Le confinement a un peu
Au printemps dernier, les Français ont vu leur facture s’alourdir de 5 à 7 % du fait de l’obligation de rester chez eux. Mais l’arrivée du froid pourrait changer la donne de ce reconfinement...
C’est un petit paradoxe qui mérite un éclaircissement. Au cours du dernier confinement – celui du printemps – la consommation d’électricité sur le réseau à basse et moyenne tension [géré par Enedis, Ndlr] a enregistré une baisse de 11,3 %. Et selon RTE (Réseau de transport d’électricité) qui, pour sa part, s’occupe des lignes à haute et très haute tension, elle a chuté de près de 20 % au cours de la même période. En revanche, la facture des ménages ne s’est pas forcément allégée. Au contraire même. Une étude menée par Selectra, l’entreprise spécialisée dans la comparaison d’offres d’électricité, de gaz et d’Internet, révèle qu’un mois de confinement a coûté 97 euros de plus en moyenne pour un logement de 120 mètres carrés !
Au printemps, une hausse raisonnable pour les particuliers
Des chiffres contradictoires, mais en apparence seulement. En fait, l’effondrement de l’activité des usines et entreprises entrele15marsetle10mai,a effectivement entraîné une diminution significative de la consommation globale sur le territoire national. Une réalité également constatée au plan européen, voire mondial.
Mais pour les particuliers, le constat est différent. Bloqués à la maison, ils ont davantage utilisé les appareils électriques et le télétravail n’a pas arrangé les choses. Les appareils de cuisson, les fours, lave-vaisselle et sèche-linge ont tourné beaucoup plus qu’à l’ordinaire.
Comme les consoles de jeux ou encore la télévision. Cette dernière a été regardée en moyenne, plus d’une heure de plus par jour.
De quoi, évidemment, affoler les compteurs et faire grimper la note. Les habitudes de consommation pendant cette période ont, par ailleurs, évolué avec un (Photo Philippe Arnassan)
pic déplacé de 8 heures du matin à 20 heures le soir, et une pointe enregistrée à l’heure du déjeuner. La conséquence de réveils plus tardifs...
Rien de dramatique malgré tout : la hausse, certes tangible, est restée « raisonnable », de l’ordre de 5 à 7 % d’après EDF, mais il faut rappeler que le printemps météorologique 2020 a été le deuxième plus chaud jamais enregistré en France, avec 1,7 degré de plus que la normale saisonnière. Autrement dit, les Français n’ont pas eu besoin d’avoir recours à un moyen de chauffage pendant ces deux mois.
Reconfinement : des répercussions sur les factures ?
Qu’en est-il de ?
Toujours selon RTE, la première semaine du reconfinement en France a eu un faible impact sur la consommation d’électricité, « de 3 à 4 % inférieure à celle constatée en moyenne durant cette période ». Rien à voir donc avec les chiffres relevés lors du premier confinement. Mais les usagers s’inquiètent tout de même : la saison hivernale approche, la nuit tombe plus tôt et les températures, même si ce n’est pas encore le cas, vont immanquablement baisser. Le chauffage ou l’éclairage vont donc devenir nécessaires avec, malheureusement, de nouvelles répercussions sur les factures... la situation actuelle
Dossier :
Éric FAREL efarel@nicematin.fr
(DR) l’équilibre entre production et consommation sera difficile à assurer. Il faut que l’on soit prêt à réagir et c’est ce que l’on anticipe depuis six mois. Le signal d’alerte a été tiré en juin dernier. On a augmenté le développement de systèmes de flexibilité de consommateurs prêts à arrêter leur consommation et Ecowatt fait aussi partie des mesures prises.
Doit-on redouter une surconsommation liée au confinement et à l’hiver qui arrive ?
Chaque territoire a un profil spécifique.
On peut penser que notre région connaît assez peu de pics du matin et que le développement de l’énergie solaire permettra d’y faire face. Par contre, il y a un pic à heures et beaucoup de gens viendront passer les fêtes sur la Côte d’Azur.
Un afflux qui fera augmenter la consommation.
Que représente la transition énergétique en région Paca ?
Nous sommes dans une région qui est résolument embarquée dans l’aventure de la production solaire. C’est logique, elle a les atouts pour cela. Nous sommes la troisième région en termes de puissance pour la production solaire et même la première au kilomètre carré. Une région où le littoral est assez urbanisé avec beaucoup de toitures et du soleil. Il faut qu’on valorise encore davantage mais on n’a franchement pas à rougir. Par ailleurs, la production hydroélectrique est un patrimoine historique, notamment dans les Alpes-Maritimes. Malheureusement, les intempéries de cet automne ont causé des dégâts dans certaines centrales, mais celles de plus forte puissance ont pu redémarrer et contribueront à l’effort national en termes d’équilibre.
Est-il envisageable que les grands pylônes qui défigurent le paysage disparaissent un jour ?
Vous savez, RTE a été créée en . Nous avons la responsabilité d’exploiter ce patrimoine de réseau d’électricité qui a presque un siècle d’existence. Ces pylônes ont été installés à une époque où il n’y avait pas la technologie actuelle et beaucoup moins de préoccupations paysagères. Ce qui est clair, c’est qu’aujourd’hui, quand RTE installe de nouvelles lignes, que ce soit pour renforcer le réseau ou accueillir les énergies renouvelables, elle utilise très fortement la technologie souterraine. RTE ne ménage pas ses efforts pour adapter son réseau dans le respect du paysage. On gère ce patrimoine en bon père de famille, on va le renouveler quand on pourra le faire mais nous sommes aussi une entreprise publique, c‘est-à-dire garants des deniers de la population.