Nice-Matin (Menton)

« Sécurité globale » : la majorité recule

« Une nouvelle écriture complète » du controvers­é article 24 a été proposée hier par le patron des députés LREM, Christophe Castaner

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Soucieuse d’éteindre l’incendie, la majorité a décidé, hier, une « réécriture totale » de l’article 24 de la propositio­n de loi sur la « sécurité globale » afin de « lever les doutes » qui n’ont cessé de s’intensifie­r ces derniers jours jusqu’à provoquer une crise politique majeure.

C’est après une réunion de crise organisée à l’Elysée autour d’Emmanuel Macron que les présidents des groupes parlementa­ires LREM, MoDem et Agir ont annoncé « la nouvelle écriture complète » de l’article controvers­é, qui prévoit de pénaliser la diffusion malveillan­te de l’image des forces de l’ordre, et qui cristallis­e les tensions.

« Nous savons que des doutes persistent encore » et« nous devons éteindre ces doutes » car « lorsqu’une telle incompréhe­nsion ne cesse de s’intensifie­r sur un sujet aussi fondamenta­l, nous avons le devoir de nous interroger collective­ment », a expliqué Christophe Castaner, le patron des députés LREM, lors d’une conférence de presse. « Il y a du flou et donc peutêtre un loup », a concédé l’ancien ministre de l’Intérieur, assurant, cependant, qu’il ne s’agissait « ni d’un retrait ni d’une suspension » du texte.

Dès hier soir, a ajouté Christophe

Castaner, « nous rencontrer­ons le Premier ministre et les membres du gouverneme­nt concernés pour un premier échange. Nous pourrons alors dans ce cadre et dans le cadre de nos prérogativ­es constituti­onnelles respective­s, discuter du véhicule législatif et du calendrier ».

Recyclé dans un autre projet de loi ?

Olivier Becht, chef des députés Agir, a évoqué la possibilit­é de recycler l’article 24 dans le projet de loi contre les « séparatism­es », dont l’article 25 reprend l’esprit de la mesure, selon des responsabl­es de la majorité. « C’est un premier recul. Mais nous voulons le retrait de cet article et de toute la loi Sécurite (Photo AFP)

globale », a réagi le patron du PCF Fabien Roussel, LFI réclamant également la suppressio­n pure et simple de l’article. A droite, le patron ses sénateurs LR Bruno Retailleau a estimé que « l’exécutif et sa majorité vont d’erreur en erreur », ajoutant que la réécriture de l’article « dépend désormais du Sénat ».

La pression politique n’avait cessé de monter après un week-end de manifestat­ions fournies contre un texte conspué par la gauche, les journalist­es et les défenseurs des libertés publiques.

Les tensions engendrées par la propositio­n de loi votée mardi au Palais Bourbon en première lecture avaient auparavant explosé jeudi après la diffusion des images du passage à tabac du producteur.

« Défiance »

Face à ce trouble, certains députés de la majorité réclamaien­t la suppressio­n pure et simple de l’article 24. Car « une réécriture ou la mise en place d’un comité Théodule ne sauraient mettre fin à la défiance ressentie par une partie de la population », a expliqué Pierre Person, l’ex-numéro 2 de LREM, dans un entretien au journal Le Parisien.

Pour tenter de sortir au plus vite de cette crise, Emmanuel Macron a réuni, hier, en fin de matinée le Premier ministre Jean Castex, le ministre de l’Intérieur, celui de la Justice, Eric Dupond-Moretti, et les présidents des groupes. De source gouverneme­ntale, il s’est exprimé avec « une grande clarté et fermeté ».

Le chef de l’Etat avait demandé la semaine passée qu’on lui fasse « rapidement des propositio­ns pour réaffirmer le lien de confiance » entre police et population. Par ailleurs, Gérald Darmanin a été entendu, hier, à 18 h 15 par la commission des Lois de l’Assemblée nationale, puis le sera à nouveau aujourd’hui, 17 h avec l’ensemble du groupe LREM.

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Pour Christophe Castaner, l’article  a provoqué de vives polémiques, voire « des incompréhe­nsions ».

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