse au point qu’en 2020, ce type d’escroquerie pourrait atteindre 660 millions d’euros.
Un forfait bien préparé
En 2018, ce sont ainsi 1,3 million de ménages qui ont fait les frais d’arnaques plus ou moins importantes révèle une enquête menée par l’Insee et l’Observatoire national de la délinquance.
Un constat qui, de surcroît, est « minimaliste » dans le sens où il n’inclut pas les débits résultant du vol ou de la perte d’un chèque ou d’une carte, ni les cas d’extorsion de données confidentielles par la violence ou la menace, mais uniquement ceux liés au détournement d’informations personnelles, en l’occurrence un numéro de carte bancaire.
Très visiblement, l’e-commerce représente la part la plus importante (56 % en moyenne) des cas de fraude. Les commerces traditionnels en revanche, ainsi que les retraits aux distributeurs automatiques offrent une garantie bien supérieure de sécurité avec, respectivement, 10 % et 6 % des débits frauduleux.
Mais ce qui semble aujourd’hui en vogue, c’est l’escroquerie aux faux banquiers. Un exemple parfaitement illustré par la mésaventure récemment subie par Vanina (lire son témoignage page suivante). Cette arnaque demande, de la part de ceux qui l’organisent, un certain « doigté » puisqu’il s’agit pour eux, d’entrer directement en contact avec leurs victimes potentielles et de les convaincre qu’ils sont bien... ce qu’ils prétendent être.
Cela implique une préparation méthodique de leur forfait, une anticipation des réponses à apporter, le recours aussi à des intervenants intelligents, s’exprimant dans un français parfaitement correct. Dans l’exemple illustré par Vanina, le fait qu’une femme soit l’interlocutrice a eu aussi son importance au niveau de la mise en confiance.
Les banques, directement concernées par ce problème, s’en sont emparées. Sur le site de plusieurs d’entre elles, un message d’avertissement trône désormais en bonne place. C’est le cas du CIC qui résume
23 heures, le 11 novembre dernier. Vanina, qui habite sur la Côte d’Azur, est tirée de son sommeil par un appel sur son téléphone portable. À demi réveillée, elle décroche et entend alors une voix féminine qui lui explique appartenir au service fraude de la Caisse d’Épargne, banque où la jeune femme a sa domiciliation bancaire. Vanina est inquiète. « Cette personne me dit qu’il y a eu beaucoup d’achats effectués sur mon compte et qu’il convient donc de vérifier. Comme je l’interroge sur son appel aussi tardif, elle m’assure que son service fonctionne 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, et visiblement connaît mon identité, mon adresse, etc. Elle était très convaincante, comme peut l’être une véritable professionnelle du secteur, s’exprimait très bien et je ne me suis donc pas méfiée. » Mais ce qu’ignore encore celle qui exerce le métier de photographe, c’est qu’elle est en train de faire les frais d’une escroquerie. Une arnaque que son interlocutrice anonyme s’emploie à concrétiser… « Elle me précise vouloir lister les achats prétendument suspects et me demande de lui communiquer l’un après l’autre, les codes de confirmation que la banque va m’envoyer par SMS. Cela dure bien une demi-heure. »
euros d’achats
Le lendemain matin, nouvel appel de la banque. Cette fois-ci, c’est une véritable employée du service fraude qui est en ligne. Et qui s’enquiert de savoir si sa cliente a réellement effectué des achats en ligne pour un montant de presque… 5 000 euros. Décontenancée, Vanina s’étonne d’être ainsi contactée à deux reprises pour le même motif. Et comprend qu’elle a été abusée. « J’ai joint ma conseillère, celle qui s’occupe personnellement de mon compte. J’étais paniquée parce qu’en fait, c’est moi qui ai fourni à chaque fois un code aux fraudeurs pour valider ces achats et que, dans ce cas, la banque n’a pas à rembourser. Ce n’est pas à proprement parler une fraude à la carte bancaire telle que celles que l’on peut déclarer sur la plateforme Perceval [Lire par ailleurs, Ndlr]. Finalement, c’était une usurpation de l’identité de la banque et c’était presque à elle qu’il appartenait de porter plainte. » Mais, dans les faits, c’est bien Vanina qui s’est trouvée ennuyée par cette malencontreuse affaire. «Ma carte bleue a été mise en opposition et n’importe quel débit qui se présentait pouvait être rejeté. Heureusement, les prélèvements frauduleux, eux, ont été refusés par ma conseillère qui a placé une alerte sur mon compte. Pendant quelque temps, je n’ai plus pu payer en carte ni par chèque, mais je pouvais quand même retirer des espèces au guichet. » Au fait, sait-elle comment ses coordonnées personnelles ont pu se retrouver entre les mains de personnes mal intentionnées ? « J’ai des doutes vis-à-vis d’un site marchand très connu qui m’a abonnée sans me demander quoi que ce soit et d’un service de paiement en ligne. Je pense avoir reçu un mail frauduleux sur lequel j’ai peut-être cliqué par inadvertance,
Remboursement : les banques (parfois) traînent des pieds...