Aides de l’Europe : ce que nos vallées peuvent espérer
La France et l’Italie misent sur le Fonds de solidarité de l’Union européenne pour accompagner la reconstruction des régions dévastées par la tempête Alex. Un défi évalué à 60 millions d’euros
Quelle sera la facture finale de la tempête Alex dans les AlpesMaritimes ? Deux milliards d’euros ? Un peu plus, un peu moins ? Seule certitude : le soutien financier de l’Europe sera précieux pour reconstruire la Roya, la Vésubie et la Tinée.
Xavier Pelletier, le préfet nommé spécialement pour relever ce défi, le sait bien : les « perspectives de reconstruction durable » passent par des « additions des financements de l’Etat, des collectivités territoriales, et du Fonds de solidarité de l’Union européenne ». Pour celui-ci, c’est à la préfecture des Alpes-Maritimes de porter le dossier. Elle a douze semaines pour rendre sa copie. La course aux financements est lancée. Décryptage en cinq points.
Nom : Fonds de solidarité de l’Union européenne. Selon ses règlements, Dame Europe l’a créé en 2002 « afin de permettre à la Communauté de répondre de façon rapide, efficace et souple à des situations d’urgence ». Deux cas de figure : catastrophe naturelle ou urgence de santé publique majeures. L’aide est prévue en cas de « répercussions graves sur les conditions de vie, la santé humaine, le milieu naturel ou l’économie ».
L’Europe vient ainsi à la rescousse d’un Etat confronté à un événement hors norme. Objectif : « compléter les efforts des États concernés » et « couvrir une partie de leurs dépenses publiques », afin de gérer l’urgence et l’après. Au menu : la remise en fonction des infrastructures de base (transports, télécoms, énergie, eau, santé, enseignement...) Mais aussi l’hébergement et les frais des services de secours. La protection du patrimoine culturel. Et le nettoyage des zones sinistrées. Bref, du très concret.
Concernant la Roya, la Vésubie et la Tinée, on songe forcément aux besoins colossaux pour rebâtir routes et ponts. Selon Xavier Pelletier, ces fonds aideraient à « passer des caps, mettre en place des infrastructures durables pour ces vallées ».
La solidarité européenne ne joue pas à tous les coups. Pour pouvoir cocher la case « catastrophe naturelle majeure », l’estimation des dégâts doit, à l’échelle du pays, dépasser 3 milliards d’euros ou 0,6 % du revenu national brut. En cas de « catastrophe naturelle régionale », les dommages directs doivent dépasser 1,5 % du produit intérieur brut de la région sinistrée. En Paca, le seuil serait de 2,372 milliards d’euros.
Bon à savoir : les dégâts assurables sont pris en compte dans le calcul, à défaut d’être pris en charge. Vous sentez poindre le mal de tête ? Xavier Pelletier concède : «Ce (Photo Jean-François Ottonello) sont des dossiers pas simples à monter, très exigeants. Mais si on le fait avec les Italiens, on doit pouvoir cocher tous les critères d’exigence de l’Union européenne. »
Côté italien, Piémont et Ligurie aussi déplorent des dégâts colossaux. Si les deux pays font la course main dans la main, chacun convoite son enveloppe. Le règlement stipule que, « pour chaque catastrophe ou urgence éligible, une seule contribution financière est attribuée à un État éligible ».
Alors, combien ? En 2020, près de 600 millions d’euros (597,5) sont alloués au Fonds de solidarité européen. Selon les calculs de la Métropole Nice Côte d’Azur, l’aide pour notre région pourrait en représenter un dixième : près de 60 millions d’euros (59,3). Soit 2,5 % du coût estimé des dégâts de la tempête Alex.
252,6 millions d’euros. C’est la somme allouée à la France depuis la création du fonds. Il a été engagé à sept reprises : inondations (Gard 2002, vallée du Rhône 2003), cyclones et ouragans (la Réunion, la Martinique en 2007, Antilles 2017), tempête Klaus (2009) et Xynthia (2010). En 2017, près de 50 millions d’euros sont arrivés après les tempêtes Irma et Maria. L’Europe prendra-t-elle toute la mesure d’Alex ? La France croise les doigts. Jusqu’ici, elle n’a pas été un gros bénéficiaire. À elle seule, l’Italie a perçu 2,8 milliards d’euros, soit la moitié des aides accordées par l’Europe (5,5 milliards). Séismes et éruptions sont passés par là. Le tremblement de terre de l’Aquila (2009) a ainsi englouti près de 500 millions d’euros.
Dossier : Christophe CIRONE ccirone@nicematin.fr