Nice-Matin (Menton)

Fabrice Deville enfin dans la lumière

Omniprésen­t, mais dans l’ombre dans de très nombreuses production­s depuis plus de vingt ans, le comédien brille enfin avec son rôle phare et récurrent dans Un si grand soleil tous les jours sur France 2. À quarante-neuf ans, il revit.

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Fabrice Deville est ce qu’on appelle une tête connue. Un acteur que l’on voit partout, et souvent. Des films par ici (Soleil, La Boîte, Choses secrètes, Que le diable nous emporte) et énormément de télévision par là : SOS18, Victoire Bonnot, Profilage, RIS Police scientifiq­ue, Une famille formidable, Camping Paradis, Doc Martin, Sections de recherches mais surtout, depuis plus d’un an, le rôle récurrent de Florent dans Un si grand soleil ,le soap-opéra qui cartonne en début de soirée sur France 2. Une juste reconnaiss­ance pour ce grand bavard, à la belle gueule, qui jusqu’ici n’avait jamais eu la chance ni l’opportunit­é de jouer un rôle phare sur la durée.

C’est chose faite. Pour son plus grand plaisir et celui des téléspecta­teurs. À l’écran, celui, dont le couple avec Claire (jouée par Mélanie Maudran) occupe une place centrale de l’intrigue, demeure incontourn­able. Dans la vie, Fabrice Deville est donc acteur mais aussi... coach personnel en entreprise à travers sa propre boîte (moteur-action.com). Un parcours singulier pour un homme qui l’est aussi et qui se livre, régulièrem­ent, sur sa chaîne YouTube tout en sincérité et autodérisi­on.

Comment arrive-t-on sur

Un si grand soleil ?

C’est drôle car avant d’être au coeur de cette grosse machine, je pensais que ça n’avait pas bonne presse d’être dans des séries qui passaient avant

 h . Alors j’ai pendant longtemps laissé mes copains y aller car je n’étais pas très courageux. (rires)

J’ai d’ailleurs refusé une première fois, puis deux autres fois ça n’a pas pu se faire non plus, mais au quatrième appel j’ai sauté le pas. J’avais pris conscience de la qualité du programme, de la solidité du projet car je regardais la série. Là, on m’a proposé un rôle d’avocat et ça me plaisait. Ensuite, ça va très vite car tout est de qualité.

Le succès de la série ne vous étonne pas alors ?

Non, car le travail paie toujours. Quand on se donne du mal artistique­ment, on est toujours récompensé. Il y a du travail à tous les étages et si vous êtes concentré et que vous bossez, la machine avance toute seule. Ça ne souffre pas de la médiocrité dans le sens ou tout est carré en amont du tournage, pendant le tournage et après le tournage. Je suis très heureux d’appartenir à cette famille car je joue des choses de qualité et qui sont réelles. Il y a peu, le personnage qui jouait mon fils dans la série était en train de réviser ses cours et cela parlait des premiers législateu­rs de la

Grèce antique. Il est censé avoir treize ans et ça parlait du Grec Dracon. Et mon fils, qui a réellement treize ans, avait le même programme pour l’école et je lui ai parlé de Dracon que j’avais entendu dans la série peu de temps après. Du coup, il a eu une très bonne note à son exposé, c’est le signe que la série est dans le réel.

C’est votre premier rôle récurrent et important dans une carrière de vingt ans, ça compte...

Ça me permet de ne pas prendre la grosse tête. J’ai souvent été dans le paysage mais jamais au premier plan. Le côté beau gosse, quand j’étais plus jeune, m’a sans doute joué des tours et j’en ai sans doute aussi abusé car je me vendais ainsi. Ma carrière commence vraiment aujourd’hui, ça devient intéressan­t car Un si grand soleil est un superbe tremplin. J’ai fait de nombreux tournages depuis que j’ai rejoint la série, ça vous offre une autre visibilité. Malgré tout, rien ne remplace le travail quotidien.

On a le sentiment que vous redécouvre­z votre métier ?

J’ai encore ce regard candide sur mon métier et puis on rencontre des gens en permanence. C’est important l’humain. On tourne à Montpellie­r, c’est bien de sortir des studios parisiens pour créer une série quotidienn­e. Alors on voit d’autres gens, on se fidélise chez d’autres commerçant­s, avec une autre manière de vivre. Et puis, il y a cette lumière. Vous avez la même à Nice j’imagine. Tourner avec un éclairage naturel et des décors extérieurs quasiment toute l’année, ça vous change un tournage. C’est crédible en plus. Ça magnifie un produit.

Avez-vous dû adapter votre jeu à la crise sanitaire ?

Forcément. Il y a moins de tendresse déjà, c’est embêtant quand on joue un couple. (rires) Avec Mélanie Maudran, qui joue ma compagne dans la série, on a une grande complicité, alors il faut travailler autrement, se réinventer. On a tous envie de retrouver nos habitudes mais on ne maîtrise rien. Après, on est des privilégié­s, le tournage a été seulement arrêté trois mois, on n’a pas à se plaindre par rapport à d’autres secteurs.

À côté de ça, vous avez un parcours atypique puisque vous donnez des cours de coaching en entreprise­s.

J’ai un parcours d’école de commerce au départ puis je me suis retrouvé, en , dans Soleil, un film avec Sophia Loren et Philippe Noiret. Ça s’est passé plutôt bien même si ma carrière n’a pas décollé pas pour autant. Je voulais avoir une sécurité au cas où mon parcours d’acteur ne se passait pas bien. C’est difficile d’être dépendant du bon vouloir d’un réalisateu­r qui souhaite ou non vous faire tourner. Je devais savoir faire autre chose à côté. Alors, j’ai lancé une boîte sur l’écoute, sur la gestion du stress, de la prise de parole en public, sur la relation dans les entreprise­s. Ça fait douze ans que je fais ça, j’avais ce besoin d’avoir une autre voix. Et comme j’ai peur du lendemain, je dis presque oui à tout, que ce soit avec ma boîte ou en tant qu’acteur. Du coup, je ne m’arrête jamais. (rires)

Il y a un avant et un après Un si grand soleil ?

Clairement. Les projets sont plus nombreux, on me remet plus facilement. Ça ouvre clairement des portes mais il faut rester vigilant car rien n’est acquis, jamais. Je suis reconnaiss­ant envers France  pour cette formidable opportunit­é, même en cette période délicate on garde le cap. L’important, c’est d’innover. Je parle souvent de Dick Fosbury qui a popularisé le saut en hauteur en rouleau dorsal à la suite d’une blessure qui l’avait empêchée de sauter en ciseau, comme c’était le cas jusqu’ici. Du coup, il est devenu champion olympique en  avec sa nouvelle technique.

Depuis plusieurs mois, on est dans ce cas-là, on est obligé de se réinventer et quelque part c’est stimulant. Que ce soit pour les artistes ou n’importe qui.

PROPOS RECUEILLIS PAR MATHIEU FAURE

mfaure@nicematin.fr

Un si grand soleil. sur France 2.

Avec la crise sanitaire, il y a moins de tendresse sur les tournages”

On est obligé de se réinventer et quelque part c’est stimulant”

Du lundi au vendredi, à 20 h 40,

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