Pédocriminalité : l’ex-chirurgien Joël Le Scouarnec face à ses juges
Jugé depuis hier par la cour d’assises de la Charente-Maritime pour viols et agressions sexuelles sur quatre mineures, il est également soupçonné d’avoir fait 312 autres victimes...
Jugé pour la première fois après avoir échappé à la justice pendant 30 ans : l’ex-chirurgien Joël Le Scouarnec fait face depuis lundi à Saintes aux quatre victimes, mineures à l’époque des faits, qui l’accusent de viols et agressions sexuelles, premier volet d’une gigantesque affaire de pédophilie.
Interrompu il y a 8 mois par le confinement, ce procès qui repart de zéro devant les assises de Charente-Maritime se tiendra comme en mars à huis clos à la demande de plusieurs parties civiles. Une mesure « de droit » en raison des faits jugés, a rappelé la présidente de la cour, Isabelle Fachaux. A l’ouverture de l’audience, l’air impassible, les bras parfois croisés dans son box, l’accusé a longuement promené un regard insistant derrière ses lunettes fines sur la salle spécialement aménagée en raison des mesures sanitaires. Masqué, crâne dégarni entouré de cheveux blancs, pull gris, il a décliné son identité d’une petite voix : «Le Scouarnec Joël. Domicile : maison d’arrêt de Saintes. Profession : retraité », avant que les portes ne se ferment. Le verdict est attendu jeudi, jour de son 70e anniversaire.
« Ce premier volet est important, c’est celui qui déclenche tout et permet de révéler des faits intrafamiliaux et professionnels », a expliqué en marge de l’audience Me Francesca Satta, avocate des parents de la petite voisine de l’ex-chirurgien, dont la dénonciation avait lancé l’affaire. « L’important c’est qu’on arrive à des aveux véritables sur les faits de viol », a-t-elle ajouté. Il comparaît pour des accusations de viols – des pénétrations digitales – sur cette fillette et sur une nièce dans les années 90 à Loches, ainsi que pour des agressions sexuelles à la même période dans cette commune d’Indre-et-Loire : une autre nièce et une patiente qui n’avait que 4 ans en 1993. Il reconnaît des attouchements du Centre et l’Ouest.
Début des auditions des victimes aujourd’hui
Mis en examen en octobre dans un deuxième volet à Lorient, il est désormais soupçonné de viols et agressions sexuelles commis entre 1986 et 2014 sur 312 victimes majeures et mineures.
Alors que ce volet « hospitalier » se poursuit à Lorient, le procès de Saintes va, lui, se plonger aux origines de l’itinéraire de l’accusé, dans le huis clos familial. Dès les années 90, sa femme qui «savait» selon lui, et sa soeur, qui avait reçu les confidences de ses filles, l’avaient bien questionné sur ses penchants mais le secret n’est jamais sorti du clan. Une chappe de plomb que l’avocate Francesca Satta a de nouveau soulevé au moment de plaider en faveur d’un huis clos partiel pour « briser l’omerta qui a permis ces exactions ». Les avocats des trois autres victimes s’y opposaient, demandant notamment « une stricte intimité » pour permettre à leurs clientes de témoigner « sereinement » alors que « des images épouvantables » vont être évoquées à l’audience, a souligné Me Delphine Driguez, avocate des deux nièces. Pour cette première journée, la cour doit entendre les proches du chirurgien, notamment son épouse, sa soeur, et ses trois fils, avant le début des auditions des victimes aujourd’hui. Depuis le même banc, deux femmes écartées de l’enquête pour prescription, une ancienne voisine et une autre nièce, probable première victime du chirurgien au milieu des années 80, vont pouvoir suivre les débats comme parties civiles, « une reconnaissance symbolique », s’est réjouie leur avocate Nathalie Bucquet. L’avocat de l’accusé Thibaut Kurzawa a promis : «Ilva s’exprimer. »
1. Le prénom a été modifié.
Dimanche, l’offre emploi pour un poste de professeur d’histoire-géo au collège du Boisd’Aulne de ConflansSainte-Honorine n’est pas passée inaperçue : il s’agit du poste qu’occupait Samuel Paty, l’enseignant assassiné le octobre ! Et l’annonce précisait que les
« débutants » étaient acceptés, avec une
« capacité d’adaptation, gestion du stress, sens de la communication ». Depuis l’annonce a été supprimée mais l’émotion est encore vive. « Beaucoup de collègues ont l’impression qu’on se moque de nous. Il y a un manque de considération, de notre professionnalité, et ça, c’est très mal vécu », a confié Frédérique Rollet, secrétaire général du syndicat SNES-SFU à franceinfo.
Sur Twitter, l’académie de Versailles a indiqué que cette parution était «une maladresse » des services et précisé qu’en l’occurrence, Samuel Paty est remplacé par « deux enseignants expérimentés, titulaires et volontaires ».